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Le vol MH17 ralliait normalement aujourd’hui Amterdam à Kuala Lumpur lorsqu’il s’est écrasé avec 298 personnes à bord entre Krasni Luch et Donetsk, en territoire ukrainien à quelques dizaines de kilomètres de la frontière russe. Au-delà de la tragédie que représente ce crash pour le transport aérien, il est important de se poser quelques questions simples et essentielles. Pourquoi et comment cet avion a été abattu ? 

Maintenant qu’il ne fait effectivement plus aucun doute que le Boeing 777 ait été abattu par un missile sol-air, il n’existe pas une multitude de scénarios possibles. Soit les ukrainiens sont à l’origine de ce tir, ce qui est peu probable, soit les russes en sont les protagonistes, ce qui est hautement probable.

Pour abattre un tel avion à 10km d’altitude, les tireurs ont pu utiliser un missile sol-air Buk à longue portée. A différencier d’un missile anti-aérien à courte portée, communément appelée en anglais Man Portable Air Defense System (MANPADS). Les MANPADS peuvent notamment être de type SA-7 tels que ceux pouvant être en possession des groupes djihadistes en Libye ou dans le Sinaï. Quant au missile Buk, il est de fabrication russe, les autorités russes ont reconnu en avoir déployés en territoire russe à proximité de la frontière ukrainienne. Mais aucune preuve ne permet d’affirmer leur présence en territoire ukrainien, alors que de nombreux matériels russes ont été livrés aux combattants séparatistes agissant dans la région de Donetsk. Des chars et des blindés auraient même franchi la frontière russo-ukrainienne au cours de ces derniers jours.

Le système anti-aérien Buk, ou SA-17 selon les codes otaniens, est donc en mesure de réaliser un tel tir. C’est la thèse avancée officiellement par les autorités ukrainiennes. Sa portée est de 50 kilomètres donc l’hypothèse d’un missile tiré depuis le territoire russe est plausible. L’armée ukrainienne possédait avant l’éclatement de la crise une demi-douzaine de batteries de ce type, certaines ont-elles terminé entre les mains des combattants russes ? Ces derniers ont-ils pu être formés à leur utilisation par des militaires russes ? Rien ne permet de l’exclure pour le moment.

Parmi les autres systèmes anti-aériens de conception russe, le S-300 et le S-400 sont également en mesure d’effectuer un tir sur un avion de ligne évoluant à cette altitude. Leur portée est plus longue et ils peuvent évoluer à une plus grande altitude que le Buk. Mais leur déploiement dans cette région depuis le début de l’année 2014 n’a pas été indiqué.

Beaucoup d’autres interrogations restent en suspens. Ce tir était-il ou non volontaire ? S’il y a méprise, risque-t-elle d’être reconnue au terme d’une enquête internationale ? Quelles conséquences cet évènement peut-il avoir sur la suite de la crise séparatiste qui sévit depuis plusieurs mois dans l’est de l’Ukraine ? Autant de questions qui ne trouveront pas toutes immédiatement une réponse. L’enquête internationale, souhaitée par plusieurs pays dont les Etats-Unis et l’Europe, rencontrera certainement des réticences du côté russe. A commencer par l’analyse des boîtes noires dont une serait entre les mains des séparatistes.

Mise à jour : Les secouristes ont annoncé avoir retrouvé vendredi matin une boîte noire sur le site du crash.