Par Murielle Delaporte – Alors que les forces spéciales sont de plus en plus sollicitées et doivent se préparer à opérer dans des conditions de plus en plus difficiles et diversifiées, l’armée de l’Air américaine est en train de mettre au point de « nouvelles TTPs (Tactics, Techniques and Procedures) pour l’entraînement de ses jeunes aviateurs », lesquels sont considérés comme des systèmes d’armes humains [1].
Exactement comme tout système d’arme, la regénération des hommes et leur santé sont au cœur de la disponibilité technique opérationnelle des forces (« Readiness » en anglais). Le taux élevé d’attrition de ces dernières années au sein des forces spéciales de l’armée de l’Air a conduit cette dernière à mettre à profit les dernières recherches et technologies disponibles dans le domaine de la mise en condition et préparation opérationnelle tant physique que mentale des hommes.
Il y a vingt ans le même RETEX (retour d’expérience) venu des montagnes afghanes avait durci l’entraînement et notamment conduit à l’insertion de kinésithérapeutes dans les unités, tandis que différentes recherches avaient été menées pour alléger le poids que chaque combattant devait porter (parfois l’équivalent du sien) [2].
Les pistes aujourd’hui s’orientent vers l’exploitation des compétences de « techniciens de la performance humaine » assurant un coaching quasiment sur mesure. Grâce aux nouveaux systèmes de mesures et de détection de paramètres physiques et physiologiques, tels que la dépense d’énergie, le degré de fatigue, le niveau d’hydratation, le sommeil, etc, il est dorénavant possible d’anticiper le risque de blessures et la capacité de récupération par rapport à celles-ci.
Le centre dit « Special Warfare Human Performance Support Group » créé en 2018 sur la base de San Antonio-Lackland au Texas fait état de résultats très encourageants, même s’ils mettent en garde contre le manque de recul ou la nécessité comme toujours de ne pas uniquement se fier aux indicateurs technologiques pouvant induire au contraire un niveau de performance en-deçà du potentiel de capacités réelles.
Une piste en tout cas intéressante afin de mieux cibler et préparer les forces dès le début du processus de recrutement et augmenter le taux de rétention et de fidélisation à terme.
Notes de bas de page
[1] Master Sergeant Blout, cité dans : https://www.nationaldefensemagazine.org/articles/2021/2/9/air-force-enhances-special-warfare-training
[2] Voir notamment sur ce sujet l’évolution du soutien Homme et de l’entraînement des Marines en Afghanistan dans notre numéro # 2 publié en 2012 >>> La protection du Fantassin américain en Afghanistan: le choix de la modularité,
Entretien avec le Lieutenant-Colonel Arthur Pasagian, directeur de programme, Equipement de combat de l’infanterie, Corps des Marines (propos recueillis par Murielle Delaporte) – disponible en ligne >>> https://operationnels.com/produit/operationnels-slds-2-3-sld-2-printemps-ete-2010/
Photo © https://www.popularmechanics.com/military/research/a26256665/air-force-human-performance-lab/
Sources
https://www.popularmechanics.com/military/a26017719/air-force-special-ops/
https://www.facebook.com/SWHPSG/