Drones américains: la maintenance oubliée Murielle Delaporte ([email protected])
Un système de systèmes de maintenance complexe Si l’automation du fonctionnement des drones a été bien pensée et conçue, il est un domaine où la logique n’a pas été poursuivie à son terme, à savoir celui de l’automation de leur entretien. Selon un responsable de la DARPA, l’agence de recherche militaire aux Etats-Unis (« Defense Advanced Research Projects Agency »), il est temps de réfléchir à un « système de systèmes sans intervention humaine » (« unmanned system of systems »)[1]. L’entretien d’un drone s’avère en effet relativement complexe, car il intègre tout un ensemble de systèmes (c’est la raison pour laquelle le Pentagone les appelle plutôt des UAS, pour Unmanned aircraft systems, au lieu de UAV pour Unmanned aerial vehicles), notamment « l’aéronef, le logiciel, la documentation, la station de contrôle au sol et ses ordinateurs, les communications sans fil, etc » (2) : contrairement aux avions classiques, les drones ne peuvent notamment fonctionner sans un soutien informatique sans faille.
Un coût de possession total élevé Pour la DARPA et l’armée de l’air américaine, le coût de formation des pilotes de drones va croissant étant donné une demande en constante augmentation, mais ce qui revient le plus cher est le coût de l’entretien des UAS et l’envoi des maintenanciers sur place : « nous avons totalement échoué en ce qui concerne l’automation de la maintenance, de l’établissement de diagnostics et de pronostics, de l’avitaillement en essence, du chargement des armements, des recalibrages et des réparations »[3]. De fait, le coût du marché mondial des drones a été estimé –maintenance inclue – par le Teal Group à environ 55 milliards de dollars sur la période 2006-2016, contrairement à seulement 13,6 milliards de dollars en raisonnant sur les dépenses d’acquisition uniquement sur une période similaire (2006-2014) [4].
Une filière à créer ? Jusqu’à présent, le MCO (maintien en condition opérationnelle) des drones aux Etats-Unis tend à être externalisé : en ce qui concerne l’entretien de la flotte Reaper et Predator de l’armée de l’air, estimé pour l’année fiscale 2010 à 563,7 millions de dollars, General Atomics Aeronautical Systems Inc. et Battlespace Flight Services LLC assurent 75% du MCO des MQ-1 Predator et MQ-9 Reaper. L’externalisation est dans ce cas une solution estimée plus avantageuse par l’armée de l’air américaine, laquelle souhaite malgré tout conserver et développer une compétence autonome de préservation – et développement – de cœur de métier en la matière : le problème qui s’est posé jusqu’à aujourd’hui est le côté peu attrayant d’une carrière de maintenancier UAS au sein de l’armée de l’air, d’où un va-et-vient de ces derniers entre avions pilotés et UASs : la création d’une filière spécifique est régulièrement évoquée[5].
Vers une automation croissante La vision d’une base totalement autonome est encore lointaine – et pas forçément souhaitable-, mais les recherches vers l’automation des technologies liées au MCO des drones sur une base interarmées sont bien amorcées, ne serait-ce qu’au niveau de l’avitaillement en essence et du chargement de munitions au sol.
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Notes de bas de page & références: [1] Officials : Unmanned Aircraft Automation Vision Must Include Maintenance, Inside the Air Force, Arlington, Virginia, 18 décembre 2009. [2] UAV Maintenance Research Features in Aviation Week’s Overhaul & Maintenance Magazine, 31 mai 2006 (http://humanfactors.arc.nasa.gov/awards_pubs/news_view.php?news_id=35) [3] Officials: Umanned…, ibid. [4] Teal 2008: $55B Global UAV Market Over Next Decade, 4 décembre 2007 (http://www.defenseindustrydaily.com/teal-2008-55b-global-uav-market-over-next-decade-04355/) [5] Michael Hoffman, UAV maintenance going in-house,,Air Force Times, 31 mai 2009 (http://www.airforcetimes.com/news/2009/05/airforce_uav_maintenance_060809w/)