(Source : Le Monde –  Par Hélène Sallon, Madjid Zerrouky et Allan Kaval ) – En Irak et en Syrie, le groupe Etat islamique bénéficie de la confusion et du désengagement occidental

L’EI a mené un assaut, vendredi, contre des barrages militaires à 100 km au nord de Bagdad. Dimanche, une nouvelle mutinerie a éclaté dans une prison d’Hassaké, tenue par les Forces démocratiques syriennes.
Par son ampleur, l’attaque est sans précédent depuis de longs mois. Vendredi 1er mai, l’organisation Etat islamique (EI) a mené un assaut coordonné contre plusieurs barrages des unités de la Mobilisation populaire (MP) irakienne, une force gouvernementale dominée par les milices chiites, près de Samarra, à 100 kilomètres au nord de Bagdad. (…)

Depuis le début du mois du ramadan, l’Irak est ainsi confronté à une vague d’attaques rarement observée depuis la chute, en 2017, du « califat » autoproclamé dans le pays. Après la perte de ses territoires, le groupe djihadiste avait reconstitué des cellules dans les zones libérées. Quelque 2 500 à 3 000 hommes, selon les estimations, étendent leur ancrage local. Des combattants revenus de Syrie, infiltrés par la frontière poreuse qui court sur plus de 600 kilomètres à travers le désert, sont venus gonfler leurs rangs.

Depuis la fin mars, un regain notable d’activité de ces cellules est observé dans les zones où elles sont les plus ancrées  (…).

« Des attaques plus directes et agressives »

« Il y a un changement qualitatif dans les actions que le groupe mène, avec des attaques plus directes et agressives, certaines étant même menées de jour », analyse Sam Heller, consultant sur les groupes armés pour l’International Crisis Group (ICG). Les attaques, désormais quotidiennes, visent principalement des positions des forces de sécurité dans des zones rurales, parfois des notables locaux, au moyen de pièges explosifs et de tireurs embusqués. En parallèle, l’EI a multiplié les opérations de sabotage contre les infrastructures électriques.

Le groupe a toutefois démontré au cours des derniers jours sa détermination à engager des combats directs, dans un périmètre d’action qui dépasse ses zones de repli traditionnelles. (…)

L’EI exploite les failles du dispositif sécuritaire, qui se sont accentuées avec la paralysie au sommet de l’Etat depuis l’automne 2019 et les tensions entre Washington et Téhéran. L’appui de la coalition anti-EI aux forces irakiennes a été réduit après l’assassinat, à Bagdad, du général iranien Ghassem Soleimani, dans une frappe de drone américaine, le 3 janvier, sous l’effet des pressions des milices et des partis chiites proches de l’Iran.

La pandémie de Covid-19 a entraîné le départ temporaire de milliers de formateurs de la coalition. Les mesures prises contre la propagation du virus, notamment l’imposition du couvre-feu, ont aussi eu pour effet de détourner une partie importante des forces de sécurité irakiennes.

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Photo © un combattant irakien des Forces de mobilisation populaire après l’attaque de l’organisation Etat islamique, à Mukaishefah (Irak), le 3 mai, Ahmad Al-Rubaye, AFP, telle que publiée par ibid