OPS – Ce n’est que dans quelques semaines que le groupe DCI annoncera officiellement ses résultats, mais le bilan de ces dernières années s’avère positif avec le doublement des prises de commandes en cinq ans : ces dernières sont en effet passées de 120 millions à 240 millions d’Euros entre 2010 et 2015 et, avec 480 contrats fermes, « les carnets de commande actuels s’échelonnent sur dix-huit mois », annonçait le Président-Directeur Général du groupe, Jean-Michel Palagos, le mois dernier lors d’une conférence de presse. Même si la société pâtit comme d’autres de la baisse des prix du pétrole affectant certains de ses clients majeurs (les pays du Golfe comptent pour 60% des activités à l’exportation), l’effet de glissement ne devrait être que conjoncturel, tandis que la tendance vers une augmentation de la « demande de France » se confirme.

DCI boosté par la demande du « label armées françaises »

Pour Jean-Michel Palagos et Julia Maris, Directrice Générale  Adjointe, cette demande accrue de transfert du savoir-faire militaire français est liée d’une part à l’« effet Mali, qui a agi comme un coup de projecteur sur les capacités françaises considérées à l’international parmi les Top 3 », et d’autre part par l’évolution intérieure de certains pays (tels que la Colombie dont « le Chef d’état-major souhaiterait faire évoluer l’armée d’un modèle de contre-guérilla vers une défense plus classique » – , le Pérou ou encore le Chili) et de la demande de prestations.

Ces prestations sont de trois ordres :

  • Entraînement et formation (avec par exemple une promotion annuelle de 450 Cadets)
  • Maintien en condition opérationnelle de niveau NTi1 (par exemple sur Puma et Gazelle)
  • Activités opérationnelles spécialisées (par exemple la formation des plongeurs-démineurs ou des forces spéciales en montagne)

L’offre capacitaire de DCI diffère des industriels en ce sens qu’elle se positionne sur les aspects tactiques et opérationnels, et non techniques. C’est ainsi qu’en lien avec DCNS, la formation à la mer de deux équipages de 180 personnels s’apprête à commencer sur le BPC acquis par l’Egypte.

DCI met donc à disposition de la coopération extérieure des moyens en effectifs et en infrastructures permettant aux militaires français, particulièrement sollicités en ce moment notamment avec Sentinelle, de se concentrer sur leur cœur de métier. « DCI est un relai naturel, car rien n’est fait qui ne soit validé par l’armée française. Qu’il s’agisse de la formation d’un artilleur ou d’un pilote, le taux de réussite et d’exigence est le même pour un élève étranger que pour un élève français », souligne Jean-Michel Palagos.

 

Un travail « en miroir avec les armées »

Le groupe s’efforce ainsi de travailler « en miroir avec les armées » à un double-niveau :

  • en coordonnant une politique de recrutement, s’étant parfois avérée anarchique ou concurrentielle par le passé : « nous travaillons en relation étroite avec les ressources humaines de chaque armée, de façon à identifier les viviers existants et anticiper les besoins, ce qui peut inclure une interdiction de recrutement dans certains secteurs », explique Julia Maris. DCI, dont 10 à 15% des effectifs sont des militaires détachés, permet ainsi d’« éponger les surchauffes » dans certains domaines, voire de se substituer aux militaires en cas de disparition de certaines compétences encore nécessaires à l’export. C’est le cas par exemple de la formation et re-certification des sous-mariniers Scorpène en Malaisie ;
  • en faisant évoluer son offre en fonction du savoir-faire des armées :
    1. qu’il s’agisse de savoir-faire existants pour lesquels une demande à l’export n’arrive pas à être satisfaite : c’est le cas en particulier des soutiens pétrolier et santé et la raison pour laquelle tant le Service des essences des armées que le Service de santé des armées viennent de signer un partenariat (respectivement en 2015 et 2016) avec DCI pour son offre de conseil, formation et assistance. Les domaines NRBC, sauvetage au combat, épidémiologie, ou encore organisation et logistique santé font notamment partie des demandes actuelles à l’export en matière de soutien santé ;
    2. ou qu’il s’agisse de savoir-faire en gestation, par exemple dans les domaines ISR, cyber, ou encore de la formation des pilotes de drones.

Cette détermination à être résolument tournée vers les opérations et la préparation de l’avenir s’est traduite par la création depuis le 1er janvier dernier de deux nouvelles divisions au sein de DCI : une division chargée de la coordination des opérations en vue d’une plus grande cohérence interarmées (par exemple dans le domaine de la formation des pilotes et mécaniciens hélicoptère) et une division de l’innovation cherchant à fomenter une culture transverse de «start up interne », véritable incubateur d’activité. Une activité donc croissante soutenue par des effectifs également en croissance, puisque passés de 700 à 1000 au cours de ces deux dernières années, au sein d’une société classée cette année parmi les 500 meilleurs employeurs français par le magazine Capital et l’institut d’études Statista…

*** Crédit photo : SIDM Harfang, DCI
Un centre d’excellence drones a été créé à de Salon-de-provence en 2014 sur la base d’un partenariat entre DCI et le CED, DCI ayant en charge le transfert du savoir-faire auprès des pays amis.