(Propos recueillis par Murielle Delaporte) – Entretien avec le Lieutenant de vaisseau Martial M., adjoint au Commandant de la Flotille 21F
Le Lieutenant de vaisseau Martial sert actuellement sur Atlantique 2 (ATL2) au sein de la Flotille 21F, colocalisée depuis 2011 avec la 23F sur le site de Lan Bihoué pour dans le cadre de la mutualisation des moyens. Il nous explique la réforme en cours affectant une partie de la flotte des avions de patrouille maritime.
Capitaine, en quoi consiste le passage actuel de l’ATL2 au « Standard 6 » ?
Il s’agit d’une remise à niveau du standard de l’avion nécessaire en raison de l’évolution des cibles et des technologies. Si la rénovation de la partie pilotage (glass cockpit, FMS, etc) est en cours depuis huit ans maintenant, le passage au standard 6, qui va débuter cet été, va permettre de remettre au goût du jour les systèmes tactiques d’armes embarqués à bord de quinze à dix-huit aéronefs sur les vingt-huit acquis au fil des années [1]. Dotés notamment de nouveaux radars et systèmes acoustiques, ainsi que d’une interface homme-système « IHS », les ATL2 rénovés vont gagner en efficacité et bénéficier d’un allongement de potentiel jusqu’à l’horizon 2030-2035.
En quoi l’évolution des missions, lesquelles comportent depuis Harmattan une partie aéroterrestre croissante, a-t-elle affecté le choix des systèmes ?
Nous n’intégrons pas les mêmes systèmes pour mener à bien une mission d’observation, recueil de renseignement et frappe aérienne sur mer ou sur terre et nous avons pris des éléments optionnels (cartographie par exemple). Nous faisons effectivement davantage d’aéroterrestre depuis l’opération en Lybie, ce qui nous a permis d’enchaîner directement sur serval, le Sahel et maintenant sur l’Irak et la Syrie. Opérer au-dessus du sol implique d’autres méthodes de travail, mais, dans les régions où nous sommes actuellement déployés, la terre étant un « océan de sable », nous appliquons les mêmes tactiques qu’au-dessus de l’eau. La même synergie acquise au sein des équipages au fil des années de mission de lutte anti-sous-marine se retrouve au final dans les missions actuelles.
Si la menace est tout aussi pernicieuse dans un contexte aéroterrestre ou aéronaval, le risque sol-air induit des tactiques de vol bien-sûr différentes et l’aéronef n’est pas utilisé aéronautiquement parlant de la même façon dans les deux cas de figure.
La rénovation système, en nous apportant une plus grande fluidité et efficacité, va par ailleurs induire une révision des schémas tactiques.
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[1] Le premier ATL1 a été livré à la Flotille 21F à Nîmes en 1965 et le premier ATL2 en 1991 à la 23F à Lann Bihoué. Le dernier ATL2 a été livré en 1998. Seuls les Italiens utilisent encore actuellement deux ATL1.
Crédit photos >> M. Delaporte, BAN de Lann Bihoué, mai 2016
- photo 2: désalage d’un ATL2
- photo 1: un ATL2 devant son hangar de maintenance