Conséquence directe de la bataille de Verdun (1916), la France compte aujourd’hui 6 communes inhabitées. Ces villages « morts pour la France » sont tous situés dans ce que l’on nomme la « zone rouge ». La zone rouge est une étendue de quelques 120 000 hectares où en raison des corps de soldats encore enfouis, des dégâts physiques majeurs sur l’environnement ainsi que des milliers de munitions non explosées durant la Première Guerre mondiale, très peu de choses ont été reconstruites.

Le traitement de la zone rouge continue même si les ravages de la guerre sont infiniment moins perceptibles aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a 100 ans. Ledit traitement a notamment nécessité de procéder à l’enlèvement, lorsque cela était possible, des milliers de cadavres et de restes humains qui furent transférés dans les cimetières avoisinant, à la nécropole nationale de Bevaux ou à l’ossuaire de Douaumont. Il aura fallu aussi traiter les cadavres d’animaux qui auront pour conséquence de polluer les nappes phréatiques et enfin, pratiquer le désobusage.

Véritable champ lunaire à l’armistice, la zone rouge est à cette époque une terre de désolation semblable aux visions d’apocalypse peintes par Otto Dix.

Face à cette catastrophe globale, il a été décrété en 1919 que les villages morts pour la France situés au sein de la zone rouge seraient administrés par un maire et un conseil municipal composé de 3 personnes (maire, adjoint, conseiller) afin de continuer de faire vivre ces derniers dans la mémoire collective.

Le maire de chacun de ces villages est nommé par décision du préfet de la Meuse et leur mission consiste avant tout à s’occuper de l’entretien de ce qui reste de leur village, de faire vivre et connaître leur mémoire et prendre soin du monument aux morts érigé sur chacun de ces sites. En d’autres termes, de faire vivre et d’incarner le devoir de mémoire qui est ici aussi devoir d’histoire au travers de ce que l’on nomme aujourd’hui le tourisme de mémoire ou les villages-mémoire.

Ces villages martyrs sont au nombre de 6 (9 ont été détruits dans la zone rouge et 3 ont fait l’objet de reconstruction). Ils ont pour noms :

  • Beaumont-en-Verdunois
  • Bezonvaux
  • Cumières-le-Mort-Homme
  • Fleury-devant-Douaumont
  • Haumont-près-Samogneux
  • Louvemont-Côte-du-Poivre

La zone rouge est de nos jours oubliée du plus grand nombre même si certaines productions artistiques (livres, téléfilm) ont su habilement utiliser son existence comme toile de fond à certaines intrigues. En l’espace d’une centaine d’années, l’empreinte de l’homme a mutilé, transformé et redonné vie à un écosystème bouleversé à jamais à l’image de notre conscience collective face au souvenir de ce que fut la Grande guerre.

Photographie telle que reproduite sur le site: http://verdun.over-blog.net/article-19960567.html