Le 6 avril 1917 les Etats-Unis d’Amérique entrent en guerre contre l’Allemagne après presque trois années de neutralité. Las des provocations répétées par l’Allemagne du Kaiser, Woodrow Wilson entraîne son pays dans la Première Guerre mondiale au grand soulagement de la Triple Entente et de la France en particulier.

Les raisons de l’entrée en guerre

Si Wilson a réussi à entraîner les Etats-Unis dans la Grande Guerre il le doit pour une bonne part à la guerre sous-marine à outrance menée par les Allemands. En effet, alors que le torpillage du Lusitania par les allemands avait déjà bien entamé le capital de confiance entre les deux nations, la stratégie menée par la marine allemande encourage l’intensification du torpillage des navires par les U-boat. Derrière un discours d’apaisement de façade, la volonté du haut commandement allemand est clair : intensifier la guerre sous-marine ceci notamment afin de limiter l’arrivée de denrées vers le Royaume-Uni et d’user la résistance des français et des anglais dans la guerre.

S’ajoute à cet état de fait l’interception du télégramme Zimmermann dans lequel le secrétaire d’état aux affaires étrangères d’Allemagne indique à l’ambassadeur d’Allemagne au Mexique la nécessité de s’allier à ce dernier pays en échange du soutien de l’Allemagne pour que le Mexique retrouve les territoires perdus du Texas, de l’Arizona et du Nouveau-Mexique. Fort de cette révélation, la coupe est pleine pour Wilson qui décide de rendre public ce fameux télégramme afin de convaincre la population américaine et le Congrès de la nécessité de rentrer en Guerre contre l’Allemagne.

Quelle armée pour les Etats-Unis ?

Quand les Etats-Unis s’engagent dans la Première Guerre mondiale ils ne sont pas encore dotés de la première armée du monde. En effet, quand le premier contingent de troupes débarque au début de l’été 1917, les américains ne pèsent pas bien lourds dans la balance. Ce sera grâce à la mise en place de la conscription le 18 mai 1917 que ces derniers se doteront d’une armée forte de plusieurs millions d’hommes tant est si bien qu’à la fin de la Grande Guerre, il y aura plus de 4 millions d’hommes dans l’armée américaine dont plus de la moitié seront présents sur le sol européen. Au total, 112 475 américains perdront la vie sur les champs de batailles du front Occidental.

« La Fayette nous voilà »

Le renfort de l’armée américaine a joué un rôle déterminant sur le moral des troupes alliées car chacun savait qu’avec un tel contingent d’hommes en réserve le prolongement de la guerre ne pouvait être que favorable aux forces de la Triple Entente. Les faits d’armes de Château-Thierry et surtout de Saint-Mihiel où les soldats américains ont mené de décisives offensives feront aussi comprendre au commandement allemand qu’il n’y avait plus d’espoir de l’emporter pour la Triple Alliance une fois les Etats-Unis d’Amérique engagées dans la Première Guerre mondiale.

C’est sous le commandement du général Pershing, à qui l’on attribue faussement la célèbre citation « La Fayette nous voilà »[1], que l’armée américaine mènera de notables batailles en terre de France rappelant en cela l’intervention de La Fayette durant la Guerre d’indépendance des Etats-Unis de 1776.

Le corps expéditionnaire que commanda Pershing et qui resta indépendant sauf durant la période critique de mars 1918 occupa plus de 21% de la ligne de front occidental et c’est dans les rangs de cette armée que naquit les légendes de l’armée américaine que furent des hommes tels que l’as « Eddie » Rickenbacker[2] et que les généraux Patton et Mac Arthur firent leurs premières armes.

L’escadrille N 124 « La Fayette »

Un des symboles les plus marquants de l’alliance franco-américaine durant la Grande Guerre s’incarna dans la création de l’escadrille N 124 qui deviendra l’escadrille La Fayette et qui verra le jour, précision tout sauf anodine, avant l’entrée en guerre officielle des Etats-Unis. C’est pourquoi, afin de ne pas tomber dans l’illégalité et perdre leur nationalité, les américains désireux de ne pas rester dans la neutralité feront le choix de s’engager notamment dans la Légion étrangère servant ainsi une unité et non un pays et pouvant ainsi rejoindre les rangs des ailes françaises. En tout, 38 pilotes américains serviront au sein du « La Fayette » historiquement basé à Luxeuil-les-Bains ce qui ne l’empêchera pas d’être transféré onze fois entre 1916 et 1918 toujours au plus près de la ligne front. L’engagement volontaire de jeunes américains au cœur d’un conflit qui ne les concernait pas au premier chef a de quoi susciter la réflexion et l’admiration et rappelle à une forme de générosité et d’abnégation qu’il est bon de se remémorer en ces temps troublés qui secouent à la fois notre pays et l’Europe toute entière.

[1] Mots prononcés par le Lieutenant-colonel américain Charles Stanton sur la tombe du Marquis de La Fayette, au cimetière Picpus à Paris, le 4 juillet 1917.

[2] Ce dernier ne servit pas au sein de l’escadrille La Fayette.

Photo telle que reproduite sur : http://www.ibov.org/2015/eddie-rickenbacker-was-a-race-car-driver-world-war-i-ace-and-medal-of-honor-recipient/