Colonel, quelle est la vocation du Détachement de transit interarmées aérien (DETIA) de Douchanbé ?
Bien que Détachement Air, le DETIA de Douchanbé soit une base interarmées, où l’on trouve des unités de l’armée de terre telles que le 25e RGA (régiment du génie de l’air). La vocation de cette base est d’être un camp de transit pour les passagers allant sur le théâtre afghan. Il s’agit en fait d’un « hub de sortie et d’entrée » du théâtre afghan, permettant d’optimiser les capacités ATS (avions de transport stratégique) surtout en saison chaude, où, on le sait, la capacité d’emport des aéronefs s’avère d’autant plus réduite que le thermomètre grimpe. Il faut compter une heure à une heure et demie de vol entre Douchanbé et Kaboul, trois heures pour Kandahar.
Le DETAIR de Douchanbé a cinq fonctions :
1- Camp de transit : c’est l’escale des passagers à destination du théâtre afghan et le DETAIR se charge de les nourrir et de les loger ; cette étape permet également de décharger Kaboul de certaines fonctions administratives, à savoir l’inprocessing qui permet d’enregistrer les biodatas de chacun pour la délivrance des laisser-passers dont il aura besoin une fois déployé sur le théâtre : ceci s’effectue en temps réel avec Kaboul. Le briefing théâtre est également effectué ici et les TIC (trousses individuelles du combattant) distribuées quasiment à la descente de l’avion de transport les amenant de métropole.
2-Transit aérien : il s’agit là d’assurer le traitement de tous les aéronefs de passage, dont l’A340.
3-Transport opérationnel avec le GTO (le Groupe de transport opérationnel).
4- Station météo déployable servant toutes les forces déployées sur le théâtre (Al Afra à Dubaï ; Tadjikistan et Afghanistan).
5- « Noeud SIC », c’est-à-dire centre d’interconnexion de certains réseaux de communication du théâtre.
Quels sont les moyens et la capacité d’accueil dont est doté le DETIA ?
Lieutenant-colonel Le Flanchec : Le DETIA dispose de deux Transall dédiés ISAF et bientôt d’un C130. Il accueille des A340 et parfois des A310, mais est limité par un espace de parking réduit. Il sert de hub européen qu’utilisent les Belges (A330), les Allemands et les Espagnols : il s’agit d’une escale de transit aérienne et aucune rupture de charge n’a lieu ici.
Les cinématiques de vol côté français sont par ailleurs établies par le Centre multimodal des transports, qui fait une demande d’aéronefs pour les relèves de personnels auprès de l’EATC (commandement européen de transport aérien) : ce sont donc pour partie des avions de la flotte EATC que nous desservons ici. Au niveau du soutien de la base en elle-même, qui compte en permanence entre cent cinquante et deux cents militaires, mais dispose d’une capacité d’accueil pouvant aller jusqu’à cinq cents lits – dont dix RAPASAN (rapatriements sanitaires) – et de mille deux cents repas/jour, celui-ci se fait de bout en bout à partir d’Alma Ati (par Antonov 124 et Iliouchine 76) : tout ce qui est alimentaire arrive par DETAIR et les palettes sont déchargées une fois par semaine. Nous travaillons aussi avec les fournisseurs locaux pour l’eau, l’alimentation et le carburant (nous disposons d’une capacité autonome de contrôle de carburant), le Service des essences des armées pouvant intervenir en apport camion en cas de nécessité. Notre soutien logistique est assuré par Transall directement de Kaboul.
En 2011, nous avons ainsi pu assurer le transit de quarante-cinq mille Pax (passagers) et quatre mille tonnes de fret ; de janvier à juin 2012, ces chiffres sont d’environ quinze mille Pax et neuf cent cinquante tonnes de fret.
Crédits photos © SLD, Douchanbé, Tadjikistan