HALO, LCLA et drones cargo
Par Murielle Delaporte
([email protected]
)

Etant donné la nature du terrain et de la menace, les forces de la coalition présentes en Afghanistan s’avèrent particulièrement inventives au niveau des méthodes d’aérolargage en vigueur ou en cours d’étude :

Préparation de l'avion pour un vol en très haute altitude (http://www.defense.gouv.fr)

Préparation de l'avion pour un vol en très haute altitude (http://www.defense.gouv.fr)

Le LMTGH-OB Depuis 2007, l’armée de l’air et l’armée de terre françaises ont conjointement mis au point un système de parachutage de précision dit largage de matériel très grande hauteur à ouverture basse (LMTGH-OB ou HALO pour “High Altitude Low Opening“). Les Transall C160 effectuent ce type de largage à très haute altitude depuis 2008 pour des charges allant de 500 à 1200 kg, lequel est validé depuis juin 2009 sur C130 Hercule.

‹‹ Le LMTGH-OB est une méthode d’aérolargage de palettes par gravité. A une altitude de 7500 mètres, les colis glissent le long des rails centraux du Transall et basculent depuis la rampe arrière de l’appareil. Après une chute libre de plusieurs milliers de mètres, l’ouverture automatique des parachutes, dans les basses couches (500 m d’altitude), stabilise la charge. Cette ouverture tardive évite aux «colis» de subir les effets du vent. Le niveau de précision à l’atterrissage est alors très performant›› explique le Lieutenant Laetitia Relly.

Le LCLA
C’est aussi sur C130 qu’a été testé en février dernier pour la première fois en zone opérationnelle un système de largage dit “Low Cost Low Altitude“, c’est-à-dire “à faible coût et basse altitude”, et ce, à partir d’une FOB en Afghanistan. Mis au point en 2008 en une période de seize mois, il avait en fait déjà été utilisé par la société Blackwater dès cette époque sur le terrain, mais pas par les forces armées américaines elles-mêmes.

Opérationnel depuis le 1er mars, il a l’avantage d’être très économique en raison de l’utilisation de parachutes jetables beaucoup moins onéreux que les parachutes durables en nylon traditionnels. Il est particulièrement bien adapté aux missions anti-guerilla (dites COIN pour “Counter Insurgency” et D.O. pour “Distributed Operations“) dans le cadre desquelles les unités procèdent par petits groupes dispersés sur un terrain difficile d’accès. Un largage de pièces de rechange, d’eau, voire de munitions (chose que les Français ne font pas avec le LMTGH-OB, de peur que ces dernières ne tombent entre les mains de l’ennemi) peut ainsi être réalisé à la demande pour des petites quantités (jusqu’à quatre containers de 35 à 200 kilos) et avec une grande précision puisqu’effectué à très basse altitude (entre 45 et 100 mètres).
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Aérolargage LCLA à partir d’un C-130H en Afghanistan
(Cliquer en haut des photos pour une légende détaillée)

Crédit photos : Staff Sgt. Angelita Lawrence, U.S. Air Forces Central Public Affairs,
Bagram, Afghanistan, 6 février 2010

K-MAX

K-MAX (www.gizmag.com)

Le drone cargo
Réduire les risques de perte et accroître l’efficacité des largages sont bien entendu les préoccupations premières des autorités militaires, d’où l’idée d’allier le principe du LCLA avec celui du drone : en décembre dernier, le Marine Corps a testé ce concept de ravitaillement dans le cadre d’un exercice de simulation (Mobile Provider ’09) et a conclu – d’après l’un des participants à cet exercice avec lequel SLD s’est entretenu – que le concept n’était pas encore tout-à-fait mûr, mais les industriels y travaillent (Boeing et Lockheed sont en compétition).

cargo-uasConcept de “camion volant” tel qu’envisagé par le Corps des Marines
(source : www.ndia.org)

De fait, des essais viennent d’être menés avec succès – en liaison avec l’armée de terre américaine (en l’occurence avec l'”US Army’s Natick Soldier Research, Development and Engineering Center” pour être précis, ou NSRDEC) par Lockheed Martin et Kaman Aerospace Corporation à partir de la transformation d’un hélicoptère K-MAX en drone pour effectuer quatre largages par sortie à une centaine de mètres d’altitude environ.

L’étape suivante envisagée est d’associer le système JPAD (“Joint Precision Airdrop Systems“) et les drones pour des aérolargages à haute altitude en zones à risques, où des vols en basse altitude s’avèreraient exclus.

Ce type d’aérolargage se prêterait bien à des cas de figures, tels que la livraison sur le terrain d’une pièce de rechange nécessaire de façon urgente, évitant ainsi le déplacement d’un convoi logistique spécialement affecté pour une telle mission de dépannage : il permettrait de libérer des ressources humaines et économiques. Mais il est clair qu’il est peu envisageable pour la livraison de munitions ou autres produits stratégiques, tant qu’il ne bénéficie pas d’une protection contre un tir ennemi.

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Références

France

http://opexnews.over-blog.com/article-35956145.html

http://www.defense.gouv.fr/ema/operations_exterieures/afghanistan/breves_et_photos/08_10_08_afghanistan_largage_a_tres_grande_hauteur_et_ouverture_basse_lmtgh_ob

http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2008/11/afghanistan-un.html

Etats-Unis

http://www.transcom.mil/pa/body.cfm?relnumber=100305

http://www.almc.army.mil/alog/issues/MarApr08/lcla_air_resupply.html

http://www.af.mil/news/story.asp?id=123193192

http://www.afcent.af.mil/news/story.asp?id=123193154

http://www.bagram.afcent.af.mil/shared/media/document/AFD-100306-002.pdf

http://blackblawg.blogspot.com/2008/08/new-video-explains-low-altitude-air.html

http://www.globalsecurity.org/military/systems/aircraft/systems/airdrop.htm

http://www.gizmag.com/unmanned-helicopter-cargo-airdrop/14993/

http://www.ndia.org/Divisions/Divisions/Logistics/Documents/LogMod%20NDIA%2012-03-09.pdf

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*** Posté le 27 mai 2010