(Par Murielle Delaporte ) – Alors que le crash d’un bombardier E-11A dans la province de Ghasni en Afghanistan causait la mort de deux aviateurs de l’USAF le 27 janvier dernier, nombre d’observateurs aux Etats-Unis reviennent sur l’évolution générale du nombre d’accidents/incidents aériens au sein des forces armées américaines.

Pour rappel, l’année 2018 avait enregistré le triste record du nombre le plus important d’accidents aériens dits de Classe A – c’est-à-dire ayant causé la mort ou un dommage de plus de 2 millions de dollars –  (52) et de décès (39 dont 24 en entraînement et 11 en déploiement, mais sans engagement avec l’ennemi) depuis 2013, entraînant une prise de conscience et un certain nombre de mesures visant à inverser une tendance particulièrement préoccupante.

Le type et le nombre d’incidents aériens varient selon les armes – armée de l’Air, Marine / Corps des Marines ou armée de Terre – et les causes sont multiples selon les flottes et leur emploi. Mais les différents rapports d’études mettent tous en avant les conséquences dramatiques de la politique dite de « séquestration » au Congrès qui avait entraîné des réductions budgétaires massives en 2013.

Comme pendant les RGPP en France à partir de 2007, les premières cibles de ces réductions ont affecté le nombre et le niveau de formation des maintenanciers, ainsi que l’approvisionnement en pièces détachées et le niveau de maintien en condition opérationnelle de façon générale.

A cela s’est ajouté un surengagement continu dans des missions à fort tempo opérationnel ne permettant pas aux pilotes de s’entraîner suffisamment et ouvrant la porte à des négligences en matière de procédures.

Le manque de pilotes que connaît le secteur aéronautique militaire et spatial dans son ensemble a également entraîné dans certains cas un raccourcissement des cursus de formation et le déploiement de pilotes moins expérimentés qu’avant 2013.

Parmi les mesures prises pour corriger cette tendance funeste, on peut citer une réinjection de 39,4  milliards de dollars dans le budget militaire de l’année fiscale 2019, ainsi qu’un renforcement des procédures de sécurité ou encore, dans le cas de l’USAF, un recentrage des missions des Aviateurs sur leur cœur de métier, à savoir voler.

Le résultat de ces mesures s’est déjà fait sentir avec une réduction du nombre des incidents aériens de Classe A en 2019 (43 et 13 décès), mais cette tendance vers le mieux est inégale selon les armes : l’USAF est passé de 23 à 15 incidents et de 19 à 2 décès, mais l’USMC  et l’US Army ont au contraire enregistré une augmentation des incidents (respectivement de 6 à 8 et de 11 à 12).

Les militaires américains mettent ainsi en garde les parlementaires pour qu’ils ne pensent pas que la tendance est définitivement inversée et relâchent les efforts actuellement en cours pour limiter ces drames humains.

 

Illustration © Jared  [Source: Defense Department], telle que publiée dans  >>> https://taskandpurpose.com/fatal-aviation-mishaps-have-fallen-to-their-lowest-level-in-5-years

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