L’auteur de « Vietnam, qu’as-tu fait de tes fils ? » et de nombreux ouvrages consacrés à la guerre qu’il a menée en Indochine, ainsi qu’à la Chine, au Japon, au Vietnam et au Tchad1, l’ancien reporter de guerre pour l’Express, le Time, ou encore le Figaro, l’ancien blessé de guerre et prisonnier du Viet-Minh, nous a quitté voici quelques jours à l’âge de quatre-vingt-onze ans.
Ses récits resteront ancrés dans nos mémoires comme autant de témoignages uniques résonnant contre vents et marées2.

Nous lui rendons ici hommage et relayons ci-dessous le communiqué de l’Association des journalistes de défense dont il avait été le co-fondateur en 1979. L’AJD nous transmet par ce biais l’hommage de son ami, Frédéric Pons.

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1 Bibliographie, telle que publiée dans >>> https://www.theatrum-belli.com/deces-de-pierre-darcourt-fondateur-de-lassociation-des-journalistes-de-defense/

  • « De Lattre au Viet-Nam – Une année de victoires » (1965),
  • « Requiem pour l’Église de Chine » (1969),
  • « Armée d’Afrique – La revanche des drapeaux » (1972),
  • « Vietnam, qu’as-tu fait de tes fils ? » (1976),
  • « La Défaite Indochinoise » (1976),
  • « Bay Viên, le maître de Cho Lon » (1977),
  • « La Mort Dans Les Yeux » (avec les commandos britanniques en Inde, 1997).
  • « Le roi des Bergers » (chroniques du maquis corse, 1994),
  • « Tchad, le chemin de la liberté » (1999),
  • « Le Tchad, 15 ans après – Hissène Habré, la Libye et le pétrole » (2001).
  • « L’Honneur et le sang – les guerriers sacrifiés » (2008).

2 voir sa biographie en version courte >>> https://www.babelio.com/auteur/Pierre-Darcourt/134695

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Communiqué de l’AJD

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                           Paris, dimanche 03 décembre 2017,

C’est avec tristesse que le bureau de l’AJD a appris le décès de Pierre Darcourt, ce vendredi 1er décembre, à l’Hôpital militaire de Begin de Saint-Mandé.
Journaliste, reporter de guerre, fondateur de l’AJD et président d’honneur de notre association, Pierre aura été un modèle pour de nombreux confrères, une légende pour les plus jeunes d’entre nous
Pierre sera « allé au bout de ses forces », sans rien concéder à la passion qui l’animait : à 91 ans, il préparait encore avec l’ECPAD un nouveau film sur les événements qui marquèrent sa vie de jeune homme et de professionnel chevronné.
L’AJD présente ses condoléance les plus sincères à ses proches. Le bureau ne manquera pas de s’associer aux hommages qui lui seront rendus : dès la semaine prochaine lors de son enterrement en l’église de Soveria, en Corse, sa terre natale ; en janvier prochain, à l’occasion d’une messe à son intention en la Cathédrale Saint-Louis des invalides, à Paris

Pour ceux qui ne connaissaient pas bien Pierre, l’hommage de Frédéric Pons, président de l’AJD de 2002 à 2010.

 

Hommage à Pierre Darcourt

J’ai brûlé un cierge cet après-midi dans la cathédrale de Saigon (photo), en hommage à l’ami Pierre Darcourt, disparu à l’âge de 91 ans. Des jeunes filles espiègles et des dames endimanchées m’ont souri. Pierre aurait aimé.
J’ai appris sa mort dans cette ville de Saïgon-Cholon où il naquit, en 1926. Ce fils de l’Empire aimait l’Asie, « les Viets ». Il avait risqué sa vie pour eux, contre eux. Résistant très jeune face aux Japonais, puis emprisonné par le Vietminh, évadé, ce combattant né, intelligent et courageux, aimait le baroud, la fraternité d’armes, « la route » qu’il avait faite en Asie, y compris pendant la guerre américaine, puis en Afrique, d’abord comme soldat – dans les bagages de de Lattre – puis comme journaliste reporter de guerre, pour l’Express, l’Aurore, le Time, l’agence de presse japonaise Jiji Press et le Figaro.
Blessé deux fois, l’ancien élève des écoles de Saïgon et de l’université d’Hanoï avait aussi écrit de nombreux ouvrages sur l’Asie et l’Afrique. Sa parfaite connaissance de la petite et de la grande histoire venait toujours enrichir son grand sens de l’observation et de l’humain. Son livre sur les dernières années du Vietnam libre, « Viet Nam, qu’as-tu fait de tes fils », est une formidable saga des dernières semaines de la guerre contre le Nord communiste, jusqu’en avril 1975. Le Prix Erwan Bergot de l’Armée de terre avait couronné en 2012 un de ses derniers livres, « L’Honneur et le sang », magnifique hommage aux guerriers sacrifiés de 1940.
En 1979, Pierre Darcourt avait fondé, avec son complice Pierre Sainderichin de France-Soir, l’Association des journalistes professionnels de la Défense (AJD). Des générations de jeunes reporters de guerre l’ont connu à cette époque et gardent en mémoire le souvenir de reportages mémorables, au Tchad, en Corée ou ailleurs. Il avait le culte de « la piste », de cette route qui, à ses yeux, faisait le tri entre les bons et…. les autres.
En 2002, il me persuadait de me présenter à la présidence de cette AJD qui venait de connaître quelques déboires. « C’est à ton tour de restituer ce qu’on t’a donné… » m’avait-il dit, toujours aussi sybillin. J’avais obéi à l’’ancien. J’en avais pris pour huit ans de présidence, éclairé à intervalles réguliers par les conseils rugueux de cet aîné qui m’avait initié à l’histoire vivante de l’Indochine, à un argot militaro-journalistique absolument savoureux, aux subtilités et à l’humour de la politique corse. Adieu camarade. De Saïgon-Cholon, un de tes cadets te salue avec respect et fraternité.

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Photo ©  www.amazon.com/Vietnam-quas-fait-tes-fils