Erich Ludendorff[1] fut général en chef de l’armée allemande de 1916 à 1918. Il dirigea l’offensive du Printemps qui s’échelonna du 21 mars au 18 juillet 1918 durant la Grande Guerre. Cette dernière qui finira par porter le nom du général fait référence à une série d’attaques qui eurent lieu sur le front occidental. Ces opérations avaient pour noms : Michael, Georgette, Gneisenau et Blücher-Yorck. Michael constitua la principale offensive, les autres faisant office de « leurres », et avait pour objectif de percer les lignes britanniques de la Somme à la Manche.

L’offensive de la dernière chance

47 divisions furent déployées dans le cadre de l’opération Michael destiné à prendre à revers les positions arrière britanniques tout en contenant les unités françaises plus au sud. Offensive massive laissant davantage la part belle à l’initiative via la mise en œuvre d’une nouvelle tactique d’infiltration par petits groupes après un bref mais intense bombardement d’artillerie, 6 200 canons feront feu simultanément durant plus de 5 heures, Michael verra le déferlement de 200 000 soldats allemands organisés sous la forme de troupes d’assaut sur les lignes alliés qui seront rapidement débordées. Le résultat fut spectaculaire pour l’armée allemande car cette dernière put progresser de plus de 50 kilomètres au sein des lignes alliées suite à cette offensive. Ludendorff ne réussit pas néanmoins son pari tout occupé qu’il fut à concentrer ses réserves sur la poche de résistance que constitua Arras. Ainsi, lorsque le 28 mars il tenta sa percée en direction de Paris, il était déjà trop tard car Foch, tout fraichement nommé généralissime, eut le temps de renforcer les positions françaises sur la Somme ce qui mit un coup d’arrêt à Michael le 9 avril dans la région de Montdidier.

Cette tentative sera suivie de trois autres pour briser le front : Georgette quatrième bataille d’Ypres qui permit aux allemands de reprendre Passendale mais n’offrit pas d’autres résultats notables; la bataille de l’Aisne (Blücher-York) qui permettra la reprise du chemin des dames et de plusieurs ponts sans permettre, là encore, de percée décisive grâce aux renforts américains qui permettront à l’armée française de stopper les allemands sur la Marne et la bataille du Matz (Gneisenau) qui échouera après une percée de 8 kilomètres.

La seconde bataille de la Marne

Alors que fin mai 1918, l’armée allemande n’est qu’à 80 kilomètres de Paris, Foch décide de mener sa contre-offensive à partir de fin mai à l’aide de troupes françaises, marocaines et américaines ainsi que l’appui de centaines de chars. Après d’âpres combats qui ont pour effet de contenir les attaques allemandes, les divisions alliées vont réussir progressivement à reprendre l’initiative jusqu’à rompre le front allemand lors de la journée du 8 août 1918, jour noir de l’armée allemande qui marquera son irréversible déclin jusqu’à la fin des hostilités. C’est que les alliés auront beaucoup appris depuis la bataille de Cambrai de 1917 et notamment dans le domaine de l’interopérabilité. Ainsi, lors des contre offensives de juin, juillet et août 1918, les tanks seront utilisés en masse et en coordination avec l’artillerie, l’infanterie et les forces aériennes, dès lors, l’armée allemande subira une pression continue qui finit de briser le moral de ses troupes.

Le début de la fin

Adolf Hitler expliqua la défaite allemande et l’échec de l’offensive Ludendorff via une cause unique : l’armée allemande aurait été victime des traîtres de l’intérieur. De fait, il n’en fut rien. Si l’offensive Ludendorff échoua c’est que malgré le renfort de troupes rapatriées depuis le front de l’Est, l’armée allemande était à bout et que les pertes humaines occasionnées par l’offensive du printemps eurent sur elle des conséquences définitives. L’appauvrissement en hommes, l’usure de la guerre et la démoralisation grandissante des troupes, la rupture des liaisons logistiques, l’absence de renouvellement de matériel permettant d’endiguer le flux de tanks alliés et l’effondrement de l’arrière eurent raison des dernières réserves de l’armée allemande.

En ce sens, et ceci malgré sa puissance et ses relatifs succès, l’offensive Ludendorff fut le préambule de l’effondrement de l’armée allemande et l’échec de son concepteur qui sous estima complétement les ressources nécessaires pour parvenir à ses fins. En effet, mène si les allemands avaient réussi à fondre sur Paris ils n’auraient jamais pu endiguer le flot humain et matériel en possession des alliés dès mars 1918. C’est pourquoi l’offensive Ludendorff ne fut finalement qu’une tentative vouée à l’échec dès sa conception. Renverser le destin des armes réclamait désormais la combinaison de nouveaux vecteurs qui allaient faire la différence durant la fin du conflit à savoir la combinaison gagnante des éléments suivants : modernisation du matériel, interopérabilité et interarmisation accrue et enfin déploiement du conflit à l’échelle industrielle à tous niveaux aussi bien humains que matériels. L’offensive Ludendorff ne fut en fait pour l’armée allemande que le « début de la fin » pour reprendre le célèbre mot de Talleyrand.

[1] Après la guerre, Ludendorff soutint activement le mouvement national-socialiste avant de finir par s’opposer à Adolf Hitler et de se détourner de la politique pour créer un mouvement néo païen.

Illustration telle que reproduite sur le site: https://www.history.com/topics/world-war-i/ludendorff-offensive