S’il est une campagne où la contraction du temps a contraint le commandement et les opérationnels à devancer la manoeuvre en permanence,c’est bien la première phase de Serval commencée mi-janvier et achevée mi-avril avec le début du désengagement des forces françaises du Mali. La rapidité de la manœuvre aéroterrestre mêlée aux caractéristiques d’une entrée en premier a fait de Serval une opération où la “base arrière” n’a jamais vraiment eu le temps de se pré-positionner, mais a dû au contraire accompagner les unités de l’avant en permanence en devançant du mieux possible leurs besoins en eau, vivres, munitions, matériels et vecteurs logistiques. En témoigne le récit du colonel Vélut, chef de corps du bataillon logistique basé à Gao, où il raconte comment, au début des opérations Panthère, certains de ses véhicules ont par exemple été convertis en moyens de transport pour les légionnaires du 2e REP parachutés sur Tombouctou quelques temps plus tôt. C’est ce qu’expliquent également le général Laurent, commandant du soutien des forces aériennes, et le lieutenant-colonel C., chef de l’appui au déploiement au sein du 25e régiment du Génie de l’air. Appartenant précisément au CSFA, les hommes du “25” ont ainsi travaillé en avance de phase et en parfaite synchronisation avec les unités de mêlée, afin de déterminer si les atterrissages sur les pistes sommaires du nord du Mali étaient compatibles avec le type d’opérations mises sur pied par le commandement.
Prendre de vitesse un ennemi déterminé à résister et protéger ses sanctuaires fut la stratégie menée par ce dernier avec succès, ainsi que le souligne le général de Saint Quentin au cours d’un entretien réalisé à Bamako, et qui reflète une anticipation de la menace fondée sur une capacité d’analyse contraire à toute improvisation. Car ce que notent en effet tous les militaires ayant participé à Serval d’une façon ou d’une autre, c’est qu’une telle campagne n’aurait pu voir le jour sans une anticipation des moyens. Faisant écho aux “anciens”, Serval a mis en avant toute une panoplie de savoir-faire acquis au fil des générations, mais qui ne peuvent être redynamisés « d’un simple claquement de doigts», comme le rappelle le général Faupin dans ce numéro, de la même façon que la capacité industrielle sa compagnie sur le fait que l’indispensable faculté de travailler en équipes intégrées entre industriels et militaires «ne s’est pas faite en une nuit».
Car si la définition de l’expression de besoins en matériels et leur évolution dans le temps en termes de gestion de configurations sont généralement bien prises en compte, l’anticipation des besoins en matière de maintien en condition opérationnelle demeure perfectible: c’est le défi majeur que doit notamment relever le général Pinaud, en tant que responsable du MCO des aéronefs militaires, sachant que de ses choix actuels dépend le soutien opérationnel de demain. Toute la difficulté de l’externalisation – tant du point de vue du ministère de la Défense que des industriels – réside précisément dans ce difficile équilibre entre le souci de répondre au “juste besoin” dans un contexte de contraintes budgétaires plus prégnant que jamais, tout en étant capable non seulement d’éviter les ruptures d’approvisionnement, mais aussi de monter en puissance rapidement le moment venu.
Pour le chef d’état-major de l’armée de l’air, il est ainsi « préférable de prendre acte des réductions, mais de continuer à avoir une capacité opérationnelle réelle » en menant une réflexion sur d’autres manières de fonctionner tant en matière de MCO que d’entraînement. Car d’une bonne anticipation des critères de formation et d’entraînement y compris en coalition dépend également à terme l’aptitude militaire de la France à mener d’autres Serval, si telle demeure sa volonté politique. S’il est une campagne où la contraction du temps pour en assurer la production ne peut naître du jour au lendemain. Nick Whitney, responsable du programme HIOS spécialisé dans le soutien du C130 chez Marshall Aerospace, fonde même le succès de sa compagnie sur le fait que l’indispensable faculté de travailler en équipes intégrées entre industriels et militaires “ne s’est pas faite en une nuit”
Crédits photos © Armée de Terre
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