Par Romain Petit* – Anatomie des conflits contemporains : géopolitique des narcotrafics / I. Aux origines
La consommation de substances psychoactive est ancestrale. La médecine grecque antique utilisait déjà l’opium issu de la culture du pavot tout en signalant les dangers et toutes les grandes cultures de l’Antiquité (chinoise, romaine, égyptienne…) en feront usage. Les feuilles de coca quant à elles sont consommées depuis plus 3 000 ans dans la cordillère des Andes principalement en Colombie, au Pérou et en Bolivie. L’usage de ces substances varie selon les âges et les traditions. Utilisaient lors de rituel, de fête, de façon médicinal ou afin de modifier les états de consciences, l’usage des substances psychoactives varient selon les sociétés et les civilisations.

Au XIXème siècle, l’opium devient un enjeu économique majeur pour la Compagnie anglaise des Indes orientales qui en détient le monopole au nom de la couronne britannique. Cherchant à en tirer bénéfice pour financer ses achats de thé et de soierie, ladite compagnie encourage les chinois à consommer abondamment l’opium. En 1839, l’empereur de Chine tente de s’opposer à ce commerce, cela marquera le début de la première guerre de l’opium. Après la victoire des Britanniques, Hong Kong devient concession britannique mais il faudra attendre la seconde guerre de l’opium (1856-1858) à laquelle participera la France pour que l’importation de l’opium en Chine soit légalisée ceci jusqu’à l’arrivée des communistes au pouvoir en 1949…

Par ailleurs, certains chimistes, à des fins médicales, parviennent à extraire à la fin du XIXe siècle le principe actif des feuilles de coca et donnent naissance à la cocaïne, l’opium donnant naissance de son côté à la morphine et à l’héroïne. Dans les années 1920, les gouvernements prennent conscience des risques addictifs associés à la prise de ces substances et commencent à en réglementer l’usage. De 1930 à 1960, il n’existe pas à proprement parler de narcotrafic organisé et ce n’est véritablement qu’à compter des années 1960 que l’usage des substances psychoactives devient une préoccupation majeure des pouvoirs publics et un sujet de santé public à l’échelle planétaire. En effet, la consommation du cannabis se diffuse largement chez les jeunes et des drogues hallucinogènes (mescaline, LSD) sont expérimentées. La cocaïne et l’héroïne signent alors leur grand retour, leur production étant passée sous la main de réseaux criminels mafieux internationaux. De nos jours, 3 conventions de l’ONU en date de 1961, 1971 et 1988 légifèrent contre le trafic illégal de psychotropes.

 

* Cet article, publié sur notre site en quatre parties, est issu de notre dernier numéro d’Opérationnels SLDS. Vous pouvez le télécharger dans son intégralité dans sa version magazine au travers du PDF suivant >>> ARTICLE ROMAIN PETIT HISTOIRE DES NARCOTRAFICS Operationnels SLDS # 50

Photo © Capture au large de la Galice par la Guardia civile du premier narcosub en provenance de Colombie, AFP telle que publiée dans >>> https://www.thesun.co.uk/news/10431617/captured-narco-sub-cocaine-spain-colombia/