Photoreportage par le Lieutenant-Colonel (R) Pascal Podlaziewiez –  Durant la mi-novembre et sur quinze jours se déroulait au nord de Montauban (82) l’exercice FALCON AMARANTE 18.

Cet exercice majeur pour la 11ème brigade parachutiste a regroupé plus de 2 300 parachutistes français, britanniques et américains.  Il avait pour but de poursuivre la montée en puissance de la A-CJEF (Airborne Combined Joint Expeditionary Force –  Corps expéditionnaire mixte combiné aéroporté), dont la mise en œuvre a été décidée en 2010 dans le cadre du traité de Lancaster House. Depuis 2011, la 11e brigade parachutiste conduit annuellement un exercice aéroporté avec la 16th Air Assault Brigade (UK) dans ce cadre. Les deux brigades d’alerte permanente du Royaume-Uni et de la France forment ainsi désormais l’A-CJE.  “Falcon Amarante” constitue un véritable catalyseur du renforcement de l’interopérabilité des forces armées à tous les niveaux.

Se déroulant cette année en France, l’état-major binational de l’A-CJEF est composé à 70% d’éléments français. La 11e BP et la 16th Air Assault Brigade britannique, engagaient chacune un GTIA. Elles furent renforcées par la 173ème  brigade aéroportée américaine (173rd ABCT /Airborne Combat team173rd ) basée en Italie. Durant cet exercice il s’agissait également de favoriser l’émergence d’une véritable « culture opérationnelle » au sein des troupes (connaissance mutuelle des équipements, des procédures, du fonctionnement, de la langue et de l’environnement) avec pour objectif une compréhension fine et réciproque du pays allié, en vue de futurs engagements en commun. L’état d’esprit, les liens puissants et historiques unissant les paras britanniques et français constituent un facteur clé du succès de l’A-CJEF, interopérable et prête sans délai à s’engager n’importe où dans le monde.

Basé sur un thème « classique », l’exercice avait pour but de conquérir une plateforme aéroportuaire, puis de la sécuriser afin de permettre le déploiement par posés d’assaut d’une force plus importante, si la situation tactique le permettait et d’élargir sa zone d’action en menant une reconnaissance offensive, neutralisant l’ennemi sur l’ensemble du territoire. La projection par voie aérienne de la force de réaction rapide de troupes aéroportées QRF TAP se faisait depuis le pôle national des opérations aéroportées (PNOAP) situé à Toulouse. Dès que la supériorité aérienne serait acquise, la QRF TAP regroupée sur le PNOAP, serait parachutée avec son matériel sur la zone d’opérations de l’exercice (Camp de Caylus) par le groupement de transport opérationnel (GTO).

Pour la partie aérienne, cet exercice aura permis la qualification et la préparation opérationnelle des équipages tactiques du transport aérien militaire notamment dans leur savoir-faire les plus exigeants. La brigade aérienne d’appui de projection (BAAP- armée de l’Air) déployait pour l’occasion un C160, un C130 H et un Casa avec leurs équipages. Cette gamme variée d’avions de transport tactique (ATT), aux performances différentes, permet une grande flexibilité dans l’organisation de la projection des forces. Grâce à ses ATT, l’armée de l’Air est un acteur incontournable de la projection des forces au profit de l’ensemble des armées. Ils sont considérés comme le seul moyen utilisable pour acheminer rapidement les unités de premier échelon vers leur zone d’opération, à plusieurs milliers de kilomètres.

Pour la première fois cette année le général commandant la A-CJEF avait directement sous ses ordres « 5 pions » :

  • un GTIA français composé en grande partie par le 3ème RPIMa de Carcassonne, renforcé par des éléments des unités de la brigade,
  • un GTIA britannique du 3 PARA UK,
  • un GTIA américain du 503ème INF US,
  • le GAM (groupement aéromobile) fourni par le 5ème RHC (régiment d’hélicoptères de combat de Pau),
  • mais aussi un DETLOG (détachement logistique) commandé par le chef de corps du 515ème régiment du train.

 

 

LE DEFI LOG OU DE LA NECESSITE D’ANTICIPER

La logistique de ce type d’exercice constitue de fait un véritable enjeu cette année en raison du volume des participants, des nationalités et des moyens très important déployés tant en hommes qu’en véhicules. Même si il est vrai que la logistique reste une responsabilité nationale, il s’avère que dans ce type d’opération, il est nécessaire d’interopérabiliser le soutien «  jusqu’au possible ». Seules durant cet exercice les parties « munitions » et « maintien en condition opérationnelle » restèrent nationales. En effet il est impossible d’assurer des réparations de véhicules étrangers du fait des rechanges (pièces), en dehors des évacuations.

Pour la première fois en exercice binational, le soutien en « eau en vrac » a été concrétisé grâce à l’appui du 14ème RISLP (régiment d’infanterie de soutien logistique parachutiste). Une nouveauté qui a démontré une capacité « nouvelle » de soutien de l’homme au plus près et surtout avec des conditions sanitaires « sans faille ». Le principe est d’approvisionner l’ensemble de la force, soit 2000 hommes au quotidien, au plus près de la zone d’engagement en eau d’alimentation, mais aussi sanitaire et pour des besoins NRBC avec un ratio de 10 litres par homme et par jour soit environ 20 000 litres jour. Cette eau devant être consommable, un process de contrôle est impératif. Il s’agit pour les hommes du 14 RISLP d’assurer des analyses à chaque « changement de contenant ». La première analyse se faisant sur la source d’alimentation avant de remplir les citernes de transport. Le seconde avant de « dépoter » cette eau dans les vecteurs des unités (citernes 1500, bacs souples, jerrycans…). Une analyse supplémentaire peut être aussi réalisée avant l’utilisation par les parachutistes. La traçabilité de cette eau est enregistrée.

Pour l’ensemble du soutien logistique, le J4 de la BP assurait durant cet exercice la planification, le suivi, la mise en œuvre des moyens pour la force déployée tant en nourriture, qu’en carburant, en soutien santé qu’en eau comme évoqué ci-dessus. C’est le soutien de plus de 2000 hommes et femmes, 150 véhicules français et 100 véhicules britanniques sur lequel le J4 veillait. Concernant les opérations aéroportées, le J4 n’a pas « la main dessus ». En effet après avoir exprimé ses besoins et les effets à obtenir, c’est le bureau J3/3D qui, en liaison avec le PNOAP par l’intermédiaire du 1er RTP (régiment du train parachutiste) et la BAAP, assurait ce suivi logistique.

Environ 230 paras français, 150 britannique et 60 américains ont été parachutés sur la dropzone de Caylus. Grâce aux techniques de la livraison par air, ont aussi été mis au sol des colis d’accompagnement (munitions, vivres, eau), ainsi que la structure du PC G08 de la brigade française, 4 VBL du hussard parachutiste, deux mortiers de 120mm et leur véhicule de traction, des quads anglais et leurs remorques, mais aussi du fret, les pièces de défense sol-air Mistral, etc.

Au niveau du GTIA français,  le S4 du 3ème RPIMa avait la charge du soutien des unités. Après avoir regroupé dès la montée en puissance de l’exercice l’ensemble des moyens sur Carcassonne, il a fallu gérer l’acheminement « voie routière » de 3 colonnes de véhicules vers la zone de déploiement, soit plus de 115 véhicules (VBL, camions, blindés,…) nécessaire soit à la remotorisation des éléments parachutés, soit en aux renforts de la QRF, soit pour le soutien et le commandement.

Pour l’exercice le GTIA a par ailleurs bénéficié d’un renfort d’une section du régiment médical pour le soutien « santé ». Durant tout l’exercice les 70 « logisticiens du 3 » ont donc assuré le soutien RAV-MEC-SAN du GTIA en liaison permanente avec le J4 de la brigade. Au quotidien il a fallu alimenter en eau et en vivres les parachutistes, compléter les unités en munitions d’exercice, pourvoir aux besoins en carburants des véhicules et assurer le soutien santé au contact, sans parler des interventions techniques de dépannage et de réparation sur les véhicules qu’elles soient « exercice-fictif » ou « réelles ». Cela dans des délais toujours contraints et souvent au plus près des engagements.

En 2019, lors de l’exercice SWIFT RESPONSE qui aura lieu en Bulgarie, l’état-major de l’A-CJEF sera sous commandement britannique avec l’engagement d’un GTIA de la 11e BP. La CJEF est déjà disponible pour conduire des missions pouvant aller jusqu’aux opérations d’imposition de la paix et atteindra sa pleine capacité opérationnelle à l’horizon 2020.

 

Focus sur les participants

 

==> La 11e brigade parachutiste (11e BP) est une unité d’élite de l’armée de Terre française, à dominante infanterie, composée de troupes aéroportées et spécialisée dans le combat aéroporté et l’assaut par air. Sa vocation prioritaire est la projection dans l’urgence afin de fournir une première réponse à une situation de crise. Les unités sont toutes implantées dans le sud-ouest de la France (Tarbes, Pamiers, Castres, Carcassonne, Montauban, Toulouse, Pau et Caylus) excepté le 2e REP qui est stationné à Calvi en Corse.

Pour l’exercice:  un GTIA avec le commandement du 3ème RPIMA ainsi que 2 compagnies de combat et 1 TC2,  1 escadron de recherche et d’investigation du 1er RHP, 1 compagnie génie du 17ème  RGP, 1 section mortier, 1 section sol air et des multicapteurs  du 35ème RAP , les GCP (groupes commandos parachutistes) de la brigade

==> La 16th air assault brigade (AAP) est une formation de l’armée britannique basée à Colchester, dans le comté d’Essex. Il s’agit de la seule brigade de l’armée britannique capable de mener des opérations de manœuvre aérienne, d’assaut aérien et aéroporté.

En tant que formation d’intervention rapide de l’armée britannique, la 16th a été à l’avant-garde de tous les récents déploiements opérationnels de l’armée britannique : en Sierra Leone, en Macédoine, en Irak et en Afghanistan. Elle est la plus grande brigade de l’armée britannique et compte 8 000 militaires.

Pour l’exercice : 3 compagnies de combat, 1 compagnie d’appui, 1 compagnie génie, 1 détachement multicapteur et 1 TC2

==> La 173rd airborne combat team, aussi appelée « Sky Soldier », est la seule brigade aéroportée distincte de l’armée américaine, basée à Vincenza en Italie. Elle est actuellement composée de 3 300 soldats répartis dans sept bataillons subordonnés.

Force de réaction rapide de l’armée américaine en Europe, elle a dans le passé été engagée lors de la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre du Vietnam. Depuis 2000, la 173rd airborne brigade a effectué cinq missions au Moyen-Orient pour appuyer la guerre contre le terrorisme.

Pour l’exercice : 3 compagnies de combat, 1 compagnie d’appui, 1 compagnie génie, et 1 TC2

 

RENFORTS

=> 1er RTP GAMAT

=> 1 sous groupement aéromobile du 5ème RHC

=> 1 détachement NRBC du 2ème RD

=>1 DETLOG (515ème RT, 3ème  RMAT, RMED, section protection du 24ème  RI

 => BAAP- brigade aérienne d’appui de projection

=> FORAD (force adversaire)

=> Etat-major tactique

=> 1 compagnie du 8ème RPIMa

=>1 compagnie du 3ème RPIMa