On ne le mesure que rarement mais Paris subit de plein fouet les effets de la Première Guerre mondiale. Bien évidemment elle ne fut pas une ville martyre comme le fut Verdun mais, très vite, et ce dès le début du conflit, la ligne de front ne fut qu’à quelques dizaines de kilomètres de la capitale française ce qui eut des conséquences de taille pour la ville lumière. De facto, la Grande Guerre sera une des périodes les plus douloureuses des 150 dernières années pour Paris avec le siège de 1870-1871 et l’épisode de la Commune ainsi que l’Occupation.

Ainsi, il n’est pas exagéré de dire que même si les combats n’ont pas touché la ville de Paris directement, cette dernière a vécu au rythme du conflit. N’oublions pas en effet que Paris sera soumis aux bombardements aériens ennemis via les dirigeables et connaîtra de nombreuses victimes suite à l’explosion de dépôts de munitions ou d’usine d’assemblage. De plus, la gare de l’Est deviendra rapidement le point de ralliement de millions de soldats et un des passages majeurs pour ceux qui combattirent sur le front. Enfin, la rapide poussée allemande créera dès le début de la guerre un exode massif des populations civiles françaises mais aussi belges vers la capitale.

Dès les premiers mois du conflit les stocks de farine, de lait, de viande sont constitués. Avec l’enlisement de ce dernier, les pénuries deviendront chroniques à compter de l’hiver 1915 non seulement en vivre mais aussi en charbon. De même, de plus en plus de famille se retrouveront endeuillées et plongeront dans le désarroi au fur et à mesure que la guerre perdurera. La fréquentation des soupes populaires municipales ira en s’accentuant et le taux de chômage connaîtra dans les premiers mois du conflit une très forte augmentation jusqu’à ce que l’économie de guerre et les industries d’armement en viennent à prendre le relais de l’activité et permette la relance. Ainsi, les usines Renault ou Citroën ainsi que de nombreux ateliers de production connaîtront un véritable essor durant la Première Guerre mondiale.

Les parisiens seront aussi soumis à des restrictions d’éclairage tant public que privé et se verront interdire la vente et la production d’absinthe et rationner la consommation d’alcool aux heures des repas. Paris en Guerre n’est donc plus tout à fait Paris, la ville lumière se retrouvant privé de ses feux et de la magie de la Belle époque.

Paris en guerre verra aussi l’éclosion de profondes transformations sociales la première desquelles étant l’émancipation des femmes amenées à occuper des métiers d’hommes par défaut de présence de ces derniers.

Enfin, n’oublions pas de souligner que le cosmopolitisme forcé que connaîtra Paris durant la Première Guerre mondiale aura pour effet de faire découvrir de nouveaux spectacles (ballets de Diaghilev), de nouvelle musique tel que le Jazz et de provoquer la naissance de nouveaux mouvements littéraires et picturaux tels que le surréalisme, le cubisme, le dadaïsme…

Durant “14-18”, les soldats connurent l’horreur au front et ceux de l’arrière les privations, les souffrances et bien souvent la misère. La Grande Guerre signa non seulement l’éclatement d’un monde mais aussi l’affirmation de nouveaux tant au niveau géopolitique, que sociétal et artistique. Sur les décombres des Empires d’hier allait croître à la fois de nouvelles solidarités tout comme de nouveaux Léviathans…

Source photo: ECPAD

Pour en savoir plus lire: Pierre Darmon, Vivre à Paris durant la Grande Guerre, Fayard.