Les déclinaisons possibles de la défense nationale française de demain : quelques propositions de présidentiables (3)
I. Les défenseurs d’un changement de paradigme et le retour à une armée de conscription: Arnaud Montebourg, un projet France[1] qui remet le service national au goût du jour
Plus étonnant de prime abord sur l’échiquier politique contemporain, le positionnement d’Arnaud Montebourg en faveur du rétablissement du service national apparaît comme le pendant naturel de son patriotisme économique.
En effet, AM parle du rétablissement – voire plutôt de l’établissement – en l’occurrence d’un service national, civil et militaire égalitaire et universel d’une durée de six mois. L’ambition de Montebourg est double : d’une part, soulager l’armée d’active dans sa lutte contre le terrorisme et d’autre part, refaire de l’armée un creuset où se forge la cohésion nationale. On devine à partir des propose d’AM que ce dernier souhaite que les professionnels des forces armées se concentrent quasi exclusivement sur les opérations extérieures et que la mission Vigipirate relève davantage d’une armée mixte composée d’engagés et de conscrits. On retrouve au travers du projet du candidat à la primaire socialiste l’ambition républicaine initiale de faire de chaque citoyen un acteur à part entière de la défense de la Cité et du vivre-ensemble, de transcender son origine sociale et communautaire en adhérant au projet républicain. Le candidat Montebourg n’hésite pas, lors de ses discours, à inciter son auditoire à réapprendre la « camaraderie ».
A l’instar de JLM et MLP, AM s’est prononcé assez récemment pour la sortie de la France du commandement intégré de l’OTAN. Défenseur du “made in France”, ce dernier s’est aussi insurgé quant au fait que le remplaçant annoncé du FAMAS ne soit pas français, AM insistant sur le fait qu’en matière de défense nationale il lui semblait essentiel que la France garde son autonomie et son indépendance. On l’aura compris, les éléments relatifs à la défense nationale sont aussi potentiellement autant d’éléments permettant de se démarquer de la politique menée par un gouvernement dont il fut membre durant un moment important. Néogaulliste de gauche, AM préconise une diplomatie située à équidistance de celle des Etats-Unis et de la Russie d’où la nécessité pour lui de conserver une défense nationale forte pour peser de manière concrète au niveau des grandes puissances. Nullement opposé au nucléaire, ne restant pas enfermé dans des carcans idéologiques, AM est lui aussi partisan d’une VIe République depuis de nombreuses années. Préconisant la politique de la chaise vide et souhaitant la suspension de la participation de la France aux Traités européens non conforme à ses intérêts, AM s’affirme comme un pragmatique progressiste patriotique et fait de l’armée un outil de redéfinition du contrat social qui nous lie les uns aux autres.
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Note