« Parfois brutal, toujours loyal »

Par Sandra Chenu-Godefroy (photos et montage vidéo) et Murielle Delaporte (texte)

23/11/2010 – «Parfois brutal, toujours loyal » est la devise du Groupement blindé de gendarmerie mobile (GBGM), héritier direct du 45ème bataillon de chars de combat de la gendarmerie, lequel organisait le mois dernier un exercice interarmées au Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie de Saint Astier en Périgord. Le thème de Satorex 2010 était l’évacuation, sur un théâtre extérieur, de ressortissants français pris en otage à l’Ambassade de France et la récupération d’autres nationaux éparpillés sur zone.

SLD a eu la chance de suivre pendant 48 heures cet exercice : ce reportage fera l’objet d’un article à paraître dans notre prochain numéro de Soutien Logistique Défense, mais vous est d’ores-et-déjà ici présenté en trois parties distinctes illustrées par une vidéo : cette première partie constitue une introduction au Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie et à l’exercice en lui-même.

Hommage à l’EGM 11/1, EGM 13/1, 123e RI et 31e RG,
Crédit : Sandra Chenu-Godefroy, Saint Astier, 21 et 22 octobre 2010


CNEFG

le CNEFG

Le CNEFG, un centre unique au monde
Centre d’excellence européen, le CNEFG – Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie – existe depuis plus de quarante ans, puisqu’il a été initialement créé au lendemain des évènements de 1968.

Une des particularités de Saint Astier est le caractère interdisciplinaire et interarmées des exercices qui y sont menés avec les pompiers, les forces de police (un exercice avec les CRS a eu lieu pour la première fois en 2009) et les forces armées. L’interarmisation remonte de fait à une dizaine d’années : ainsi que l’explique en effet le Colonel Ivan Noailles, Commandant du Groupement Blindé de Gendarmerie Mobile (GBGM), « la coopération interarmées qui existe actuellement entre la Gendarmerie mobile et l’armée de terre date de 2000 et s’avère l’héritage direct de l’expérience française au Kosovo où nos forces devaient constamment jongler entre maintien de l’ordre (MO) – ou plutôt rétablissement de l’ordre (RO) – et combat et faire face à un nouveau type de missions hybrides. » A ce retour d’expérience s’ajoute celui de notre présence en Afrique : les évènements ivoiriens de 2003 – 2004 servent ainsi régulièrement de base de scenario d’entraînement pour l’exercice SATOREX.

« La coopération interarmées qui existe actuellement entre la Gendarmerie mobile et l’Armée de terre date de 2000 et s’avère l’héritage direct de l’expérience française au Kosovo où nos forces devaient constamment jongler entre maintien de l’ordre (MO) – ou plutôt rétablissement de l’ordre (RO) – et combat, et faire face à un nouveau type de missions hybrides. »


SATOREX, exercice de formation au ROSI ( Rétablissement de l’Ordre en Situation Insurrectionnelle) et étape de qualification
SATOREX 2010 a eu lieu du 18 au 22 octobre derniers au centre de formation de Saint Astier, lequel permet de reconstituer intégralement un théâtre d’opérations en zone urbaine. Cinquième du genre, l’exercice de cette année intégrait deux escadrons de gendarmes mobiles – le 13/1 dans le cadre d’une POPEX (préparation OPEX) et le 11/1 (en cycle normal de formation) – , ainsi que deux unités de l’armée de terre actuellement présentes en Afghanistan tout comme certaines unités de la gendarmerie mobile, à savoir le 126ème Régiment d’Infanterie de Brive et le 31ème Régiment du Génie de Castelsarrasin : au total, deux cent cinquante participants, dont trente deux terriens, et douze véhicules blindés (trois VAB – véhicules de l’avant blindé – et neuf VBRG – véhicules blindés à roue gendarmerie).

L’objectif de l’exercice était double :

1. Former au ROSI des troupes traditionnellement formées au combat et vice-versa ;
2. Finaliser la qualification de certains stagiaires s’effectuant sur une période de trois semaines : dix-sept candidats se présentaient cette année pour devenir chefs de peloton (huit au total) et chefs d’engin sur VAB et VBRG (neuf au total).

Ce type d’exercice a ainsi l’avantage de concentrer sur un lieu géographique et une très courte période le processus de requalification des personnels : « Le GBGM est composé traditionnellement de huit escadrons VBRG basés à Satory, sept maintenant avec la dissolution du 19/1 : depuis quatre ans, tous ont pu être requalifiés à raison de deux par an, et nous entamons un nouveau cycle avec une situation et des menaces actualisées », souligne le Colonel Noailles.


Satorex 2010SATOREX 2010 a aussi permis la qualification de chefs de peloton et de chefs d'engin (VAB et VBRG) 


Le scenario retenu pour cette année reprenait donc un mélange d’évènements auxquels nos forces armées sont susceptibles de se trouver confrontées en OPEX dans le cadre d’une mission d’évacuation de nos ressortissants sur un théâtre déjà en situation dégradée. La vidéo ci-dessus, réalisée sous forme d’hommage aux hommes du GBGM, du 126e RI et du 31e RG, retrace la chronologie des grandes étapes du scenario : si le cadre de ce dernier est bien-sûr pré-établi, son évolution n’est pas statique et dépend de la façon dont les forces et les plastrons (c’est-à-dire les gendarmes jouant le rôle des forces rebelles) réagissent.

L’approche pédagogique diffère de fait selon l’officier commandant l’exercice : celle du Colonel Noailles consiste à interrompre le cours de l’exercice en cas d’erreur de tactique, de façon à ce que les stagiaires, en répétant la manœuvre, puissent mieux intégrer les enseignements acquis sur cette courte période d’entraînement. Ce fut ainsi le cas au cours de l’exercice si une formation s’avèrait mal agencée ou trop à découvert. « Le scenario 2010 est fortement basé sur l’extraction de ressortissants en Côte d’Ivoire, mais y ont été injectés également différents éléments de surprise issus de nos expériences au Kosovo (pression de foule et tirs de mortier), en Afghanistan (Engin explosif improvisé et suicide bomber), etc… Ces scenarii comportent bien-entendu des limites et il est difficile de reconstituer toute la complexité d’un engagement réel – telle que l’imbrication de l’ennemi au sein des populations civiles comme c’est le cas actuellement en Afghanistan – : c’est précisément pour cette raison qu’ils sont joués et rejoués, s’ils ne sont pas réalisés exactement tels qu’il le faudrait », explique-t-il.


Colonel Noailles : "Identifier les points de bascule"

Colonel Noailles : "Identifier les points de bascule"

Identifier les “points de bascule”
Pour le Commandant du Groupement Blindé de Gendarmerie Mobile, l’objectif majeur de cet exercice mixte – au cours duquel « les gendarmes doivent apprendre le combat et les militaires le rétablissement de l’ordre en évitant deux écueils : vouloir faire le travail de l’autre et vouloir faire le travail sans l’autre» – est d’identifier et de comprendre les points de bascule en appréhendant la notion de gradation dans la tactique et l’emploi de la force, car ainsi que le souligne un des instructeurs de l’exercice, l’Adjudant-chef Patrick Jablanscek, « la grande difficulté consiste à faire la transition entre adversaire et ennemi ».

« La grande difficulté consiste à faire la transition entre adversaire et ennemi .»


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Références