(5) DÉFENSE AMÉRICAINE: OPINION

  • Michèle Flournoy: La défense américaine risque-t-elle de perdre son avantage? Comment réformer le Pentagone à l’aube d’une nouvelle ère de compétition

America’s Military Risks Losing Its Edge-How to Transform the Pentagon for a Competitive Era

Source: foreign affairs- cnas

Abstract

After almost a decade, U.S. defense officials have deemed the return of great-power competition to be the most consequential challenge to U.S. national security. In 2012, during the Obama administration, the Defense Department announced that “U.S. forces will no longer be sized to conduct large-scale, prolonged stability operations,” such as those in Afghanistan and Iraq, marking a sharp departure from the United States’ post-9/11 defense strategy. In 2016, Secretary of Defense Ashton Carter highlighted a “return to great-power of competition.” And in 2018, the Trump administration’s National Defense Strategy crystallized this shift: “Inter-state strategic competition, not terrorism, is now the primary concern in U.S. national security,” it declared, with a particular focus on China as the pacing threat.
Yet despite such a widespread and bipartisan acknowledgment of the challenge, the U.S. military has changed far too little to meet it. Although strategy has shifted at a high level, much about the way the Pentagon operates continues to reflect business as usual, which is inadequate to meet the growing threats posed by a rising China and a revisionist Russia. That disconnect is evident in everything from the military’s ongoing struggle to reorient its concepts of operations (that is, how it would actually fight in the future) to its training, technology acquisition, talent management, and overseas posture. Some important steps have been taken to foster defense innovation, but bureaucratic inertia has prevented new capabilities and practices from being adopted with speed and at scale.
The Biden administration has inherited a U.S. military at an inflection point. The Pentagon’s own war games reportedly show that current force plans would leave the military unable to deter and defeat Chinese aggression in the future. The Defense Department’s leadership, accordingly, must take much bigger and bolder steps to maintain the United States’ military and technological edge over great-power competitors. Otherwise, the U.S. military risks losing that edge within a decade, with profound and unsettling implications for the United States, for its allies and partners, and for the world. At stake is the United States’ ability to deter coercion, aggression, and even war in the coming decades.

Synthèse en français

Après près d’une décennie, les responsables américains de la défense ont déclaré que le retour de la compétition entre grandes puissances représentait le défi le plus conséquent à la sécurité nationale des États-Unis. En 2012, sous l’administration Obama, le département de la Défense a annoncé que « les forces américaines ne seront plus calibrées pour mener des opérations de stabilité à grande échelle », comme celles d’Afghanistan et d’Irak, marquant un départ par rapport à la stratégie de défense des États-Unis post-11 septembre. En 2016, le secrétaire à la Défense Ashton Carter a souligné un « retour à la compétition entre grande puissance ». Et en 2018, la stratégie de défense nationale de l’administration Trump a cristallisé ce changement : « La concurrence stratégique inter-état, et non le terrorisme, est aujourd’hui la principale préoccupation de la sécurité nationale des États-Unis », se concentrant particulièrement sur la Chine en tant que menace principale.
L’administration Biden a hérité d’un département de défense américain à un tournant décisif. Les propres simulations de guerre du Pentagone montreraient que la planification actuelle produirait une armée incapable de dissuader et de vaincre décisivement une agression chinoise potentielle. Les dirigeants du département de la Défense doivent donc prendre des mesures beaucoup plus audacieuses pour maintenir l’avantage militaire et technologique des États-Unis par rapport à leurs concurrents. Dans le cas contraire et d’ici une décennie, l’armée américaine risque de perdre cet avantage, avec des implications profondes pour les États-Unis, leurs alliés et partenaires, et pour le monde. L’enjeu est la capacité des États-Unis à maintenir une capacité dissuasive pour contrer la coercition adverse et éviter une escalade vers la guerre dans les décennies à venir.
La façon dont le Pentagone fonctionne continue de refléter les habitudes acquises ces dernières décennies, ce qui est insuffisant pour faire face aux menaces croissantes posées par une Chine ambitieuse et une Russie cherchant à restaurer agressivement  sa place dans l’histoire. Cette déconnexion est évidente sur la totalité du spectre des fonctions des forces armées américaines : de la redéfinition de sa doctrine d’emploi de force et la réorientation de ses concepts d’opération, ainsi que l’adaptation de la formation, l’acquisition de technologie, la gestion des ressources humaines, et sa posture à l’étranger. Certaines mesures importantes ont été prises pour favoriser l’innovation en matière de défense, mais l’inertie bureaucratique a empêché l’adoption rapide et à grande échelle des nouvelles capacités nécessaires.

Lien URL

https://www.foreignaffairs.com/articles/united-states/2021-04-20/flournoy-americas-military-risks-losing-its-edge
https://www.cnas.org/people/mich%C3%A8le-flournoy

Photo ©cnas.org as published in www.cnas.org,Ibid