Par Nathan Juglard – Depuis la création d’Internet, les États-Unis ont acquis une influence croissante dans le domaine du cyberespace. Les conséquences de l’affaire Snowden ont néanmoins offert aux puissances émergentes l’occasion de faire entendre leur voix dans ce domaine.

L’hégémonie américaine au coeur du débat
En 2011, les États-Unis ont énuméré leurs propres « normes de comportement » dans le cyberespace au premier rang desquelles figurent la sécurité, la liberté d’expression et le minimum de contrôle de la part d’institutions supranationales. Cette position s’explique par les capacités de surveillance et d’intervention accrues dont ils disposent. Washington affiche dès lors une ferme réticence à l’idée d’encadrer le comportement des États dans le cyberespace. Dans ce domaine, les États-Unis contestent l’application du droit international car l’absence de normes contraignantes ne peut que conforter leur hégémonie technologique et militaire.
De profondes dissensions demeurent donc quant à la gouvernance du cyberespace. En avril 2015, les BRICS ont lancé un appel pour une démocratisation accrue de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), qui prône notamment plus de transparence et une réforme radicale du processus décisionnel. L’autorité régulatrice du Web est en effet suspectée d’entretenir des liens étroits avec le gouvernement américain.

Une fragmentation du Net
Entre démocratie et « rideau de fer numérique », chaque État semble suivre sa propre voie idéologique. Les nations occidentales prétendent, au nom des valeurs démocratiques, assurer la sécurité des systèmes sans contrôler le contenu. Les lois sur le renseignement soulèvent néanmoins d’importants débats. D’autres modèles de gouvernance cherchent au contraire à renforcer leurs prérogatives nationales à des fins de contrôle. Sous le nom de « Bouclier doré », les autorités chinoises ont institué un système verrouillé, dont les passages vers l’Internet mondial sont restreints et surveillés.
En 2006, une résolution soutenue par la Russie devant l’Assemblée générale de l’ONU appelle au désarmement du cyberespace en transposant le droit de la guerre conventionnelle au domaine électronique. Elle a obtenu l’approbation de 177 pays et une unique opposition de la part des États-Unis. Les cyberattaques effectuées par la Russie à l’encontre de l’Estonie en 2007 et de la Géorgie en 2008 révèlent néanmoins le caractère peu contraignant de cette résolution.
Le Brésil se positionne comme le champion du multilatéralisme et comme le partisan d’une troisième voie. Brasilia est en effet plus ouvert à une gestion mutualisée par un organisme multilatéral sous l’égide de l’ONU. (…)

 

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