Le 26 mars 1918, Ferdinand Foch est nommé commandant en chef du front de l’Ouest avec le titre de généralissime.
Prévu au départ pour être placé à la tête d’une mission de coordination des armées alliées sur le front de l’Ouest, Foch va rapidement se retrouver généralissime d’un véritable commandement interallié.
Préféré à Pétain, jugé trop raisonnable, Foch « le fou » comme le surnommera « le Tigre » sera jusqu’à la fin de la Grande Guerre et notamment lors des assauts de mai et de juillet de l’offensive Ludendorff soutenu par Clemenceau devant les députés qui réclamèrent son départ.
En fait, le choix de Foch ne fut pas le plus évident mais le général avait fait une impression favorable au gouvernement une fois nommé chef d’état-major général, poste de réflexion indépendante dans lequel Foch put faire éclater tout son génie de stratège et son habileté diplomatique. Par ailleurs, il rejoignait Clémenceau par certains traits dominants de sa personnalité dont la combativité et l’opiniâtreté, ceci malgré leurs opinions divergentes concernant leurs convictions religieuses et spirituelles.
Fort de son expérience de commandant de la IX armée durant la bataille de la Marne en 1914, Foch, grand lecteur et commentateur de Clausewitz, partisan de l’offensive à outrance, saura tirer les leçons des 4 années de guerre et penser une grande stratégie intégratrice des forces placées sous son commandement et dirigées respectivement par Pétain, Haig et Pershing. Ses leçons seront érigées en principes parmi lesquels on peut retenir les plus célèbres : conserver l’initiative ou liberté d’action c’est-à-dire la capacité d’agir ; savoir faire preuve d’économie des moyens autrement dit affecter « raisonnablement » les forces, savoir les concentrer au plus juste et conserver aussi des forces de réserve, faire preuve de sûreté ; la guerre à outrance étant une guerre d’usure. Les événements de l’été 1918 lui donnèrent raison, le front de l’Ouest finissant par céder côté allemand par usure du moral tant du front que de l’arrière ainsi que par le manque de ravitaillement et l’extrême fatigue des soldats.
Les différences et différends entre Foch et Clemenceau ne se feront jour qu’une fois l’armistice signé, Foch étant, pour sa part, un farouche défenseur de l’option diplomatique tendant à repousser les frontières de la France tout le long du Rhin pour contenir l’Allemagne au plus loin de Paris. Menaçant de reprendre la guerre devant les hésitations de l’Allemagne à signer le traité de Versailles, Foch considérera que la France n’avait pas gagné la paix mais « un armistice de 20 ans »…
Illustration telle que reproduite sur le site: https://fr.wikipedia.org/wiki/Chaire_de_litt%C3%A9rature_fran%C3%A7aise_Mar%C3%A9chal_Foch