L’Ecole de l’air, qui fête aujourd’hui ses 80 ans, se retrouve face à un enjeu de taille : réussir à former les futurs décideurs de l’armée de l’Air aptes à relever les défis qui seront ceux d’une société où accélération du rythme, compression des distances, mutations technologiques et transformation des mentalités collectives façonnent d’ores et déjà un nouveau monde sous nos yeux.
Pour ce faire, les écoles d’officiers de l’armée de l’air (EOAA) doivent répondre à quatre objectifs majeurs :
- s’ouvrir davantage vers la société civile,
- moderniser l’enseignement et le mode de fonctionnement interne des écoles,
- capitaliser sur les compétences acquises par les aviateurs,
- et renforcer la cohésion interne et ce, dès la période de formation initiale.
C’est à prix que l’armée de l’Air pourra, non seulement continuer de compter sur des cadres de qualité, motivés et employés au bon niveau notamment dans le domaine aéronautique et spatial de la défense mais aussi, répondre aux deux objectifs structurants le système éducatif français à savoir : accroître la connaissance propre à générer le progrès et augmenter le partage des connaissances dans un souci humaniste et solidaire. Le présent article résume les principaux enjeux auxquels les EOAA doivent d’ores et déjà faire face pour relever le défi de l’adaptation au changement.
Le passage en école de formation initiale est un moment privilégié qui doit encourager l’autonomie décisionnelle et le sens des responsabilités. A ce titre, une école d’officier doit pouvoir participer de l’éveil des cadres qu’elle a le devoir de former et d’informer. Afin de pouvoir former des officiers capables de s’adapter à la complexité, de décider dans l’incertitude et d’agir dans l’adversité, les EOAA doivent poursuivre la modernisation de leur enseignement notamment en rénovant la pédagogie et en accentuant la diversité des filières de recrutement (ouvertures du recrutement direct notamment aux élèves titulaires d’un master ou diplômé d’un IEP ou d’une école de commerce). En ce sens, la diversification des cursus, si elle ne garantit pas absolument l’ouverture d’esprit et l’adaptation à la diversité des enjeux du monde qui vient, ne peut que participer d’une confrontation de perceptions nécessaire à l’heure de la mondialisation, de la globalisation et de la planétarisation des échanges.
La poursuite de la démarche d’ouverture des EOAA vers le monde de l’enseignement supérieur, de la recherche, de l’industrie et à l’international constitue la seconde nécessité qu’il convient d’encourager ne serait-ce que pour réussir à s’imposer comme une référence et continuer d’attirer les talents. Cela passe notamment par la multiplication des partenariats déjà mis en place avec de nombreux instituts de formation, la promotion de la recherche, la multiplication des échanges avec les académies étrangères. Reste que ces échanges ne doivent pas se faire de manière unilatérale mais bien dans les deux sens. En effet, les EOAA ont un savoir-faire qui doit, lui aussi, faire l’objet d’une « exportation » notamment en ouvrant les formations délivrées dans le domaine de la gestion de crise, du stress et de la maitrise de soi à l’ensemble de la fonction publique et des grandes écoles de notre pays.
Fondamentalement, les EOAA ont un rôle majeur à jouer notamment en termes d’acquisition des connaissances et d’encouragement à poursuivre le développement du capital formation acquis par chaque élève, ceci d’ailleurs quelle que soit la durée de la formation suivie par ce dernier. Paradoxalement, l’individualisation et la responsabilisation dans le parcours de formation participent de l’intérêt collectif, car l’entretien continue de compétences liées à l’action, aux relations humaines et à l’intelligence des situations permet la génération de cadres adaptables, innovants et convaincants, aptes à diriger tout en fédérant.
Cette capacité à coopérer avec son environnement doit être fortement encouragée dès l’intégration au sein des EOAA et doit se traduire dans une transformation des modes d’êtres en interne de l’institution. Autrement dit, l’heure n’est plus à se réclamer de telle ou telle promotion ou de tel ou tel recrutement, petit jeu bien connu et entretenu au sein des écoles de formation des élites françaises, mais bien davantage à intégrer la différence (de statut, de recrutement) au service de la performance globale de l’institution. Ainsi, permettre aux officiers de se réclamer d’une même école, d’un même creuset est fondamental et générera des comportements vertueux dans l’appréciation et l’exploitation de la différence des profils des cadres de demain.
L’armé de l’Air a besoin d’une variété de compétences notamment au niveau de ces cadres qui sont majoritairement des officiers. Cette variété de compétences appelle une variété de profils qui correspond à une variété de recrutements et de cursus. La fédération de cette diversité appelle la mise en œuvre d’un label unique d’origine du type « Ecole de l’air » duquel les jeunes générations pourront se réclamer unanimement ce qui aura pour effet bénéfique de renforcer la cohésion en interne et la visibilité en externe des EOAA. Ce type d’action symbolique est créatrice de confiance, réduit l’asymétrie de l’information et est génératrice de valeurs partagées, ne pas y souscrire revient à s’inscrire à rebours de la marche de l’Histoire.