(Le Figaro ) – La génétique retrace l’épidémie de peste noire au XIVe siècle
Une équipe internationale vient de terminer une vaste étude nous en apprenant plus sur l’origine de cette épidémie apocalyptique qui a causé le décès de 30 à 60 % de la population.
C’était il y a 671 ans. Le 20 août 1348, la peste noire arrivait à Paris (elle y fera de 50.000 à 80.000 morts, un tiers de la population), en provenance de Marseille depuis novembre 1347. Le Moyen Âge a connu nombre d’épidémies, grippe, variole, dysenterie… Mais rien de comparable à ce tsunami sanitaire qui en cinq ans a balayé l’Europe centrale, l’Europe de l’Ouest, celle du Sud et provoquera le décès de 30 à 60 % de la population, soit entre 25 et 50 millions de personnes. À comparer avec les morts de la guerre de Cent Ans (1337-1453), qui ne se comptent «qu’en» milliers sur le siècle. Elle dévastera aussi le Proche et le Moyen-Orient ainsi que le nord de l’Afrique. Une épidémie apocalyptique qui a été la première à être décrite par les historiens du moment.
Mais la responsable de cette maladie, la bactérie Yersinia pestis, ne sera identifiée qu’en 1894 à l’Institut Pasteur, tout comme son vecteur, la puce de rongeur, puis la contagion d’homme à homme. Ce qui fait que son apparition et sa dispersion conservent bien des mystères. D’où est-elle venue? Qui était-elle? Qu’est-elle devenue? Une équipe internationale composée de chercheurs provenant de 18 laboratoires vient de terminer une vaste étude permettant de répondre à certaines de ces questions (travaux publiés dans la revue Nature Communications).
Marqueurs archéologiques
Les investigations ont été menées dans 10 sites archéologiques européens, allant du Tatarstan (750 km à l’est de Moscou) à la Grande-Bretagne en passant par l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne, la France, la Suisse et la Norvège, couvrant une période allant du XIVe au XVIIIe siècle. Sur chaque site, des prélèvements ont été effectués et analysés à la recherche de la terrible bactérie. C’est ainsi que 34 génomes quasiment complets de Yersinia ont pu être reconstitués et comparés. «Nos résultats indiquent qu’il y a eu, lors de cette peste noire, une seule entrée de la bactérie en provenance de l’Est», explique Maria Spyrou, première signataire de l’article, papesse de la paléogénomique de la peste, du Max Planck Institute for the Science of Human History. Ce qui confirme bien ce que les historiens avaient déjà reconstitué: apparition d’une épidémie en Chine vers 1334, puis arrivée dans la ville de Caffa, port génois sur la mer Noire assiégé par les Mongols de la Horde d’or en 1346. Le siège fut levé faute de combattants, mais tel un feu de poudre, la peste sera à Paris deux ans plus tard. (…)
Voir la suite de cet article et l’ensemble de ce dossier très complet réalisé par le Figaro >>> https://amp.lefigaro.fr/story/coronavirus-grippe-espagnole-sras–les-epidemies-les-plus-meurtrieres-de-lhistoire-13098
Illustration © ibid