Crédits photos © DDay-Overlord.com

Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, a prononcé ce matin un discours à l’occasion d’une cérémonie commémorative des français parachutés en amont du Débarquement Allié. Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, 18 soldats français ont ainsi été parachutés en Bretagne pour préparer les opérations liées au Débarquement. Intégrés au Special Air Service, ces français qui avaient regagné l’Angleterre au début de la seconde guerre mondiale ont joué un rôle crucial pour le bon déroulement de l’opération Overlord. Au total, 178 français ont ainsi combattu en France dans les rangs des SAS jusqu’au 6 août 1944. 

Le discours du ministre de la Défense :

Monsieur le préfet,
Monsieur le maire,
Mon général,
Officiers, sous-officiers, soldats, Mesdames et Messieurs,

Il y a soixante-dix ans, ici même, dans ce qui était pour quelques mois encore la grande nuit de l’Occupation, quelques hommes, des Français libres, comptaient parmi les premiers libérateurs de la France. Depuis Plumelec en effet, avec les résistants de Bretagne et de France, avec les soldats alliés parachutés auprès d’eux, ils allaient jouer le premier acte de la Libération. Soixante-dix ans après, leur geste héroïque reste comme le symbole du Débarquement qui a commencé à travers eux.

Nous sommes le 5 juin de l’année 1944. Il est onze heures et demie. Dans une nuit épaisse, 18 Français libres du Special Air Service s’apprêtent à prendre pied sur le sol de France. Répartis en deux groupes, sous le commandement du lieutenant MARIENNE et du lieutenant DEPLANTE, ils sont parachutés au-dessus des landes de Lanvaux, à quelques kilomètres d’ici. Leur objectif : rejoindre les Forces françaises de l’intérieur, les maquisards bretons, afin de constituer une base apte à réceptionner des hommes et du matériel.

Mais c’est compter sans le brouillard et le vent, qui entravent dramatiquement leurs plans. Le stick du lieutenant MARIENNE, dévié de sa trajectoire, tombe ici, à Plumelec, à 800 mètres du moulin de la Grée. C’est là que les Allemands ont installé leur poste d’observation, d’où ils repèrent sans mal les parachutistes français. Trois d’entre eux, les radios, sont constitués prisonniers. Le caporal Émile BOUËTARD, blessé au combat, est achevé par l’ennemi, conformément aux ordres qu’avait donné Hitler. Il est alors minuit quarante. À 29 ans, ce jeune Breton, originaire des Côtes-d’Armor, est le premier homme à mourir pour le Débarquement, sur ce site d’Halliguen qui porte depuis lors sa mémoire.

Mais les parachutistes ne se laissent pas abattre. Armés de leur courage, et de l’idée qu’ils se font de la France, ils parviennent à rejoindre les maquisards du maquis de Saint-Marcel, où ils établissent la base DINGSON. Jusqu’au 18 juin, 160 autres Français libres du 4ème SAS y seront parachutés. Parmi eux, le futur colonel Pierre- Louis BOURGOIN, qui est leur commandant.

Le 18 juin, le maquis est attaqué. L’assaut, puis la répression des Allemands font plusieurs dizaines de victimes. Ce n’est pas encore la fin des épreuves : le 12 juillet 1944, informée par un traître, une troupe allemande massacre seize combattants français et trois civils à Kérihuel, tout près d’ici. Parmi les morts, le capitaine MARIENNE, mieux connu désormais sous son surnom de « lion de Saint-Michel ». Il avait été promu sur le champ de bataille, après s’être illustré dans les combats du 18 juin.

Sur 178 SAS français engagés dans les combats entre le 5 juin et le 6 août 1944, jour de la libération du secteur, 77 ont trouvé la mort. Alors que nous rendons aujourd’hui un hommage solennel à ces hommes qui ont accompli le sacrifice ultime pour rendre la France à la France, nous mesurons la valeur d’un engagement qui va plus loin que la libération d’un territoire. Le combat de ces hommes, c’est un combat universel, un combat pour la liberté, contre l’intolérance et l’injustice, qui nous honore autant qu’il nous oblige. A leur égard, nous avons une dette inestimable.

Aujourd’hui, alors que nous nous recueillons dans le souvenir du caporal BOUËTARD et de ses camarades tombés au combat, nous n’oublions pas non plus les civils, qui ont aussi été victimes de la barbarie nazie. Dans ces combats qui ensanglantèrent Plumelec et ses environs, deux mois durant, plus de quarante Méléciens laissèrent leur vie. Les Bretons, comme les Normands et bien d’autres Français, ont payé un prix très lourd pour permettre la Libération. C’est aussi leur souvenir que nous commémorons aujourd’hui.

Plumelec, qui était d’ailleurs chère au général de Gaulle, garde donc la Libération au cœur. Soixante-dix ans après, que ce soit par le geste héroïque des premiers SAS parachutés ou par le sacrifice de nombreux civils à l’échelle du territoire mélécien, votre commune reste le symbole des retrouvailles de la France avec elle-même dans ces heures tragiques. Car au-delà de ces 178 parachutistes, qui ont repris pied ici dans leur patrie après quatre ans d’exil, c’était – ici aussi – des dizaines d’hommes et de femmes qui sont sortis de l’ombre, en ces jours décisifs, pour prendre part au grand combat de la Libération.

Aujourd’hui, avec la flamme des combats qui ne s’éteignent pas, nous leur rendons l’hommage d’une Nation qui n’oublie pas, soixante-dix ans après, tout ce qu’elle leur doit.