Par Jean-Marc Tanguy – C’est un fragment anodin d’une phrase prononcée hier par Jean-Yves Le Drian, lors de sa visite de l’usine Safran de Fougères qui a révélé que l’industriel travaille sur une nouvelle étape de sa famille d’armement air-sol modulaires (AASM), baptisé “AASM évolution”. Du bout des lèvres, l’industriel a pour sa part reconnu qu’il s’agissait de spécifier différemment les kits de guidage et kits d’augmentation de portée qui font d’une simple bombe de 250 kg une arme redoutable, afin d’en réduire les coûts.

Si l’AASM n’a pas manqué de cibles depuis ses premiers tirs en Afghanistan, puis en Libye (225 armes tirées), au Mali et dans la zone irako-syrienne ( le ministre a parlé d’un “élement essentiel de notre action au Levant” (…) : je ne sépare pas le Rafale de la capacité de frappe qu’apporte l’AASM”(…) atteindre six objectifs dans la profondeur à partir d’un seul avion ; cela ne s’est jamais fait”), le produit souffre par contre d’un fort différentiel de prix avec la concurrence, notamment américaine.

Conçu pour le Rafale, il s’est aussi vendu sur Mirage F1 au Maroc, et Safran a tenté, avec MBDA, son partenaire à l’export, de le qualifier sur F-16, le chasseur le plus vendu au monde.
A ce stade, on ignore encore quelles parties de l’arme vont évoluer. J-Y Le Drian, lui, a par contre été un peu plus précis dans les résultats des commandes françaises, en estimant que l’effectif de l’établissement, qui fabrique les cartes électroniques pour tout le groupe Safran, devrait voir ses effectifs passer allègrement de 710 actuels aux 850 que l’industriel pensait pouvoir atteindre, si la France passait de belles commandes d’AASM.
Sans livrer de chiffres contractuels, le ministre de la défense et président du Conseil Régional de Bretagne a même estimé que ce niveau d’effectifs était “à court terme un effectif plancher”, logique, si l’on considère les commandes exports de Rafale qui peuvent encore être engrangées.
Un total renversement de perspectives : jusqu’alors, les commandes françaises d’AASM avaient été réduites, dans le cadre des économies menées sur le budget de la défense

Photo© AASM et GBU-12 sur des chariots à bombes, au début de l’opération Serval, en février 2013, JM Tanguy