Les chiffres totaux des victimes de la Grande Guerre donnent le vertige. Le spectacle des “gueules cassées” impressionne dans les années 1920 et 1930. La question de la “fine blessure” qui permettait d’échapper quelques temps aux rigueurs et aux dangers du front reste toujours débattue. Autant de bonnes raisons pour se procurer cet ouvrage.


?En un peu plus de 100 pages, les deux auteurs parviennent à présenter un panorama (presque) complet du rôle et des nombreuses évolutions du Service de santé des armées pendant la Grande Guerre. Les sévères critiques adressées au SSA au cours des premières semaines et des premiers mois de guerre ne sont pas cachées, mais sont évoquées de façon indirecte, par la présentation de l’organisation de l’époque et de ses limites (sans toutefois développer les problèmes internes de doctrine, d’organisation et d’insuffisance des moyens). Mais, plus largement, toutes les branches et subdivisions de Service sont présentées, des brancardiers de l’extrême-avant aux hôpitaux et centres de convalescence les plus éloignés du front ; de même que les différentes catégories de personnel, de tous grades et de tous statuts. Il faut d’ailleurs observer, à l’attention des amateurs d’uniformologie, que le volume est sur ce plan très complet par le nombre et la diversité des éléments d’uniforme, équipements, mannequins qui figurent au fil des pages. De façon générale, les illustrations sont nombreuses et de qualité, en particulier avec l’apport des riches collections du musée du Service de santé des armées (Val-de-Grâce), hélas trop souvent méconnues.

Comme le précise dans sa préface le médecin général des armées Debonne, citant le sous-secrétaire d’Etat Godart, “les médecins sont les seuls à pouvoir faire bénéficier ceux qui vivront dans la paix de ce qu’ils ont appris dans la guerre”. Et il faut bien reconnaître que dans tous les domaines, de la simple hygiène aux opérations les plus lourdes, de la radiologie aux vaccins et aux questions dentaires, les progrès ont certes été extrêmement importants. Le recours quotidien aux médecins (terme générique) devient ainsi presque un réflexe pour toutes les couches de la société. Quelques pages sont consacrées au soutien médical de l’armée d’Orient (y compris les actions au profit des Serbes), aux infirmières (y compris bénévoles) et aux aumôniers. Pas de contributions directes aux débats sur les sujets difficiles, mais de nombreux chiffres, des encarts, des détails qui constituent autant de renseignements utiles aux différents sujets.

Un livre-album de synthèse, des textes relativement brefs (c’est à la fois un atout et une faiblesse) qui accompagnent une très belle iconographie : voilà un ouvrage qui mérite sans contestation de figurer dans toute bibliothèque de l’amateur de la Première Guerre mondiale, et plus largement des questions militaires.

Auteurs :

  • MARC MORILLON est médecin général inspecteur (2e section). Après un début de carrière comme médecin dans les Troupes de marine, il a servi pendant vingt-quatre ans comme médecin biologiste dans les hôpitaux militaires et à l’Institut Pasteur. Il a été directeur de l’Institut de médecine tropicale du Service de santé des armées du Pharo. Professeur agrégé du Val-de-Grâce, il a participé à la rédaction de plusieurs ouvrages historiques sur le Service de santé et l’histoire militaire.
  • JEAN-FRANÇOIS FALABRÈGUES est chirurgien-dentiste en chef de réserve. Il a participé à trois opérations extérieures et a travaillé au recrutement d’infirmières de réserve. Sa collection a permis d’illustrer des articles et des ouvrages sur les uniformes de l’armée française de la IIIe République.

Bernard Giovanangeli Editeur, 2014, 159 pages, 35 euros.

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Source : Guerres & Conflits

*** Mis en ligne par Stéphane Gaudin