Entretien publié dans le numéro 10 de Soutien Logistique Défense, automne 2013- hiver 2014
Saint-Cyrien, le général de corps d’armée Hervé Charpentier a choisi de servir dans les troupes de marine, avec l’option infanterie. Après une carrière opérationnelle exemplaire et de nombreux postes de commandement (dont en 2007 l’École d’application de l’infanterie à Montpellier et en 2010 le commandement des forces terrestres à Lille), il a été nommé le 1er août 2012 aux fonctions de Gouverneur militaire de Paris, officier général de zone de soutien de Paris et officier général de la zone de défense et de sécurité de Paris. Il explique au travers de cet entretien les particularités de cette nouvelle mission.Saint-Cyrien, le général de corps d’armée Hervé Charpentier a choisi de servir dans les troupes de marine, avec l’option infanterie. Après une carrière opérationnelle exemplaire et de nombreux postes de commandement (dont en 2007 l’École d’application de l’infanterie à Montpellier et en 2010 le commandement des forces terrestres à Lille), il a été nommé le 1er août 2012 aux fonctions de Gouverneur militaire de Paris, officier général de zone de soutien de Paris et officier général de la zone de défense et de sécurité de Paris. Il explique au travers de cet entretien les particularités de cette nouvelle mission.Saint-Cyrien, le général de corps d’armée Hervé Charpentier a choisi de servir dans les troupes de marine, avec l’option infanterie. Après une carrière opérationnelle exemplaire et de nombreux postes de commandement (dont en 2007 l’École d’application de l’infanterie à Montpellier et en 2010 le commandement des forces terrestres à Lille), il a été nommé le 1er août 2012 aux fonctions de Gouverneur militaire de Paris, officier général de zone de soutien de Paris et officier général de la zone de défense et de sécurité de Paris. Il explique au travers de cet entretien les particularités de cette nouvelle mission.Saint-Cyrien, le général de corps d’armée Hervé Charpentier a choisi de servir dans les troupes de marine, avec l’option infanterie. Après une carrière opérationnelle exemplaire et de nombreux postes de commandement (dont en 2007 l’École d’application de l’infanterie à Montpellier et en 2010 le commandement des forces terrestres à Lille), il a été nommé le 1er août 2012 aux fonctions de Gouverneur militaire de Paris, officier général de zone de soutien de Paris et officier général de la zone de défense et de sécurité de Paris. Il explique au travers de cet entretien les particularités de cette nouvelle mission.
Général, comment décririez-vous l’évolution récente de votre fonction de Gouverneur militaire de Paris et quelles sont vos priorités d’action ?
La fonction de gouverneur militaire de Paris est une fonction militaire très ancienne, puisqu’elle remonte à 1356. Même si l’intitulé se modifie à plusieurs reprises jusqu’à la Troisième République, date à laquelle s’installe définitivement l’appellation de gouverneur militaire de Paris, la mission est claire depuis le début: il s’agit de protéger la capitale contre les ennemis de l’extérieur et contenir les soubresauts intérieurs. La valeur symbolique de la capitale confère une importance toute particulière au poste. Le général Bonaparte, Marbot, Mortier, Murat, Junot, et plus proche de nous, Gallieni, Maunoury, Gouraud, puis Leclerc et Koenig sont ainsi mes prédécesseurs. Le gouverneur militaire de Paris est donc le défenseur de la capitale. Ce sera une constante dans l’histoire que le général Gallieni, gouverneur d’août 1914 à novembre 1915 et dont l’initiative de réquisitionner les taxis parisiens changera le sort de la bataille de la Marne, incarne pleinement.
Un peu plus de 650 ans plus tard, la mission n’a pas changé, même si les modes d’action, eux, ont évidemment évolué. La défense de Paris ne se fait plus à ses murs. Elle a pris des formes nouvelles, mais elle reste de manière quotidienne particulièrement prégnante. Il s’agit de participer à la défense et la sécurité de nos concitoyens contre des menaces de tous types. Menace d’ordre terroriste tout d’abord, nous y reviendrons en évoquant le plan Vigipirate et le déploiement de nos forces dans la capitale. Menace de tous ordres ensuite, naturels, technologiques. Le gouverneur participe activement à la planification de l’emploi des armées dans ce type de situations. L’exemple le plus symbolique pour la zone Ile de France pourrait être l’engagement des armées lors d’une crue majeure de la Seine. Sur le plan opérationnel encore, le gouverneur militaire de Paris est le garant de la bonne organisation de l’environnement et du soutien des unités et des organismes de la défense sur sa zone. La transformation actuelle de la carte des implantations militaires franciliennes, autour du transfert en 2015 du haut commandement et de l’administration du ministère à Balard pose un certain nombre de défis qu’il est essentiel d’anticiper pour les résoudre.
Le gouverneur militaire de Paris est, par ailleurs, le responsable du rayonnement de la défense sur la zone. Cette mission, qui comporte un volet protocolaire important, est celle qui est certainement la plus visible, au travers du prisme parfois un peu réducteur de l’organisation du seul 14 juillet. C’est également l’entretien des conditions nécessaires à la bonne prise en compte des nécessités et des intérêts de la défense dans toutes les couches de la société et auprès de nos décideurs. La concentration, à Paris, des plus hautes autorités de l’Etat confère à cette mission un rôle tout particulier. L’animation d’un réseau de réservistes citoyens, relais essentiels de l’action du gouverneur dans de nombreux domaines, participe également à cette action. Enfin, particularité des fonctions du gouverneur militaire de Paris par rapport à ses camarades officiers généraux de zone de défense, il est le garant moral de la solidarité de l’institution vis-à-vis des blessés et des familles de nos camarades morts pour la France. Cette mission s’illustre dans l’organisation des hommages rendus au retour des dépouilles de nos camarades. C’est surtout un suivi dans la durée des blessés et des familles de décédés. Le Gouverneur dispose dans cette action de la Cellule d’aide aux blessés de l’armée de Terre, véritable tour de contrôle et outil de pilotage dans ce domaine.
Ces missions sont bien entendu le fruit des évolutions récentes du mode de gouvernance de notre ministère qui ont conféré au Gouverneur un rôle à la fois beaucoup plus tourné vers l’action Interarmées, voire interministérielle et un rôle de coordonnateur, de facilitateur et d’arbitre régional, au cœur d’une transformation assez radicale du paysage militaire de l’Ile de France.
En tant qu’officier général de la zone de défense et de sécurité en Ile-de-France, vous vous trouvez à l’intersection des questions de sécurité et de défense au sens large (civile, économique, militaire), comment s’articulent ces différentes responsabilités : – en termes de chaîne de commandement : peut-on parler de « double-casquette » CEMA/CPCO d’un côté, Premier Ministre/SGDSN de l’autre ? – en termes de coordination avec les autres forces de sécurité (police, gendarmerie, douanes, pompiers, …) : quels sont les difficultés que vous rencontrez et comment les surmontez-vous (exercices interarmées, entraînement, simulation, interopérabilité de matériel et communication…) ?
La coordination en matière de défense et de sécurité est une nécessité. La clé de voûte de ce système est le Secrétariat général de la défense et sécurité nationale (SGDSN), qui, sous la responsabilité du premier ministre, fixe le cadre de l’action interministérielle et la décline dans certains domaines au travers de plans d’intervention. Chacun des ministères décline, à son tour, le volet de cette action qui lui est attribué. Dans ce cadre, l’état-major des armées pilote l’action dans un environnement interarmées et interministériel.
L’officier général de zone de défense et de sécurité s’inscrit très clairement dans la chaîne de commandement interarmées, aux ordres directs du chef d’Etat-major des armées, dont il est le représentant zonal. A ce titre, il est l’interlocuteur privilégié du travail interministériel en matière de planification et de conduite des opérations sur sa zone de compétence, et est l’acteur principal à la fois de la coordination interministérielle et de la cohérence entre les différentes armées et services du ministère. Cette coordination est une action quotidienne. Mes principaux interlocuteurs sont le préfet de police de Paris et le préfet de la région Ile de France avec lesquels les contacts formels et informels sont permanents. Dans le domaine de l’action interministérielle, notre principal objectif est de faire prendre en compte les spécificités de l’engagement des moyens militaires et de garantir une coordination permanente avec l’ensemble des moyens civils déployés. A ce titre un effort de planification est en cours, privilégiant l’expression d’effets à obtenir par les autorités civiles, la planification des moyens à engager et des modes d’action à mettre en œuvre par les échelons de commandement militaires. Sur le terrain, la mise à disposition des moyens techniques capables de garantir jusqu’au plus petit niveau tactique une parfaite interopérabilité est une réelle nécessité.
Enfin, fort de cette coordination interministérielle, mon rôle est également de veiller au maintien sur la zone Ile de France des capacités militaires nécessaires à l’engagement des forces. Le plan Neptune – qui serait mis en œuvre dans le cas d’une crue majeure de la Seine – prévoit par exemple le déploiement d’une force pouvant aller au-delà de 10 000 hommes. Mon souci est de m’assurer que les moyens nécessaires à l’accueil, au soutien et à la vie courante de cette force puissent être garantis, en totale autonomie, dans le cadre des évolutions actuelles de la Défense en Ile de France. Cela passe à la fois par un effort de planification interarmées, mais aussi par une coordination entre les différents acteurs du soutien, pour avoir la garantie que ces besoins sont biens intégrés au centre de leur action.
En ce qui concerne le théâtre national, quelles sont les principaux facteurs de changement, ainsi que les besoins en matière d’entraînement, de soutien et de moyens en hommes et matériel ? En particulier : – A propos de Vigipirate et des autres plans de sécurité intérieure (Biotox, Piratair-Intrusair, Piranet, …) destinés à faire face aux différents risques et menaces (NRBC, cyber, sécurité des flux …)), quels sont les principaux facteurs de changement que vous anticipez et les inquiétudes que vous avez ?
- La formation et l’entraînement requis pour les militaires déployés dans le cadre de Vigipirate ont-ils beaucoup évolué face à des risques et une menace plus complexes ?
- Comment assurez-vous le soutien de vos moyens militaires tant au niveau des effectifs que des matériels ? Vous avez créé le Bataillon de réserve Ile-de-France/24ème RI afin de renforcer le 121ème RT et la BA de Villacoublay : pouvez-vous élaborer sur ce concept, notamment dédié au soutien des unités d’active ?
- En termes de moyens : en cas de crise grave sur le territoire national, le Guépard réserve viendrait-il en renfort de Vigipirate ?
- Y a-t-il une spécificité et une évolution des matériels « dédiés » Vigipirate (entre sécurité intérieure et défense) ?
L’engagement des armées sur le territoire national est une matière vivante qui fait l’objet de remises en cause régulières, de retours d’expériences sur des engagements récents, ainsi que d’une planification qui évolue de manière permanente en fonction de la menace et des changements de fond que connaît notre système de défense.
Dans le domaine des plans de la famille « pirate », et du plan Vigipirate en particulier, il s’agit de coller au plus près aux types de menace auxquels notre pays est confronté. La participation des armées au plan Vigipirate a connu dans un passé récent déjà de nombreuses évolutions. Depuis avril 2011, en particulier, le dispositif de patrouilles a été rendu plus dynamique, avec le passage d’un dispositif fixe dans les lieux publics, à un dispositif mobile basé à la fois sur des vigies permanentes et des patrouilles mobiles empruntant en particulier les transports en commun. Ce dispositif fait l’objet d’une réévaluation constante pour coller au mieux à l’évaluation de la situation sécuritaire dans la capitale et permettre une réversibilité permanente du dispositif déployé. Cette extrême adaptabilité du dispositif n’exclut pas de continuer à penser le système dans sa globalité. Sans doute, le plan Vigipirate doit-il évoluer vers une meilleure lisibilité de ses niveaux d’alerte pour être mieux compréhensible par la population et permettre le retour à des stades d’alerte moins élevés lorsque la situation le permet. En matière d’armement également, des réflexions sont en cours pour doter les patrouilles d’un armement pouvant permettre de mieux faire face à l’ensemble des menaces auxquelles nos soldats sont confrontés. L’agression en juin dernier d’un de nos soldats à la Défense a ainsi montré qu’entre l’emploi des armes et l’emploi des moyens d’autodéfense (bâtons de défense et lacrymogènes), il y avait un besoin de disposer d’armes non létales. La réflexion dans ce domaine se poursuit, en étroite coordination avec la préfecture de police et l’état-major des armées.
La planification de l’engagement de moyens militaires dans le cadre de plans de sauvegarde face aux risques naturels ou technologiques est également un processus itératif permanent. Le plan Neptune que j’évoquais précédemment est un exemple assez pertinent de ce processus. Loin d’être un recueil figé de procédures préétablies, endormi dans des armoires poussiéreuses, c’est le fruit d’un processus de planification et de remise en cause permanent. Tous les ans, l’Etat-major interarmées de zone de défense et de sécurité de Paris, qui est mon bras armé dans cet effort, conduit un cycle de planification en abordant et en remettant en cause un aspect particulier du plan. Ce cycle de planification conduit à un exercice annuel, dénommé Alma, qui permet de valider les conclusions de cette phase de réflexion. En 2015, l’exercice Alma permettra en outre d’aller jusqu’à la projection et au déploiement des troupes sur la région Ile de France, validant ainsi l’ensemble de ce processus de planification. En parallèle, chaque année, l’Etat-major de force et les unités désignées pour prendre l’alerte Neptune procèdent aux reconnaissances nécessaires de leurs zones de déploiement.
Cet effort de réalisme dans la préparation des engagements ne se limite pas à la planification. Il concerne également la préparation de nos soldats pour remplir la mission. Il s’appuie tout d’abord sur l’excellent niveau professionnel atteint par nos soldats ces dix dernières années qui est le fruit de leur engagement opérationnel important sur des théâtres d’opération exigeants. Comme nos soldats font l’objet d’une préparation opérationnelle avant tout déploiement sur un théâtre d’opération extérieur, ils suivent, avant toute projection intérieure, une phase de montée en puissance au cours de laquelle les conditions particulières de leur mission leurs sont expliquées. Ces conditions particulières s’appuient toujours sur leur expérience acquise. A Paris, comme ailleurs, la mission qui leur est confiée reste une mission militaire, pour laquelle ils ont été formés. C’est le contexte dans laquelle ils l’exécutent qui diffère et qui nécessite d’être expliqué et précisé.
La place de la réserve dans ce dispositif est de plus en plus importante et son implication nécessaire. Là encore, cette implication repose sur les évolutions récentes du concept de formation et d’emploi de nos réservistes, qui sont devenus de véritables « professionnels à temps partiel », bénéficiant d’un entraînement et d’une préparation à l’égale de leurs camarades d’active. La réserve est engagée en permanence dans le dispositif Vigipirate. Chaque relève compte dans ses rangs un nombre variable de réservistes, allant de compléments individuels dans les Etats-majors tactiques ou les unités jusqu’à l’engagement d’unités de réserve constituées, comme cela a été le cas en juillet dernier, avec l’engagement de la compagnie de réserve du 3ème Régiment parachutiste d’Infanterie de marine.
En cas d’engagement de moyens importants pour parer à une crise majeure sur le territoire national, la réserve constituerait, là encore une ressource importante de moyens disponibles pour un engagement en premier ou une relève de dispositif. C’est le principe du guépard réserve mis en place depuis l’été 2011 par l’armée de Terre et qui permet de mobiliser quelques 800 réservistes sous 48 heures pour des missions pouvant aller jusqu’à 8 jours. Ce dispositif se base sur des exercices réguliers permettant aux militaires de réserve de s’entraîner au déploiement dans des conditions réelles, comme cela a été le cas en mai dernier lors de l’exercice Lubex, en Lorraine, dont le scénario portait précisément sur un engagement en zone inondable. Enfin, la situation particulière de la zone de défense Ile de France a conduit à mettre en place une structure originale, le « bataillon de réserve Ile de France » qui a été créé officiellement le 27 juin dernier et qui a repris les traditions du régiment de Paris, le 24ème Régiment d’Infanterie. Le manque d’unités opérationnelles imposait de pouvoir disposer d’une unité rapidement mobilisable pour être engagée dans des scénarios très divers allant de la participation à Vigipirate, jusqu’à la préparation de l’engagement d’une force dans le cadre d’une catastrophe majeure. Cette unité, qui devrait au terme de sa montée en puissance en 2016 compter près de 500 militaires constituera donc le véritable « réservoir de forces » à la disposition du gouverneur pour faire face à ses missions.
Comme vous le constatez, le panorama opérationnel est donc en perpétuelle évolution. Cette évolution est saine. Elle est le gage d’une adaptation opérationnelle réelle, en partenariat permanent avec nos homologues des autres ministères.
Vous avez décrit la Cellule d’aide aux blessés de l’armée de Terre (CABAT), comme étant une « véritable tour de contrôle et outil de pilotage dédié au suivi dans la durée des blessés et des familles de décédés » :
- Avec l’arrivée de blessés des récents théâtres d’opération (Afghanistan, Mali), comment cette cellule d’aide aux blessés de l’armée de terre s’est-elle adaptée à l’accroissement de la demande et l’apparition de pathologies nouvelles ?
- Quelles sont les difficultés que vous rencontrez et au contraire les satisfactions que vous retirez de cette institution particulière et dont le besoin doit être encore davantage ressenti à notre époque ?
- La CABAT a été créée en 1993 : quel a été le catalyseur de cette initiative et travaille-t-elle en tandem avec d’autres cellules équivalentes (dans les autres armées et forces de sécurité) et le service de santé des armées ?
La responsabilité de la solidarité de l’institution envers nos camarades blessés et nos morts en opération est une mission qui me tient tout particulièrement à cœur. Par fidélité à mon parcours personnel tout d’abord, qui m’a conduit à connaitre de nombreux théâtres d’opérations. Parce que, comme commandant des forces terrestres ensuite, j’ai tenu un rôle particulier dans l’engagement opérationnel de nos soldats de l’armée de Terre. Garantir cette solidarité est aussi un devoir vis-à-vis de celles et de ceux qui ont servi jusqu’au bout leur Patrie. C’est enfin un élément majeur de la combattivité et de l’engagement de nos soldats, certains que s’ils venaient à tomber, l’institution ne les abandonnerait pas, ou n’abandonnerait pas leurs proches, au bord du chemin. Je dispose pour cette mission d’un outil essentiel avec la cellule d’aide aux blessés de l’armée de terre. Créée en 1993, elle a traité près de 8000 blessés avec un accroîssement non négligeable ces dernières années, sous la pression de l’engagement des armées dans des conflits de forte intensité.
La pertinence de cet outil se démontre tous les jours, et son action vise aujourd’hui à suivre chaque nouveau blessé ou les familles de chacun de nos camarades morts dans l’exercice de leur métier –en opérations, comme en service et dans la mesure des besoins hors service- en leur fournissant une expertise à la fois juridique, administrative et financière et en les aidant dans leur retour à une vie normale. La CABAT suit en permanence près de 500 dossiers, dont plus d’une centaine de manière très active et environ 15 blessés hospitalisés dans les hôpitaux parisiens, 30 veuves et 60 orphelins. Elle vise également à identifier ceux qui auraient pu être laissés pour compte par le passé et à les faire entrer dans le dispositif existant. La multiplication du nombre de blessés, ainsi que l’identification et la prise en compte de pathologies nouvelles a conduit renforcer ses effectifs et à compléter ses compétences à l’été, en lui conférant en particulier une expertise psychologique.
Ce travail ne serait pas possible sans une étroite coordination avec le service de santé des armées qui fait un travail remarquable à la fois en opérations comme en métropole dans le traitement et le suivi des blessés. C’est également une responsabilité de la CABAT que de mener, pour l’armée de Terre, ce dialogue de terrain avec les médecins et le personnel traitant, de manière à identifier les chemins de progrès et à adapter à chaque cas, nécessairement différent, un dispositif souvent complexe. Enfin, la CABAT joue un rôle non négligeable dans la réinsertion des blessés, en particulier au travers du sport. En complément de l’engagement institutionnel, l’action de la CABAT est facilitée et renforcée par les associations comme Solidarité Défense, Terre fraternité ou l’association pour le développement des œuvres d’entraide dans les armées (ADO).
Toutes ces actions font l’objet d’une coordination de plus en plus étroite entre l’ensemble des cellules qui suivent pour chaque armée les blessés. Cette synergie devrait se traduire dans la colocalisation à terme de l’ensemble de ces cellules aux Invalides.
Général, vous avez pris votre fonction de Gouverneur militaire depuis plus d’un an : quel est votre premier bilan et votre sentiment par rapport aux postes de commandement que vous avez assurés auparavant et aux nombreuses OPEX auxquelles vous avez participé dans votre carrière ? Est-il possible de comparer votre nouvelle mission avec celles que vous avez menées par le passé sur d’autres théâtres : si c’est le cas, quels en seraient de votre point de vue les points communs fondamentaux et les différences foncières ?
Une carrière militaire est une succession d’expériences, qui, chacune, vous prépare à assumer les suivantes. Je ne pourrais remplir aujourd’hui mes fonctions sans être passé par chacune des étapes de mon parcours professionnel. Je retrouve dans ces fonctions la dimension opérationnelle qui a guidé toute ma vie de soldat. J’y trouve aussi des enjeux nouveaux et dont, jusqu’à avoir pris mes fonctions en août 2012, je ne mesurais pas l’importance. Le dialogue politico-militaire constant, la collaboration interministérielle, l’importance et le poids du protocole d’Etat dans la capitale sont ainsi devenus mon quotidien au même titre que la préparation opérationnelle des engagements militaires en Ile de France et le soutien de ses 50 000 personnels. Ma mission majeure reste intimement liée à la réorganisation du ministère autour de Balard. Il s’agit de s’assurer que l’ensemble des moyens sont en place pour que cette bascule puisse se faire sans perte de capacité et sans rupture de la chaîne du commandement. Il s’agit également de faire en sorte que ce nouvel ensemble puisse s’insérer sans difficultés dans son environnement francilien.
Il s’agit enfin de s’assurer que les conditions de vie des ressortissants de la défense stationnés en Ile de France demeurent adaptées au nouveau dispositif. Vaste enjeu! Manœuvre complexe, mais qui se poursuit à un rythme soutenu. Nous sommes au milieu du gué. Les indicateurs sont au vert, mais une vigilance de tous les instants reste nécessaire.