Crédits photos © Armée de Terre
AQMI, Ansar Dine, Shebab, Boko Haram. Autant de groupes terroristes qui font régulièrement la une de l’actualité et auxquels la France est aujourd’hui quotidiennement confronté dans le cadre de la lutte antiterroriste. Au Mali, un coup dur leur a été porté dans le cadre de l’opération Serval, même si la résurgence des groupes terroristes repliés en Algérie, au Niger ou en Libye est aujourd’hui une réalité. 1600 soldats français sont toujours déployés au Mali, essentiellement dans la région de Gao. En Somalie, les militaires français du COS et de la DGSE ont essuyé un échec cuisant face aux Shebab, en janvier 2013, pour tenter de libérer l’otage Denis Allex. La situation inquiète de plus en plus les pays frontaliers tant les actions terroristes des Shebab s’intensifient essentiellement au Kenya.
En Centrafrique, aujourd’hui, l’opération Sangaris continue à se déployer dans l’ouest et l’est du pays pour tenter de sécuriser ses frontières toujours poreuses. A l’ouest, comme l’a indiqué l’état-major des armées, les militaires français ont patrouillé dernièrement dans la région de Paoua à quelques kilomètres des frontières tchadiennes et camerounaises. Là où précisément des militaires français ont été confronté à une colonne de pick-up, un premier sérieux accrochage pour Sangaris. C’est également dans cette zone où des infiltrations de membres de Boko Haram ont été rapportées à plusieurs reprises. Le groupe implanté au Nigeria a appelé à se venger contre les chrétiens anti-balaka qui ont attaqué les musulmans de l’ex-séléka au cours de ces derniers mois.
Dans ce contexte de plus en plus tendu, la France réorganise son dispositif militaire, à travers toute cette bande sahélo-sahélienne, essentiellement articulé autour de moyens clefs de renseignement. Le député Gwendal Rouillard, membre de la commission de défense et des forces armées, a fait partie d’une tournée parlementaire pour évaluer ce dispositif au cours de la semaine dernière. Un déplacement qui les a amené à Bambari en Centrafrique. « C’est un dispositif cohérent » qui évolue en Afrique, nous a-t-il souligné. Se disant également « admiratif » du travail réalisé par les soldats français en Centrafrique, même si les conditions sont rustiques. « Il y avait d’autres priorités urgentes » lors du déclenchement de l’opération Sangaris. Les choses tendent aujourd’hui à s’améliorer notamment pour que les soldats bénéficient en large partie de tentes climatisées.
A l’est, Les Forces Spéciales françaises et américaines sont toujours basées à Djibouti pour se déployer dans la Corne de l’Afrique. Les drones américains MQ-1 et MQ-9 offrent chaque jour un renseignement et un appui conséquent aux opérations antiterorristes menées en Somalie et au Yémen. Des drones américains sont également basés en Ethiopie, en Ouganda ou encore aux Seychelles.
C’est à Niamey où les drones américains côtoient également les drones français (Harfang et Reaper). C’est un site clef dans le cadre de la surveillance des mouvements terroristes entre le sud de la Libye, le nord du Niger et le nord du Mali. Aujourd’hui, les engins sans pilote de l’armée de l’air française et de l’US Air Force sont employés dans le cadre de la mobilisation générale déclenchée pour localiser 200 jeunes filles otages de Boko Haram dans le nord du Nigéria. Le président de la République François Hollande a également souligné que les avions Rafale basés à Niamey fournissaient un appui dans le cadre de ces opérations de recherche. Il est à craindre que les otages ont été séparés et qu’ils aient pu même être transférés dans le nord du Cameroun. Une zone qui échappe au contrôle des forces gouvernementales, aussi bien nigérianes que camerounaises, depuis laquelle des otages français ont déjà pu être libérés.
L’armée française conserve également des sites stratégiques dans le cadre du soutien et de la logistique nécessaires à la bonne réalisation des opérations partout en Afrique. En Côte d’Ivoire, 400 soldats français installés à Port-Bouët et à Abidjan assurent une permanence logistique pour un déploiement de forces partour dans le Sahel. A Dakar, au Sénégal, 250 autres militaires entretiennent des moyens d’accueil de bâtiments de la marine (BPC) et d’aéronefs de l’armée de l’air (Transall, Awacs, par exemple). La mission Corymbe dans le golfe de Guinée assure en outre une permanence à la mer (au moins un bâtiment dans la zone). Au Gabon, la France dispose aussi d’un atout grâce à un hub logistique se révélant particulièrement utile notamment dans le cadre du soutien apporté aux opérations en Centrafrique. Enfin, au Burkina Faso, le COS et la DGSE disposent d’une base stratégique pour conduire des opérations de renseignement et d’action dans toute la région.
Comme l’on souligné à plusieurs reprises les responsables français et américains, les pays africains doivent aussi s’en remettre à eux-mêmes s’ils souhaitent que la lutte antiterroriste au Sahel soit transfrontalière. C’est dans cette optique que le G5 du Sahel a été crée regroupant la Mauritanie, le Mali, le Tchad, le Niger et le Burkina Faso. Une coopération africaine au sein de laquelle la France dispose évidemment d’une place de premier plan.
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