Le front italien est l’un des grands inconnus de la Première Guerre mondiale. Les combats qui y ont eu lieu ont portant été d’une rare intensité et menés dans des conditions extrêmes. L’Italie engagea plus d’un million d’hommes dans la Première Guerre mondiale et le fleuve Isonzo fut le témoin de 12 offensives dont celle de la fameuse bataille de Caporetto.

Lors de cette dernière, engagée le 23 octobre 1917, 35 divisions des empires centraux firent face à 41 divisions italiennes. Cette bataille fut remportée par l’Allemagne notamment via l’apport décisif qu’apporta l’usage intensif de tactiques d’infiltration d’infanterie menées par les Sturmtruppen ou troupes d’assaut. Ces tactiques d’infiltration furent inventées et promues par le général Oskar Von Hutier qui, à bien des égards, peut-être considéré comme l’un des pères fondateur de la doctrine d’emploi des forces spéciales. Caporetto révéla aussi un autre stratège d’envergure à savoir celui qui n’était à l’époque que le capitaine Erwin Rommel. En effet, Rommel marquera de son empreinte la bataille de Caporetto. Il ne lui faudra que quelques jours pour percer les lignes italiennes qui tomberont les unes après les autres emportées par l’élan et la motivation cumulée à la puissance de feu de ses troupes d’assaut. Cumulant donc audace tactique et rapidité d’exécution dans la manœuvre, les troupes de Rommel déborderont les troupes italiennes sans rencontrer de véritable résistance tant ces dernières seront vite désorientées par les assauts furtifs et puissants des Sturmtruppen. Le génie tactique associé à la motivation des troupes d’élites allemandes ont vite raison d’une armée italienne prisonnière de ses habitudes et engluée dans une bérézina morale depuis le début de l’année 1917. Rommel à la tête du Württembergisches Gebirgsbataillon composé de trois compagnies de chasseurs et d’une compagnie de mitrailleuses fera pas moins de 9 000 prisonniers ce dernier allant même jusqu’à capturer une brigade entière retranchée dans la ville de Salerne !

Caporetto symbolise la déroute des armées italiennes durant la Première Guerre mondiale. Dans la débâcle qui suit cette dernière, 300 000 hommes seront faits prisonniers et plus de 3 000 pièces d’artillerie prises.

La bataille de Caporetto aura de nombreuses conséquences tant du côté allemand que du côté des alliés. Côté allemand, le haut commandement sortira de cette victoire conforté dans le fait que les Sturmtruppen constituent un acteur majeur pour la victoire d’où leur emploi massif sur tous les fronts dans les dernières offensives allemandes de la fin 1917 et de 1918. Par ailleurs, Erwin Rommel n’oubliera pas de tirer les leçons tactiques héritées de ces jeunes années de combat lorsque 20 ans plus tard, devenu maréchal de la Wehrmacht, le « Renard du désert » deviendra le stratège le plus respecté, car le plus inventif et le plus innovant, de l’armée allemande.

Côté alliés et surtout italien, Caporetto appellera un sursaut qui viendra notamment lors des batailles de la Piave et de Vittorio Veneto. La postérité de Caporetto fut aussi politique car le souvenir traumatique de cette défaite fut abondamment utilisé par les fascistes italiens qui usèrent de ce symbole pour manipuler le sentiment patriotique au sein de la population en créant un esprit de mobilisation permanente.

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