(Histoire militaire / Brève) – En cette triste période de pandémie et de confinement pour notre pays frappé à son tour par un nouveau type de coronavirus appelé « Covid 19 », l’Histoire, une fois encore, peut nous aider à relativiser notre désarroi et nous aider à nourrir notre résilience.

Plongeons-nous pour cela dans le passé de notre pays, et revenons en arrière jusqu’à l’année 1348. Philippe VI est roi de France depuis 1328 et vient d’ouvrir une nouvelle lignée, les Valois, qui en remplacement des Capétiens directs (victimes de la malédiction de Jacques de Molay ?), régneront durant deux siècles et demi sur notre pays. En conflit ouvert depuis 1337 avec Edouard III d’Angleterre, les Français ne savent pas encore qu’ils sont entrés dans une guerre qui va durer plus de cent ans et qui ne prendra fin qu’en 1453 avec la Bataille de Castillon. Pour l’heure, l’imaginaire des français a été frappé par deux fois de manière cruelle lors de deux batailles qui sont restées comme de terribles défaites dans notre Histoire : la bataille navale de l’Ecluse de 1340, date à laquelle Edouard III se proclame roi de France, et la bataille de Crécy de 1346 où les archers anglais entrent dans l’histoire et signe une rupture stratégique majeure dans l’art de la guerre. Un an plus tard, une autre épreuve frappe le peuple de France avec la chute de Calais qui est abandonnée par Philippe VI et tombe entre les mains des Anglais. Edouard III reprend possession de ses terres en Aquitaine et la lutte se poursuit en Bretagne et en Guyenne. Philippe VI règne donc sur un pays en guerre, vaincu, humilié et ruiné. Pour ne rien arranger le roi de France décide d’étendre la gabelle (impôt sur le sel) à tout le pays, accablant encore davantage le peuple français qui n’en n’avait pas besoin.

C’est dans cet état de revers permanent où la France est abaissée et démembrée et où le peuple est accablé de misères que survient l’année 1348 qui va apporter un fléau de plus qui aggravera sévèrement les malheurs des Français : la peste noire appelée aussi Grande Peste. Cette pandémie, qui décimera environ 25 millions de personnes en Europe sera particulièrement active de 1347 à 1349. Ces effets furent à ce point désastreux qu’elle obligea même à la conclusion d’une trêve. La peste noire fera des réapparitions répétées durant les cinquante années qui suivirent empêchant le redressement de notre pays déjà au plus mal.

Cette accumulation de malheurs s’additionnant avec l’avènement de dirigeants sans grand sens politique, ni hauteur de vue (Philippe VI, Jean II) vont plonger le pays dans un état de profond désordre. Livrée aux pillards (les grandes compagnies composées d’anciens soldats laissés sans solde), ébranlée par la révolte paysanne menée sous l’égide de Jacques Bonhomme – que l’on nommera Jacquerie – et la fronde du prévôt des marchands, Etienne Marcel, la France ne commencera à se redresser qu’avec l’avènement de Charles V et de son fidèle connétable Bertrand du Guesclin, vainqueur des batailles de Cocherel et Monteil, soit vingt ans après 1348…

Nous qui sommes aujourd’hui contraints de subir, dans le meilleur des cas, un confinement à la maison, sachons méditer, a minima, les leçons de l’Histoire et mettre de côté notre confort, afin de permettre à nos soignants d’endiguer au plus vite cette pandémie qui nous menace et nous touche parfois de manière cruelle. Sachons ne pas oublier que nous demeurons riches d’être membres d’une Nation épargnée depuis longtemps par les ravages de guerres permanentes sur son territoire.

 

Illustration telle que reproduite sur le site >>>  le 2 octobre 1369, dans sa résidence de l’hôtel Saint-Pol, dans le quartier parisien du Marais, le roi Charles V le Sage octroie à Bertrand Du Guesclin le titre de connétable en reconnaissance des services rendus, © https://www.herodote.net/2_octobre_1369-evenement-13691002.php