Nos missions sont au nombre de quatre :
- Assurer le soutien NTI2 et une partie du NTI1 des véhicules et environnement que les FOB ne peuvent pas faire pour toutes les forces basées en Afghanistan, ainsi que celui du BATLOG pour les NTI1 et NTI2 : tout est centralisé sur Kaboul et nous avons un détachement NTI2 sur Surobi [Tora] et un sur Nijrab ; il nous arrive de délocaliser nos mécaniciens pour intervenir au plus près des forces. Deux équipes de deux sont détachées sur les FOB.
- Armer les convois du BATLOG en éléments de dépannage. Nous avons un élément léger à savoir une équipe sur VAB ELI (élément léger d’intervention : un VAB peut tirer un autre VAB), qui permet de faire des dépannages succincts et rapides avec les véhicules blindés, et un élément lourd, c’est-à-dire un TRM 10 000 CLD (camion lourd de dépannage) qui permet de faire des manoeuvres de force permettant de sortir d’un fossé ou d’un ravin. Nous avons trois CLD sur le théâtre, ce qui est suffisant à l’heure actuelle, même si nous avons de multiples pannes. Huit personnels de la maintenance, tous mécaniciens avec des certifications particulières telles que celles requises pour un équipement comme le TRM 10 000, sont dédiés à cette mission (quatre par élément). Sur un convoi, nous procédons à une visite avant départ de chaque véhicule pour s’assurer qu’il est en état de fonctionnement, ce qui limite le nombre de pannes sur les trajets. Une panne sur un convoi peut être extrêmement dommageable et c’est pourquoi nous avons toujours ces deux éléments de dépannage, un léger et un lourd. Nous devons parfois dégager un véhicule d’une zone dangereuse ou le tracter ; en cas d’impossibilité de ramener un véhicule, nous déclenchons une QRF (Quick Reaction Force) infanterie, qui vient alors sécuriser la zone pour sortir le véhicule. Nous ne laissons jamais de matériel derrière nous.
- Assurer le dépannage en QRF une heure pour la zone du Grand Kaboul avec déplacement de l’un ou l’autre élément en fonction de la panne et du type de véhicule et le ramener dans nos ateliers à Warehouse.
- Le SGMAT est aussi le point d’entrée et de sortie unique de tout ce qui est matériel et pièces de rechange, une mission assurée par la section approvisionnement.
Notre organisation
Nous sommes au total cent vingt-etun personnels répartis comme suit :
– La section commandement : elle compte sept personnels.
– La SRM (Section Réparation Mobilité) : elle comprend la moitié des effectifs avec soixante et une personnes ; elle s’occupe de la partie châssis et moteurs de tous les véhicules (donc du véhicule en fait) et est organisée en divers ateliers : atelier VAB (véhicules de l’avant blindé), atelier VL/PL (véhicules légers/poids lourds), atelier VBCI (véhicules blindés de combat d’infanterie), atelier du génie, station-service, position administrative P5 (réserve opérationnelle de véhicules prêts à partir au combat) et P7 (en attente de tri ou de départ pour la France).
– La SAP (Section d’APprovisionnement) : elle se divise en trois cellules : la première s’occupe des relations entre les commandes faites par les ateliers et la France en centralisant les besoins ; la seconde s’occupe de la partie réception-expédition pour accueillir les pièces et les réexpédier en intra-théâtre ou vers la France. La dernière cellule assure la gestion du matériel complet, à savoir leur traçabilité, en comptabilisant tous les véhicules théâtre et leur environnement.
– La SMT (Section MultiTechniques) qui compte vingt et un personnels, à savoir des techniciens hautement qualifiés chargés de l’entretien de tout l’environnement des véhicules : l’armement, les transmissions, les brouilleurs, l’électronique. Il y a treize ateliers avec des spécialités au sein de chaque atelier. Par exemple pour l’armement, on trouve l’AGC (armement gros calibre, c’est-à-dire canons du Caesar, de l’AMX10 RC et du VBCI), l’APC (armement petit calibre qui traite des armements personnels jusqu’au 12/7) ; on trouve également des micro-ateliers pour les systèmes informatiques type PC durci, ou encore des ateliers optiques pour le système Félin, les radars, les liaisons satellitaires, système ATLAS de localisation de tir d’artillerie. C’est la première fois que le système Félin est déployé en OPEX (le second mandat commence avec le 16e BC) et les outillages se mettent en place peu à peu. Toutes ces spécialités sont toutes différentes et très techniques et nécessitent une formation en amont pointue avant la projection en plus de la formation de base généraliste de mécanicien. Les personnels peuvent avoir plusieurs compétences, mais si on s’est spécialisé dans l’AGC, on restera toute sa vie dans l’AGC.
«Sur un convoi, nous procédons à une visite avant départ de chaque véhicule pour s’assurer qu’il est en état de fonctionnement, ce qui limite le nombre de pannes sur les trajets. Une panne sur un convoi peut être extrêmement dommageable et c’est pourquoi nous avons toujours ces deux éléments de dépannage, un léger et un lourd.»
L’organisation des ateliers de maintenance en OPEX est la même partout – nous avons besoin de la SAP pour faire fonctionner la SMT et la SRM –, mais variera bien entendu en fonction du type d’armement utilisé et donc du type de spécialistes requis. En métropole les compagnies vont se différencier par leur spécialité – RCM, approvisionnement, électroniqu de défense – et regroupent tous les spécialistes. En OPEX, le SGMAT va donc être constitué de spécialistes de ces compagnies en fonction des besoins de soutien des forces sur un théâtre donné. On retrouve la même modularité que dans les unités de combat. Nous avons tous les spécialistes nécessaires, car si un matériel arrive, il faut que les maintenanciers puissent en assurer le bon fonctionnement. Nous avons des spécialistes VBCI, des spécialistes Caesar, etc.
L’art du convoi
«Un convoi est un ensemble de véhicules : des véhicules d’escorte (des VAB), des véhicules logistiques – à savoir des camions avec des containers participant au ravitaillement des FOB, des citernes, des porte-engins blindés qui parfois emmènent des véhicules sur les FOB (nous en avons trois sur le terrain) -, le véhicule sanitaire. Nous essayons d’emprunter les axes principaux qui sont les seuls goudronnés pour moins abimer le matériel. Il faut éviter par ailleurs que le convoi ne comporte trop de véhicules, car cela représente plusieurs kilomètres de long à protéger. Il faut aussi un ratio minimum entre nombre de véhicules à protéger et véhicules d’escorte (1 pour 2 ou 3 généralement). Au sein du BATLOG, on ne trouve que des VAB pour assurer la protection. On ajoute aussi des éléments d’autonomie (maintenance). L’autonomie ici n’est pas un souci majeur par rapport à d’autres théâtres (comme la Bosnie par exemple), car les élongations sont courtes, mais le trajet peut durer une vingtaine d’heures. Nous essayons de le faire en une journée afin de ne pas mobiliser les moyens de protection terrestres et aériens. »
Notre fonctionnement
Notre ratio est de un maintenancier pour sept combattants, ce qui est le plus faible de tous les théâtres. La moyenne est de trois pour un en principe. La charge de travail est soutenue avec des journées d’un minimum de neuf heures et des missions dépassant le cadre des horaires classiques. Au niveau charge de travail, nous nous organisons en fonction des réparations, et en période plus calme, nous en profitons pour faire des grandes révisions et le travail de fond permettant de les remettre à niveau. En cas de surcharge de travail, nous faisons ce qu’il y a à faire pour que le matériel puisse repartir au plus vite. Nous sommes bien dimensionnés pour un rythme stabilisé, soutenu et régulier, et tout le monde a du travail. La réserve opérationnelle nous permet de faire tourner les matériels : pour les VAB communs, nous disposons de plusieurs véhicules de réserve, pour les microparcs, nous n’en avons qu’un. Nous évitons en fait d’en avoir de trop, car ce n’est pas utile et cela représente également du travail de maintenance supplémentaire. Avec la réduction des effectifs sur le théâtre, notre format a diminué aussi depuis 2011. Nos infrastructures sont bonnes avec des bâtiments adaptés, mais en termes de place, cela commence à être juste. Le SGMAT va faire partie de l’effet majeur du désengagement, la SAP notamment. Nous disposons de ce que l’on appelle le “parc attente”, une zone où les véhicules arrivent des FOB et des COP ; nous faisons un point comptable par type de matériel ; puis nous démontons l’environnement du véhicule (brouilleurs, trans ; SLAT ; etc) de façon à ce qu’il reparte à nu quel que soit l’itinéraire de retour vers la France (la raison étant à la fois le risque de vol sur le chemin de retour, l’incertitude sur ce qui restera éventuellement sur place et la possibilité d’engorgement sur la ZRA de Miramas si le tri devait être réalisé à l’arrivée). Démonter un véhicule prend quatre heures. Tous les éléments d’environnement repartent en TC20, chaque matériel ayant sa destination propre afin d’être reconditionné et redistribué aux régiments en ayant besoin en France. Nous prévoyons pour l’instant de tout rapatrier et nous ferons partie des derniers à partir : les premiers à arriver, les derniers à partir, les dépanneurs en particulier, forcément…
«Nous ferons partie des derniers à quitter le théâtre… »
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