Par Clara Tanialian – Le rapport appelle à la mise en place à l’échelle française et européenne d’une stratégie industrielle et militaire des drones .

Désormais utilisés par près de 80 pays, les drones militaires ont connu au cours des quinze dernières années un essor tel qu’ils constituent aujourd’hui un élément indispensable pour les armées. Si ces aéronefs pilotés à distance demeurent complémentaires plutôt que substituables aux autres moyens de surveillance, leur capacité de renseignement en a tout de même fait une ressource clef dans la guerre de l’information.

Dans un rapport sénatorial qui analyse les enjeux des drones dans les forces armées, les auteurs regrettent que la France ait manqué en 2013 un « tournant décisif » en optant pour l’acquisition de drones américains. Qualifiée d’« échec » par les rapporteurs, cette décision non-souveraine ne semble pourtant pas irrémédiable. Les drones restent en effet un secteur d’avenir: le marché mondial devrait atteindre 14 milliards de dollars par an d’ici à 2025, soit 10 milliards de dollars de plus qu’en 2015.

Pour réduire ce déficit d’autonomie stratégique de nos armées, le rapport appelle donc à la « valorisation de la filière ‘drones’ » tant au niveau industriel que juridique. A la clé : une meilleure utilisation des drones par les forces de sécurité intérieure, la constitution d’une filière européenne et surtout, l’ouverture d’un débat pour balayer les confusions juridiques et éthiques que soulève l’armement des drones. Une telle mesure s’avère désormais incontournable tant elle s’inscrit dans une logique d’optimisation de l’aviation de combat et d’efficacité de nos forces armées.

Si les rapporteurs se montrent particulièrement favorables au projet européen de production du drone « moyenne altitude longue endurance » (MALE), ils préconisent également l’évolution technologique des drones « haute altitude longue endurance » (HALE), des drones tactiques (SDT) et de combat, ainsi que d’autres mini et nano drones. Aux enjeux de souveraineté s’ajoutent des enjeux stratégiques et opérationnels évidents. Les drones MALE permettent par exemple une présence permanente et discrète sur le terrain, alors que leur armement pourrait minimiser la durée qui sépare le repérage de cibles dissimulées et leur neutralisation.

Compte tenu de la place centrale que les drones ont vocation à occuper, le rapport souligne la nécessité d’une impulsion politique forte qui engage la mise à disposition au sein des forces armées de moyens complémentaires de formation, de renseignement et d’entraînement. En effet, la « montée en puissance » des drones ne saurait aboutir sans une acculturation à tous les échelons des forces engagées. (…)

Lire le rapport >>>> http://www.senat.fr/rap/r16-559/r16-559_mono.html

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