C ’est toujours avec une grande admiration pour le premier aviateur que je me rappelle d’une visite dans ce superbe musée de l’air du Bourget. Le conférencier qui nous recevait avait insisté longuement, et à juste titre, sur le moteur à vapeur développé par Clément Ader pour faire voler l’Éole. Une incroyable innovation pour optimiser de manière significative le rapport poussée sur poids (à cette époque, on parlait de puissance en CV par rapport au poids) qui va lui permettre le 9 octobre 1890, dans le parc d’un château proche de Paris d’élever, pour la première fois, au-dessus du sol un engin plus lourd que l’air, à moteur et à hélice. Aujourd’hui, un lien Internet envoyé par un ami aviateur : un avion biplace à moteur électrique vient de faire un vol de 10 minutes. La machine a atterri avec succès puis s’est immédiatement envolée à nouveau pour un deuxième vol. Un peu plus de 120 ans après Ader, la même passion, la même inventivité, le même besoin d’innover !

Depuis Clément Ader, l’aéronautique n’a cessé d’innover. Qu’elle soit civile ou militaire, d’ailleurs. Au vu de son extraordinaire développement, vous penserez que j’enfonce une porte ouverte en disant cela. Vous penserez aussi et à juste titre qu’innover n’est pas le propre de l’aéronautique. On innove dans tous les domaines.

C’est vrai, mais dans l’aéronautique, l’innovation est plus qu’ailleurs indispensable. En effet, dans ce domaine, la mission (et dans le mot mission s’inscrit celui de sécurité) est conditionnée par la technique; parce que les contraintes sont énormes, parce que la troisième dimension sans soutien technique n’est pas celle de l’homme, les aviateurs ont compris tout de suite qu’ils devaient innover en permanence et très vite. Toute évolution de la mission conduit à une innovation technologique. L’inverse est tout aussi vrai. Toute innovation technique va permettre d’innover dans la mission et dans la réflexion stratégique.

En aéronautique, l’innovation est rassembleuse. Industriels et opérateurs de toutes spécialités (on parle toujours du tandem pilote-mécano, mais qui inclut toutes les spécialités de l’aéronautique) ne cessent depuis le début de travailler toujours plus ensemble. Une intimité reconnue pour pouvoir répondre aux exigences opérationnelles, aux contraintes fortes de sécurité et aux contraintes financières toujours plus dures. Tous ceux qui iront au Salon du Bourget verront ces capacités d’innovation des ingénieurs des petites et grandes entreprises dans ce domaine.

Tous les lecteurs de ce numéro de Soutien Logistique Défense verront aussi comment l’armée de l’air, et j’ajouterais l’aéronautique militaire, françaises ne cessent d’innover en état-major et sur le terrain dans les domaines opérationnels et du soutien pour renforcer leur efficacité quand elles sont engagées, comme en ce moment avec un très grand succès au Mali.

Innover, c’est mettre de la nouveauté dans un domaine. En fait, c’est s’affranchir de la gravité de la pensée du passé pour avoir des idées neuves et pragmatiques. C’est sans doute pour cela que l’aviateur porte en lui le germe de l’innovation comme aime à le souligner le général Denis Mercier, chef d’état-major de l’armée de l’air.w