Par Romain Petit – Article à paraître dans notre prochain numéro – Depuis l’avènement au pouvoir du premier ministre Narendra Modi et la mise en œuvre de sa politique ultranationaliste hindoue, l’Inde s’éloigne de plus en plus du sécularisme si cher à Gandhi et fait apparaître au grand jour une volonté d’affirmation de la force que peine de plus en plus à masquer le soft power indien. Grand émergent asiatique avec la Chine, l’Inde affirme donc sa puissance à l’échelle régionale au sein de l’Océan Indien et ne cache plus ses ambitions mondiales.
En passe de devenir le pays le plus peuplé du monde d’ici 2050, l’Inde est en 2023 la cinquième puissance économique mondiale deux places devant la France et juste derrière l’Allemagne. Géant de la production pharmaceutique, ainsi que dans le domaine des biotechnologies et de l’informatique, l’Inde demeure un pays très inégalitaire et a été profondément meurtri par la crise du COVID 19, dont le bilan humain a été volontairement faussé par New Delhi, ce qui en fait encore un géant aux pieds d’argiles.
En concurrence désormais ouverte avec la Chine, l’Inde multiplie les alliances en mettant en pratique sa théorie géostratégique des trois cercles et en continuant de faire valoir son statut traditionnel de non-aligné. Acteur majeur de la zone Indopacifique, rien ne se fera sans l’Inde dans cette région et l’importance accrue de cette dernière bouleverse d’ores et déjà l’architecture de sécurité régionale tout en imposant un nouveau multilatéralisme dans cette région, nouveau pivot géostratégique mondial.
