Le narcotrafic a pris depuis plus d’une dizaine d’années une envergure inquiétante au Mexique. Certaines zones subissent en effet l’influence des cartels de la drogue dans des proportions qui dépassent largement le niveau du gangstérisme pour atteindre celui d’une organisation paramilitaire capable de tenir tête, non seulement aux forces policières, mais aussi aux forces fédérales militaires mexicaines.

6 cartels[1] ont aujourd’hui la main mise sur certaines régions du Mexique et se partagent le trafic de cocaïne, d’héroïne, de marijuana, de méthamphétamines mais aussi tous les types de trafics d’êtres humains et d’armes qui minent l’état mexicain. La violence engendrée par ces cartels qui font régner leur loi par la terreur et la corruption a fait plus de 23 000 victimes en 2016, ce qui fait du Mexique le second pays au monde à générer le plus d’assassinats derrière la Syrie…

Cette mainmise des principaux cartels ne signifient pas pour autant que le phénomène ne connaisse pas de prolifération. En effet, on sait aujourd’hui que des dizaines de gangs tentent d’exister à côte de ces multinationales du crime ce qui a pour effet induit l’explosion de la violence au Mexique et la création d’un état insurrectionnel permanent. Face à ces métastases du crime organisé et à la corruption grandissante au sein du pays, la population civile s’est organisé sous la forme de groupes civils d’autodéfense, triste duplication de l’histoire de la Colombie, qui minent encore un peu plus la cohésion du pays et affirme sa dérive paramilitaire. Il faut dire que les exactions commises par les cartels mexicains n’ont rien à envier en termes de cruauté et de sadisme à celles commises et mises en scène par l’Etat islamique.

Equipés d’armement paramilitaires, faisant couramment usage d’engins explosifs improvisés, les cartels disputent aujourd’hui dans leurs zones d’influence le monopole de la force à l’Etat à l’instar de que ce firent des narcotrafiquants tel que Pablo Escobar en Colombie. La montée en puissance de ces cartels, la corruption qu’ils engendrent et la faillite de l’état de droit qu’ils promettent représentent non seulement un risque majeur pour la survie de l’Etat mexicain mais aussi une menace d’envergure pour les Etats-Unis d’Amérique, principale destination du narcotrafic andin. Autrefois intermédiaires des mafias colombiennes, les cartels mexicains opèrent désormais à leur compte et ont réussi à étendre leur influence néfaste au sein de plus de 2 500 villes américaines. On estime par exemple que Joaquin Guzman Loera surnommé « El Chapo » récemment arrêté et qui fut le chef du cartel de Sinaloa aurait recruté plusieurs milliers de délinquants rien que dans la ville de Chicago, ville au sein de laquelle il aurait fait transité plus de 2 tonnes de cocaïne par mois.

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[1] Il s’agit des cartels de Sinaloa, du Golfe, des Zetas, des Caballeros Templarios et d’Arellano Felix.

Photographie telle que reproduite sur le site: http://www.europe1.fr/international/mexique-vers-une-legalisation-des-drogues-727797