Par Frédéric Lert –  [Note de l’éditeur : alors que le ministre des Armées revient d’un déplacement de plusieurs jours en zone indo-pacifique, nous publions ci-dessous – et en avance de phase sur la parution prochaine du prochain numéro d’Opérationnels SLDS – un extrait de l’article de Frédéric Lert qui revient sur les exercices menés ces derniers mois par l’armée de l’Air et de l’Espace dans cette partie du monde.]

L’AAE est à présent une habituée de la zone Indo-Pacifique. La protection des intérêts français s’y combine avec des partenariats stratégiques de plus en plus étroits avec les pays utilisateurs du Rafale.

Le 27 novembre dernier, le ministre des armées Sébastien Lecornu était à bord de l’INS Vikrant, le nouveau porte-avions de la marine indienne, et il le faisait savoir sur twitter. Une visite spectaculaire qui s’inscrivait non seulement dans le cadre des rencontres annuelles entre ministres de la défense français et indien, mais aussi dans un mouvement plus large d’un rapprochement entre Paris et Delhi. En toile de fond, une lointaine guerre en Ukraine et la volonté de Paris de remplacer la Russie comme partenaire privilégié de l’Inde dans le domaine militaire. Cette politique s’est traduite par une accélération des coopérations en 2022, avec des exercices à l’ambition croissante : IMEX avec l’armée de terre au mois de mars, Varuna pour la marine nationale en mars-avril et en ce qui concerne l’armée de l’Air et de l’Espace et objet de cet article, Garuda en octobre-novembre. Au-delà de l’Inde, la France affiche sa volonté de déployer, au moins une fois par an, un dispositif aérien dans la région Indo-Pacifique pour rappeler se capacité à défendre son territoire et ses ressortissants partout dans le monde. C’était là l’objet de la mission Pégase en direction de l’Australie et de la Nouvelle-Calédonie en août dernier.

Du 10 août au 18 septembre dernier, la mission Pégase 2022 s’est traduite par l’envoi de trois Rafale F3R de la quatrième escadre de chasse (basée à St Dizier) en Nouvelle Calédonie et en Australie. L’AAE avait initialement prévu d’envoyer six avions dans le Pacifique, mais le désengagement du Mali et en particulier l’abandon de la base de Gao, a toutefois pesé sur la disponibilité des moyens logistiques et le détachement de Rafale a été réduit de moitié.

La première phase de la mission, baptisée Opération Henri Brown en hommage à un jeune commando SAS calédonien de la France Libre, a porté sur la phase de projection vers la Nouvelle Calédonie. Sur le modèle de ce qui avait été fait pendant Heifara en 2021, l’objectif était de pouvoir engager les trois avions dans un raid Scalp simulé dans le ciel calédonien, moins de 72 heures après leur départ de France. Trois Rafale, appuyés par deux ravitailleurs Phénix et deux A400M, partirent de France le 10 août pour faire une première escale en Inde, d’où ils repartirent le lendemain matin, en direction cette fois de l’Australie. Le surlendemain est venue la troisième et dernière branche du convoyage, avec cinq heures de vol vers la Nouvelle Calédonie suivies d’une mission Scalp de trois heures, avant que les avions puissent finalement toucher les roues à Nouméa. Il s’agissait alors de la première venue de Rafale sur l’île française. Après quatre jours passés sur place, le dispositif français a redécollé pour Darwin et une participation aux trois semaines de l’exercice Pitch Black. L’AAE connaît bien cet exercice qui a été créé en 1981 : elle y participe régulièrement depuis 2004 et cette première participation avait impliqué des Mirage 2000-5 de Dijon. Seule l’édition de 2020 fut omise pour cause de Covid.

« Il s’agit d’un exercice de niveau perfectionnement, le seul de l’hémisphère sud qui nous permette de nous entraîner au combat haute intensité avec des partenaires peu habituels pour nous, tels les Japonais, les Coréens, les Australiens, les Indonésiens, ou encore les Singapouriens et les Indiens » explique le général Stéphane Groen, chef de la mission Pégase 2022. (…)

Plus récemment, début novembre dernier, ce fut au tour d’un détachement de l’escadron Normandie-Niemen de prendre le chemin de l’Asie dans le cadre de la septième édition l’exercice Garuda VII. (…)

Pendant l’exercice Garuda VII, le général Stéphane Mille, chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace, a fait le déplacement de France pour notamment rencontrer son homologue indien, l’Air Chief Marchal VR Chaudhari. A l’issue d’un vol commun sur la base de Jodhpur (le CEMAAE dans un Sukhoi 30MKI, l’Air Chief Marchal Chaudhari dans un Rafale biplace indien), les deux hommes ont tenu une conférence de presse. (…)

 

Lire cet article dans son intégrité dans notre numéro # 57/58 d’Opérationnels SLDS à paraître prochainement en version papier et bientôt disponible pour nos abonnés en ligne.

 

Photos © Frédéric Lert

 

Voir quelques uns de nos articles antérieurs sur ces sujets :