Les déclinaisons possibles de la défense nationale française de demain : quelques propositions de présidentiables (4)

I. Les défenseurs d’un changement de paradigme et le retour à une armée de conscription: Marine Le Pen, la défense comme outil d’un souverainisme nationaliste

Historiquement, le Font National a toujours été soucieux de s’afficher comme étant concerné au plus près par les questions de défense. Ceci étant dû pour une bonne part à l’histoire personnelle de celui qui fut son président durant plusieurs décennies : Jean-Marie Le Pen. Ce dernier fut en effet officier parachutiste durant les guerres d’Indochine et d’Algérie.

Marine Le Pen, aujourd’hui en charge de la conduite de la campagne présidentielle du parti créé par son père, a une vision éminemment souverainiste et nationaliste de notre politique de défense. Favorable elle aussi au retour d’un service national militaire et obligatoire d’une durée de trois mois  pour tous les jeunes gens de 18 ans, elle conçoit ce dernier comme un outil d’assimilation et d’union pour la jeunesse de notre pays. Il s’agit donc de responsabiliser chaque jeune français quant à ses devoirs de jeune citoyen et de faire de l’armée un creuset d’intégration à l’échelle nationale. Les obligations des jeunes conscrits se prolongeraient à l’issue de leur période de formation, chaque jeune Français serait alors affecté au sein d’une unité de la garde nationale.

Ayant à cœur de renforcer le poids de l’armée comme outil de puissance politique et diplomatique, l’ambition affichée du Front National est de faire repasser l’effort de défense au-dessus des 2% du PIB. Cette annonce s’accompagne d’une campagne de dénonciation du laxisme sécuritaire que notre pays connaîtrait et auquel nous pouvons remédier selon la candidate du Front National. En effet, pour MLP l’Etat ne se donne plus les moyens de sa sécurité et ne lutte pas efficacement contre le terrorisme islamique qui le menace. Hormis le retour d’un service national militaire, MLP préconise un effort d’importance concernant les moyens de surveillance et de répression judiciaire vis-à-vis de toutes les personnes fichées « S ». Concernant les armées stricto sensu, faut-il y voir une préférence due à son prénom ou la présence d’un officier amiral (2S) au niveau de ses plus proches conseillers,  les moyens dévolus à la Marine nationale sont l’objet de toutes les attentions de MLP. Plus sérieusement, cette dernière déplore, dans le contexte de montée en puissance des marines asiatiques et au vu de l’importance de nos zones économiques exclusives et des enjeux de puissance et de développement qui y sont associés[1], le manque de moyens de la Marine française, d’où l’idée de la création notamment d’un second groupe aéronaval (GAN). Enfin et à l’instar de JLM, MLP préconise une sortie de l’OTAN et de repenser le jeu de nos alliances stratégiques notamment avec Moscou. Dans le projet politique du Front National l’armée est aussi un vecteur de sens fort ayant une mission sociale et sécuritaire collective de premier ordre [2].

 

Photo © Frank Pennant/AFP via Getty Images,  telle que reprise dans >>> www.politico.eu

 


 

Notes

[1] Sur ce point nous renvoyons le lecteur à notre article : La tentation du grand large, Opérationnels, numéro, 31/32 hiver 2016.

[2] www.marine2017.fr