(Par Murielle Delaporte) – Entretien avec le colonel C. J1 Pamir


Lors de cet entretien réalisé début juin 2012, le colonel C s’apprêtait à l’issue de six mois de service en Afghanistan à rentrer en métropole deux jours plus tard : un processus de relève qu’il a dû gérer au quotidien pour relever le principal défi de son service chargé des mouvements et de la gestion du personnel sur le théâtre, à savoir « faire en sorte que lorsque quelqu’un pose le pied sur le théâtre, nous soyons capables de le mettre dans l’avion de retour à la date exacte de sa fin de mandat. » Il nous explique la complexité d’une finalité en apparence simple.
Lors de cet entretien réalisé début juin 2012, le colonel C s’apprêtait à l’issue de six mois de service en Afghanistan à rentrer en métropole deux jours plus tard : un processus de relève qu’il a dû gérer au quotidien pour relever le principal défi de son service chargé des mouvements et de la gestion du personnel sur le théâtre, à savoir « faire en sorte que lorsque quelqu’un pose le pied sur le théâtre, nous soyons capables de le mettre dans l’avion de retour à la date exacte de sa fin de mandat. » Il nous explique la complexité d’une finalité en apparence simple.

 

Nous procédons à partir d’un tableau des effectifs où figurent les personnels désignés six à douze mois à l’avance. Dès que ces personnels sont prêts, ils sont, sur décision de leur état-major opérationnel respectif, envoyés sur le théâtre, où pendant une semaine ils connaîtront une période de passation de consignes. Ce sont ces EMO et le CPCO qui sont nos principaux interlocuteurs en métropole. Une mission interarmées, comprenant l’armée de l’air, le service de santé des armées, mais aussi la gendarmerie, vient six mois à l’avance pour nous aider à préparer les allers et venues des personnels in et des personnels out ; c’est seulement à ce stade que nous commandons les avions. Mais la grande difficulté est que, bien sûr, il y a toujours des impondérables dont il faut tenir compte et des décalages qu’il nous faut gérer pour faire coïncider les navettes du mieux possible. Parmi ces impondérables, la nature et la fréquence des missions provisoires peut considérablement varier : ainsi, en ce moment, nous sommes théoriquement dans la dernière grande relève « habituelle », mais étant donné les directives de désengagement, les choses s’accélèrent. Avec l’arrivée massive d’Antonov à remplir, nous avons par exemple accueilli aujourd’hui une vingtaine de conducteurs supplémentaires pour renforcer le BATLOG. Mais les missions provisoires peuvent inclure des personnels nécessaires à la mise en oeuvre de tel équipement nouveau ou encore des renforts en génie pour des projets de construction. Nous avons en moyenne un flux d’une centaine d’avions par an pour un volume de personnels en mouvement d’environ vingt mille personnes, dans la mesure où – autre paramètre de difficulté à prendre en compte – la durée des déploiements varie entre deux et six mois. Quatre-vingt dix pour cent des VAM (voies aériennes militaires) passent par Douchanbé, les seuls vols directs Kaboul étant liés à de mauvaises conditions météorologiques au Tadjikistan. Mais le grand avantage de faire escale à Douchanbé est précisément lié aux conditions climatiques de Kaboul en été : de fortes températures conjuguées à l’altitude font qu’un A340 ne pourra embarquer que cent quarante personnels en été au lieu de deux cent cinquante, d’où un système de navettes par Transall centralisant personnel et matériel sur Douchanbé, où les attendra un avion ayant une charge offerte bien supérieure qu’à KAIA. Mais sinon, nos pilotes et personnels au sol à KAIA sont bien rôdés pour opérer quelles que soient les conditions météo, et je n’ai dans toute la durée de mon mandat jamais eu de décalage ou de gros souci… sauf peut-être pour vous, quand vous partirez à l’issue et en fonction de  votre reportage ! »

« Nous avons en moyenne un flux d’une centaine d’avions par an pour un volume de personnels en mouvement d’environ vingt mille personnes. »

Nous procédons à partir d’un tableau des effectifs où figurent les personnels désignés six à douze mois à l’avance. Dès que ces personnels sont prêts, ils sont, sur décision de leur étatmajor opérationnel respectif, envoyés sur le théâtre, où pendant une semaine ils connaîtront une période de passation de consignes. Ce sont ces EMO et le CPCO qui sont nos principaux interlocuteurs en métropole. Une mission interarmées, comprenant l’armée de l’air, le service de santé des armées, mais aussi la gendarmerie, vient six mois à l’avance pour nous aider à préparer les allers et venues des personnels in et des personnels out ; c’est seulement à ce stade que nous commandons les avions. Mais la grande difficulté est que, bien sûr, il y a toujours des impondérables dont il faut tenir compte et des décalages qu’il nous faut gérer pour faire coïncider les navettes du mieux possible. Parmi ces impondérables, la nature et la fréquence des missions provisoires peut considérablement varier : ainsi, en ce moment, nous sommes théoriquement dans la dernière grande relève « habituelle », mais étant donné les directives de désengagement, les choses s’accélèrent.

Avec l’arrivée massive d’Antonov à remplir, nous avons par exemple accueilli aujourd’hui une vingtaine de conducteurs supplémentaires pour renforcer le BATLOG. Mais les missions provisoires peuvent inclure des personnels nécessaires à la mise en oeuvre de tel équipement nouveau ou encore des renforts en génie pour des projets de construction. Nous avons en moyenne un flux d’une centaine d’avions par an pour un volume de personnels en mouvement d’environ vingt mille personnes, dans la mesure où – autre paramètre de difficulté à prendre en compte – la durée des déploiements varie entre deux et six mois. Quatre-vingtdixpour cent des VAM (voies aériennes militaires) passent par Douchanbé, les seuls vols directs Kaboul étant liés à de mauvaises conditions météorologiques au Tadjikistan. Mais le grand avantage de faire escale à Douchanbé est précisément lié aux conditions climatiques de Kaboul en été : de fortes températures conjuguées à l’altitude font qu’un A340 ne pourra embarquer que cent quarante personnels en été au lieu de deux cent cinquante, d’où un système de navettes par Transall centralisant personnel et matériel sur Douchanbé, où les attendra un avion ayant une charge offerte bien supérieure qu’à KAIA. Mais sinon, nos pilotes et personnels au sol à KAIA sont bien rôdés pour opérer quelles que soient les conditions météo, et je n’ai dans toute la durée de mon mandat jamais eu de décalage ou de gros souci… sauf peut-être pour vous, quand vous partirez à l’issue et en fonction de  votre reportage ! »

Crédits photo © Murielle Delaporte, Kaboul, Afghanistan, 9 juin 2012