(source: Orient XXI, Amaury Gillier)
L’organisation de l’État islamique est en voie de perdre les dernières villes qu’elle contrôle, notamment Raqqa, sa « capitale ». Pour se maintenir durant ces quelques années, l’OEI a su utiliser des cadres formés sous le régime de Saddam Hussein aux méthodes et aux techniques de contrôle des populations. C’est cet acquis et ce savoir-faire qui lui ont permis de créer une illusion d’unification de son territoire.
La reprise de Mossoul et la bataille de Raqqa constituent deux étapes importantes dans le combat contre l’organisation de l’État islamique (OEI). La perte de sa capitale, en plus de la ville où symboliquement, le califat a été proclamé, constituerait une défaite sérieuse tant l’administration de territoires constitue pour l’OEI une condition sine qua non de sa pérennité. En effet, comme le soulignait l’analyste Charles Lister en janvier 2016, l’enracinement de l’OEI dans les territoires sous son contrôle est peu profond, ce qui explique qu’elle se doit de conserver l’initiative sur le plan militaire et assurer un système de gouvernance efficace pour survivre. Son comportement à l’égard des civils, utilisés comme boucliers humains tant à Mossoul qu’à Raqqa, ne plaide pas en faveur d’un ralliement massif à sa cause de la population arabe sunnite des territoires sous son contrôle, atomisée et divisée.
Les civils sunnites qui vivaient en bonne intelligence avec leurs voisins d’autres confessions ne se sont pas radicalisés en un jour après la prise de contrôle par l’OEI. Ils ont probablement, pour la grande majorité d’entre eux, suivi l’organisation parce qu’ils n’avaient pas la possibilité de s’y opposer et parce que leur situation ne pouvait de toute façon pas être pire que sous la tutelle de l’Etat central irakien, perçu comme hostile et corrompu. À ce propos, un habitant de Mossoul indiquait au Guardian en juin 2015 que l’OEI, en dépit de toute sa brutalité, était « plus honnête et clémente que le gouvernement chiite de Bagdad et ses milices ».
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