De l’ordonnance du 7 janvier 1959 au Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN) de 2008
De 1959 jusqu’aux années 1990, la défense nationale a reposé sur les trois piliers que sont : l’indépendance nationale, la dissuasion et la conscription. Le Livre blanc de 1972, a surtout été conçu comme un préambule à la nécessaire adaptation du statut général des militaires notamment sous la pression des années post 68 et des comités de soldats. Entre 1989 et 2001, l’environnement géopolitique internationale sera avant tout marqué par la fin de la guerre froide, la recherche des dividendes de la paix, l’illusion de la fin de l’Histoire, le souci de faire l’Europe de la défense sans défaire l’OTAN et la montée en puissance des opérations extérieures (Guerre du Golfe, Balkans). C’est ce changement de paradigme que commencera d’acter le Livre blanc de 1994 qui parlera d’un passage de la défense nationale à la défense et que résumera la formule : de la défense des frontières à la défense sans frontières.
L’idée qu’il n’y a plus de frontières aux menaces entérinera définitivement le concept de garde au Rhin et conduira le pouvoir exécutif à promulguer le retour à une armée de métier composée de professionnels avec l’annonce présidentielle de 1995 de suspendre le service national qui débouchera sur le vote de la loi de 1997 et à la suspension effective du service national en 2001.
Avec les années 2000, c’est une nouvelle répartition stratégique qui voit le jour entre dissuasion, projection et protection, mais aussi l’apparition d’un nouveau besoin d’anticipation notamment dû au retour en force de la menace terroriste. Sur les théâtres d’opération, les militaires se retrouvent à devoir mener des missions à la fois militaires, mais aussi humanitaires et de reconstruction, ce qui replonge pour partie l’armée professionnelle face à des enjeux qui furent ceux de l’armée coloniale (“gagner les cœurs et les esprits”, convertir les populations…).
L’évolution du cadre d’emploi des forces armées ne s’arrête pas là avec l’affirmation de la notion de crise qui est moins connotée que celle de guerre et plus globale (sécuritaire et financier).
On passe ainsi de l’indépendance nationale à l’autonomie stratégique au sein de systèmes d’alliance. C’est dans ce contexte que s’affirme la transition qui va nous faire passer du concept de la défense nationale à celui de sécurité nationale. Le ministère de la défense va alors entrer dans un cycle de réforme quasi-permanente, le tout sous tension budgétaire constante et avec une contraction du temps qui va se matérialiser par deux Livres blancs entre l’espace de cinq ans (2008 et 2013) et une Revue stratégique en 2017.