Par Linda Verhaeghe – « La Chambre des officiers » vient de sortir en bande-dessinée
« Formidable ». Les mots me manquent pour décrire toute l’émotion et la certitude avec laquelle mon père aura prononcé cet unique mot pour exprimer ce que lui aura inspiré la lecture de la bande dessinée « La Chambre des officiers », parue au mois de mars 2023.
Lorsque je lui en ai confié la lecture, il n’avait alors ni lu le roman, ni visionné l’adaptation au cinéma. Sa première réaction au texte de quatrième de couverture présentant le synopsis de l’ouvrage avait pourtant été de s’exclamer avec, m’a-t-il semblé, une certaine prudence à l’égard de cette histoire de « gueule cassée » qui tente de se reconstruire : « mon grand-père, lui, n’en est même pas revenu ! ». Ni lui, ni aucun de ses frères, ne sont en effet jamais revenus de la Grande Guerre . Toute une famille décimée, comme évidemment tant d’autres, et dont il n’est resté aux survivantes que l’effroi d’une innommable violence et le chagrin de l’insurmontable deuil.
Mais pour Adrien, le héros – et, à travers lui, tous les hommes dont il porte l’histoire -, c’est en réalité presque une seconde guerre qu’il aura fallut mener, pour parvenir à retourner à la vie : « tout réapprendre et surtout affronter le regard des autres », comme le précise l’éditeur. Le visage défiguré par un éclat d’obus, il demeure cinq ans durant reclus dans une pièce du Val-de-Grâce réservée aux officiers, dépourvue de miroir, à subir des opérations successives, les pensées accaparées par l’avenir et l’après-guerre.
Car la Grande Guerre, rappelons-le, aura causé quatre millions de blessés en quatre ans, parmi lesquels près de 15 000 blessés de la face, qui vont pour beaucoup se retrouver isolés pour ne pas choquer leurs proches. Ils vont aussi être à l’origine du développement d’une nouvelle spécialité médicale : la chirurgie maxillo-faciale.
Inspiré du vécu de son grand-père, l’auteur, Marc Dugain, a ainsi voulu dénoncer dans son roman les horreurs de la guerre et le calvaire des gueules cassées. Son succès a été immédiat et ce roman est désormais étudié au collège. L’album, mis en mots et en dessins par Philippe Charlot et Alain Grand, respectivement scénariste et dessinateur, est indéniablement une très belle réussite, qui ne trahit en rien l’œuvre dont il est issu.
Photos © Linda Verhaeghe
Photo 1 : (de g. à d.) Hervé Richez, directeur éditorial de la collection Grand angle, Véronique Cardi, Présidente directrice générale des éditions Jean-Claude Lattès, Médecin-général inspecteur Guillaume Pelée de Saint Maurice, directeur de l’Ecole du Val-de-Grâce, Philippe Charlot, scénariste, et Alain Grand, dessinateur.
Photo 2 : « La chambre des officiers », d’après le roman de Marc Dugain / Philippe Charlot, scénariste ; Alain Grand, dessinateur ; Tanja Cinna-Wenisch, coloriste. Bande-dessinée parue le 1er mars 2023, aux éditions Jean-Claude Lattès, collection Grand angle (Prix : 16,90 euros)
Bon à savoir : l’exposition « Photographie et médecine » du musée du SSA prolongée
A l’occasion de la sortie de la bande-dessinée « La Chambre des officiers », soutenue par l’Ecole du Val-de-Grâce du Service de santé des armées (SSA), a par ailleurs été parallèlement mise en avant l’exposition « Photographie et médecine » du musée du SSA, qui témoigne à la fois des activités et des progrès de la médecine durant la Première guerre mondiale.
Soixante-neuf photographies présentent datant de 1915 à 1918 présentent notamment les activités de rééducation et de réadaptation des malades et des blessés, domaines où l’innovation a été aussi importante que les blessés ont été nombreux durant la Grande Guerre.
Cette exposition a été prolongée jusqu’au 10 avril 2023.
Photos de l’exposition dédiées à la rééducation des blessés © Linda Verhaeghe
Photo 1 : Fondé en 1916, en pleine guerre, par nécessité de former les médecins, le musée du SSA est installé dans le cloître de l’ancienne abbaye royale du Val-de-Grâce.
Photo 2 : Ces images d’époque, pour la première fois exposées au public, témoignent des avancées de la médecine militaire.
Photo 3 : A l’image, un patient du service de physiothérapie.
Info >>> Musée du Service de santé des armées
1 place Alphonse Laveran, 75005 Paris
Ouvert mardi, mercredi, samedi, dimanche de 12h à 18h /Plein tarif 5€ – Tarif réduit 2,50€