La première attaque d’envergure contre la ligne Hindenburg fut lancée le 26 septembre par Foch et menée principalement par les corps expéditionnaires américain et canadien lors des offensives de Champagne et d’Argonne. Le 29, lors de la bataille de Saint-Quentin menait par Haig, la ligne fut enfoncée et la rupture de cette dernière cassa définitivement le moral de l’armée allemande. Dès lors, les phénomènes de redditions spontanées vont se multiplier. Les allemands comprennent que la guerre a pris un tournant irréversible et que la défaite est inévitable. Il convient ici de noter que les opérations d’envergure de Champagne et d’Argonne furent rendues possibles par le travail de sape ininterrompue menée par l’artillerie ainsi que par les attaques ponctuelles des troupes alliées depuis la mi-septembre. De plus, les troupes anglaises et néo-zélandaises avaient remporté un succès significatif lors de la bataille d’Havrincourt le 12 septembre, bataille qui prouvait désormais à la troupe que la ligne Hindenburg était à portée de baïonnettes. Une fois la ligne Hindenburg rompue, soit tout début octobre à la suite de la victoire du canal du Nord remportée par les britanniques et les canadiens, la guerre de mouvement si chère à Foch est définitivement lancée et plus rien ne l’arrêtera. Dans la foulée des offensives de Champagne et d’Argonne, les belges et les britanniques lancent la cinquième bataille d’Ypres, succès mais qui aura encore un coût terriblement élevé en termes de pertes de vies humaines.

Face à cette bérézina, Ludendorff dut se résoudre à envisager d’en finir avec la Grande Guerre et de conclure un armistice qui serait favorable à l’Allemagne sur la base des 14 points énoncés par le président américain Wilson. Ceci poussa les allemands à tenter de négocier la paix de manière privilégiée avec les américains, Ludendorff souhaitant que l’Allemagne ne connaisse pas une humiliation semblable à celle de la France aux lendemains de la défaite de 1870. La tentative de Ludendorff se solda par un échec cuisant, les britanniques et les français insistant par ailleurs pour que la monarchie allemande soit abolie. L’évocation de cette exigence fut vécue comme un affront par Ludendorff qui décida de poursuivre les combats.

Après la bataille de Cambrai des 8 et 9 octobre, la ligne Hindenburg est définitivement transpercée et c’est désormais des combats de percée qui ont lieu, l’armée allemande ne faisant par sa résistance que retarder l’inéluctable. Aveuglé par son nationalisme, Ludendorff commence à prévoir des plans de guérilla urbaine en cas d’invasion du territoire allemand par les alliés et ordonne à ses Sturmtruppen de continuer de mener des actions de combat particulièrement violentes contre les troupes canadiennes, françaises et britanniques. Mais rien n’y fera plus, l’avancée des troupes alliées ne peut être stoppée et le 26 octobre le Kaiser limoge Ludendorff pour insubordination avant d’en venir à abdiquer lui-même. Dès lors la signature de l’armistice ne sera plus qu’une question de jours. Le 11 novembre à cinq heures du matin l’Armistice fut signé dans la forêt de Compiègne à bord d’un train. A onze, alors que nous étions le 11e jour du 11e mois de l’année, le bruit des canons s’estompa sur le front Ouest. S’installa alors un silence que beaucoup de vétérans décrivirent comme un silence de mort le long de cette balafre géographique qu’était devenue le front de l’Ouest durant ces quatre années de terribles combats dont les conséquences allaient continuer de transformer la face du monde alors même qu’une nouvelle bataille faisait jour sur un nouveau front à l’Est…

Photographie telle que reproduite sur le site: https://acierettranchees.wordpress.com/2017/11/29/bataille-de-cambrai-2-contre-attaque-allemande-riga-et-caporetto-en-reduction/