(Par Murielle Delaporte) –  Un point sur l’USAMRIID

Comme nombre de pays – France y compris -, les Etats-Unis ont toujours pris au sérieux la menace NRBC – nucléaire, radiologique, biologique, chimique – et s’y sont dans la mesure du possible préparés tant par le biais d’exercices d’entraînement que par celui de la recherche scientifique.

L’institut de recherche médicale sur les maladies infectieuses de l’armée de Terre américaine, l’USAMRIID pour « US Army Medical Research Institute of Infectious Diseases », se prépare à cette éventualité depuis sa création en 1969[1].

A l’exception de la Fièvre Q ou coxiellose, qui fut “weaponisée” dans les années cinquante et dont les stocks furent détruits aux Etats-Unis lors de la signature de la Convention des Nations Unis sur les armes biologiques en 1972, l’objectif de l’USAMRIID est d’être en mesure de détecter et contrer nombre de menaces biologiques par les procédures de protection adéquates et le développement de vaccins.

Concrètement les menaces sur lesquelles travaille le Pentagone depuis des années sont les suivantes :

  • “Anthrax
  • Botulisme
  • Peste
  • Ebola et fièvre hémorragique Marburg 
  • Hantavirus
  • Toxine de ricine
  • Staphylococcal enterotoxin B”

En pratique, les Etats-Unis ont du notamment faire face aux cas suivants :

  • Pendant la guerre de Corée, trois mille soldats américains contractèrent la fièvre hémorragique associée à l’hantavirus, mais il ne fut jamais prouvé qu’il s’agissait d’une arme biologique ;
  • dissémination de l’anthrax par le biais du courier postal dans la foulée des attaques du 11 septembre 2001.

Mais aussi anticiper les risques associés aux menaces suivantes :

  • menace de l’utilisation de la botuline produite par le régime de Saddam Hussein pendant la première guerre du Golfe en 1990 ;
  • “weaponisation” par la Russie des virus Marburg et Ebola[2].

Même si l’arme biologique est heureusement extrêmement difficile à manier en raison de la faible longévité des virus et toxines, la pandémie actuelle – quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir quant à son origine et/ou sa gestion –  nous rappelle à quel point il est facile de paralyser le bon fonctionnement d’une société, et donc de ses forces armées.

Le Théodore Roosevelt actuellement déployé dans l’océan pacifique © Cmdr Damon Loveless, US Navy (tel que publié par www.navytimes.com)

La contamination de trois nouveaux Marins par le Covid-19 (sur environ quatre-vingt-dix détectés à ce jour au sein de l’US Navy) à bord du porte-avion américain Théodore Roosevelt actuellement déployé dans le Pacifique illustre le cauchemar associé aux risques d’émergence d’un nouveau cluster de quelques cinq mille personnels militaires vivant par essence en confinement, même si les mesures d’évacuation et de précaution sont rigoureusement appliquées[3].

Entraînement et préparation militaires face aux risques NRBC permettent cependant aujourd’hui de ne pas se trouver totalement démunis et de demeurer opérationnels face aux autres types de menaces plus conventionnelles qui perdurent.

 

Crédit photo © Staff Sgt. Brian A. Barbour, U.S. Army National Guard, telle que publiée dans military.com

 

Références & notes de bas de page

[1] https://www.usamriid.army.mil/index.htm

[2] https://www.military.com/military-life/6-deadly-viruses-us-army-has-fought-1969.html

[3] https://www.navytimes.com/news/your-navy/2020/03/24/sailors-on-board-carrier-theodore-roosevelt-test-positive-for-covid-19