(source: Michel Cabirol, La Tribune)

Au cœur de l’été, le 9 août, le gouvernement a nommé Joël Barre en tant que nouveau délégué général pour l’armement (DGA). L’ancien numéro deux du CNES, devenu général cinq étoiles par la grâce de sa nomination, sera notamment chargé avec le chef d’état-major des armées et le secrétaire général pour l’administration, de préparer la nouvelle loi de programmation militaire (LPM). Il devra également trouver 850 millions d’euros d’économies sur le programme 146 (Équipement) à la suite des coupes budgétaires imposées par Emmanuel Macron. Voici ses cinq grands défis.

1/ Trouver 850 millions d’économies sur les équipements en 2017

C’est le dossier de très court terme à traiter par Joël Barre. Arrivé en août à l’issue de la crise entre le chef d’état-major des armées (CEMA) et Emmanuel Macron sur le budget 2017, le nouveau DGA doit se coltiner un dossier à la fois rasant et enquiquinant. En tant que copilote avec le CEMA du programme 146 (budget des équipements militaires), il doit trouver 850 millions d’euros d’économies voulues par Bercy et validées par l’Elysée sur cet agrégat à quatre mois de la fin de l’année. Soit environ 15% des crédits du programme 146 si on met à part les crédits intouchables pour la dissuasion. La marge de manœuvre est donc très, très réduite aussi bien en termes de calendrier (à quatre mois de la fin de l’année) et en termes de consommation de crédits – on évoque plus de 90% de crédits déjà consommés. Autant dire que Joël Barre ne va pas se faire que des amis auprès des industriels, dont certains vont être impactés par les décisions prises par le nouveau DGA contrairement à ce qu’a promis Emmanuel Macron.

Le ministère des Armées a déjà trouvé des solutions vieilles comme le monde. C’est évidemment du bricolage mais de bonne guerre. L’une d’elles consiste à jouer sur la trésorerie pour absorber une bonne moitié des 850 millions d’euros, comme par exemple ne pas payer une partie des versements de la France à des organismes de défense européens comme l’OCCAR (Organisation conjointe de coopération en matière d’armement), ou l’agence NAHEMA (Nato Helicopter Management Agency). Mais la France devra payer en 2018 …  On évoque également des économies de gestion passant par une optimisation des achats. Enfin, un autre volet porte “pour les quelques 400 millions restants” sur les contrats, livraisons et commandes, selon Reuters.

Cette tactique budgétaire consiste à étaler dans le temps des programmes et à réduire la cible d’acquisition, ce qui augmenterait le “report de charges” du ministère de 400 millions d’euros pour atteindre 3,5 milliards d’euros à fin 2017 (3,1 milliards fin 2016). Ces décalages calendaires pèsent sur les troupes, en attente pressante d’équipements sur les théâtres extérieurs. Ainsi, selon nos informations, toutes les commandes sont annulées jusqu’au 1er janvier 2018, y compris celles décidées par le conseil de défense après les attentats de novembre 2015. Soit un manque à gagner de 10% pour les industriels sur le paiement de chaque programme reporté à 2018.

Qui va trinquer ? Certainement les petits contrats de modernisation ou d’acquisition souvent nécessaires – ou impératifs – aux armées dans le cadre des opérations extérieures (OPEX). En revanche, les grands programmes vont passer entre les gouttes, estime un bon connaisseur de ces dossiers. Selon Reuters, l’hypothèse d’annulations de contrats n’est pas exclue et pourrait porter sur 20% des 400 millions d’euros visés. A charge à la DGA de négocier avec les industriels concernés.

2/ Préparation de la Loi de programmation militaire

C’est également un dossier de court terme. La loi de programmation militaire 2019-2025 (LPM) doit être présentée au conseil d’État en janvier 2018, selon les vœux du gouvernement. Autant dire que la préparation va être menée tambour battant. La ministre des Armées a lancé, le 30 juin dernier, les travaux d’une revue stratégique de défense et de sécurité visant à actualiser ceux qui avaient été menés dans le cadre des Livres blancs ayant précédé les deux LPM précédentes. Ils visent à prendre en compte les nouvelles menaces qu’il faut comprendre et anticiper. Une quinzaine de personnes a été réunie autour du député européen Arnaud Danjean. Cette revue permettra de préparer l’élaboration de la prochaine LPM.

 

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Crédits photo: CNES / Emmanuel Grimault