(Par Murielle Delaporte) – Si Donald Trump a été élu en 2016 au nom de l’anti-establishment et en cassant la logique des partis traditionnels aux Etats-Unis, cette élection de mi-mandat semble recadrer la présidence Trump dans une continuité du système plutôt rassurante à deux égards :

  1. Les résultats de ces élections de mi-parcours ne diffèrent en rien des exercices similaires qu’ont vécu la plupart des administrations précédentes avec un mouvement de balancier naturel permettant le retour prévisible des Démocrates à la Chambre des Représentants : en ce sens l’équilibre des Pouvoirs souhaité par la Constitution – salutaire à bien des égards, même s’il génère régulièrement une certaine paralysie des institutions – est respecté et perdure normalement.
  2. Loin de prôner une « troisième voie » qui lui serait propre, Donald Trump s’est fortement engagé dans la campagne pour maintenir la majorité républicaine au Sénat : pari gagné, puisque cette majorité s’est même étendue et consolide la marge de manœuvre présidentielle, dans la mesure où son appui l’assure du soutien des nouveaux élus. Le GOP s’avère ainsi aujourd’hui davantage rassemblé autour d’un président l’incarnant, ce qui fut loin d’être le cas jusqu’à présent, tandis que d’autres voix – Libertaires ; partisans de Bernie Saunders ; etc. – ont peiné une fois encore à se faire entendre. Le bipartisme traditionnel ne semble donc pas remis en question pour le moment, à moins de l’émergence d’une forte personnalité d’ici 2020, et l’« après-Trump » pourrait s’avérer plus simple que le rejet initial des partis ne le laissait supposer.

L’impact de ces élections est donc assez neutre, puisqu’il est clair que la Chambre pourra bloquer certaines réformes sur le plan intérieur – celle de la sécurité sociale étant notamment le cheval de bataille des Démocrates – (mais comme le faisaient aussi certains Républicains jusqu’à présent). Elle ne pourra cependant pas conduire à une procédure d’ « Impeachment » souhaitée ardemment par nombre de Démocrates, laquelle nécessite les deux-tiers du vote du Sénat et n’aura qu’un faible impact en matière de politique étrangère et de défense.

Le président Trump devrait donc poursuivre sur le plan international une politique qui n’est pas non plus en rupture avec l’héritage historique des Etats-Unis, et que l’on pourrait qualifier de retour à la doctrine de Monroe en matière de politique commerciale et d’immigration et de politique d’endiguement en matière de défense et de sécurité.

 

Ilustration © https://www.societe.com/actualites/a_la_veille_des_midterms_l_economie_americaine_sous_pression-31166.html