Les cartels mexicains ont aujourd’hui atteint une influence internationale, faisant régner la terreur jusqu’aux pays limitrophes et profitant de toutes les failles des pays frontaliers. De plus, ces derniers accroissent leur puissance de feu via le développement du trafic illégal d’armes depuis les Etats-Unis, faisant du second amendement un moyen pour l’accroissement de leur arsenal paramilitaire.

Le cartel des Zetas a ainsi des relais dans les Etats du Texas, de l’Arizona, du Tennessee, de l’Oklahoma mais aussi au Guatemala et au Honduras notamment où ils installés durablement leur influence profitant de la faiblesse de la gouvernance et des institutions en place. Ce type de cartel a recruté d’anciens militaires pour former et encadrer leurs membres et les initier aux techniques de la guérilla et des principes de la guerre asymétrique. Ces derniers n’ont donc rien à envier aux FARC ou autres ELN de Colombie à l’époque de leur apogée. De plus, les Zetas ont créé une unité de femmes appelées les Panteras, spécialisées dans le chantage, le recueil de renseignements voire l’assassinat ciblé s’inspirant en cela des méthodes des opérations noires usitées au sein de certaines agences internationales de renseignements notamment durant la Seconde Guerre mondiale et la guerre froide.

Lancée dans les années 1970 par Nixon, la lutte antidrogue a muté en guerre antidrogue dans certains pays comme le Mexique. Face à des gangs dits de troisième génération[1], équipés comme des paramilitaires et faisant usage d’une violence et d’une barbarie qui n’a rien à envier à celle employée par les groupes terroristes les plus actifs de la planète, il est urgent de comprendre que la solution militaire ne suffit pas. Ainsi, même si les forces armées mexicaines parviennent à arrêter les chefs de cartels de manière régulière, elles ne parviennent pas à endiguer et encore moins à éradiquer le trafic de drogue. Les actions spectaculaires telles la récente arrestation de « Z43 », chef du cartel des Zetas en février 2018 n’a pas mis un coup d’arrêt à l’influence néfaste de cette organisation. De facto, ces dernières sont des plus résilientes et leur zone d’influence et de collaboration a désormais traversé l’Atlantique, des connexions ayant été établies avec Cosa Nostra et la Camorra italiennes ainsi qu’avec certaines entités mafieuses et terroristes implantées en Afrique de l’ouest.

Dans cette lutte contre insurrectionnelle, l’action militaire est nécessaire mais non suffisante. En effet, elle n’éradique en rien la portée des questions relatives à la demande des consommateurs ni à la reconversion des terres agricoles concernées par la culture de la coca, du pavot ou de la marijuana. De plus, face à des organisations criminelles paramilitaires à l’influence internationale, la réponse adaptée ne pourra être mise en place qu’à l’échelle internationale via une meilleure compréhension des cultures des peuples en présence et au renforcement de la coopération entre Etats. En ce sens, les clauses de l’Initiative de Merida paraissent insuffisantes.

Le risque majeur associé à la montée en puissance de cette narco insurrection réside dans le fait que la population finisse par penser que l’état est en réalité impuissant face aux cartels et que, face à ce constat,  l’état de droit cède définitivement la place à la loi du plus fort.

[1] L’influence et la puissance de ces gangs sont très justement dépeintes dans les films Traffic (Steven Soderbergh 2000) et Cartel (The Counselor, 2013, Ridley Scott). A noter que devrait sortir en 2019 The Cartel avec Leonardo di caprio, film s’inspirant de la vie du trafiquant El Chapo.

Photographie telle que reproduite sur le site: https://www.20minutes.fr/magazine/narcos/coulisses-de-la-lutte/dea-vs-cartels-histoire-dune-guerre-meconnue-15757/