Par Murielle Delaporte – Après la guerre de l’information et les attaques cyber, les attaques aériennes et les tirs de missiles se sont succédé cette nuit cherchant à anéantir les défenses aériennes ukrainiennes et nombre de sites militaires*.

« Dès la nuit, des frappes russes ont été menées sur tout le territoire ukrainien, et même jusqu’à Lviv à l’extrême ouest du pays, à proximité de la frontière polonaise. Sur Twitter, Rob Lee, doctorant américain spécialiste des questions de défense russe, expliquait qu’il pouvait s’agir de batteries terrestres de missiles Iskander-M déployées en Russie et en Biélorussie, mais aussi de missiles de croisière Kalibr tirés depuis des navires déployés en mer Noire et en mer d’Azov ou de missiles tirés depuis des chasseurs-bombardiers. Les Russes ont pu viser des dépôts de munitions, des centres de commandement, des bases aériennes et des systèmes de défense anti-aérienne en vue de faciliter les opérations terrestres »1, relate Le Figaro ce matin .

Après l’anticipation et notre capacité à exploiter les bonnes informations pour une connaissance de la situation (SA pour « Situational Awareness ») la plus précise possible, après la « guerre de l’info », les premières leçons déjà apprises de ce début de conflit pour essayer de désescalader – de « gagner la guerre avant la guerre » comme le veut la stratégie militaire française définie par le chef d’etat-major, et en cas d’échec, de gagner la guerre – sont la nécessité de renforcer :

  1. Nos défenses en matière de cyber-attaques et d’intensifier le durcissement de nos infrastructures critiques comme au plus fort de la Guerre froide.
  2. Nos défenses anti-aériennes et protection anti-missiles.
  3. Accélérer la révision de nos politiques de stocks de munitions et de missiles afin de ne pas nous trouver en situation d’attrition au bout de quelques jours de combat en haute intensité.

Ce dernier point serait, d’après certains experts, un des points faibles de l’armée russe, d’où l’importance de contrer la menace dès les premières heures de combat.

Les forces armées ukrainiennes disposent, quant à eux, de très peu de stocks de systèmes anti-aériens, soulignait le général Breedlove, ancien SACEUR de 2013 à 2016 , hier dans un article d’Airforcetimes.

« Le stock de missiles anti-aériens de l’Ukraine est largement obsolète (…). Les pays étrangers ont fourni des missiles Stinger pouvant mettre au sol des aéronefs, mais qui sont typiquement seulement utiles contre les hélicoptères et certains drones. Ce qui ne résoud qu’une petite partie du problème de la puissance aérienne (…) »2 .

Il y a de fortes chances que ces derniers aient déjà été en grande partie détruits cette nuit…

 

* Cette brève est la seconde d’une série cherchant à mettre en avant certains retours d’expérience quasi-instantanés apparaissant au fil de cette crise et qui démontrent la difficulté de désescalader, lorsque les tensions s’installent en conflits, dans l’environnement hybride que nous connaissons aujourd’hui.

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Notes de bas de page

1 https://www.lefigaro.fr/international/guerre-en-ukraine-la-carte-pour-suivre-la-situation-militaire-20220224

2 https://www.airforcetimes.com/news/your-air-force/2022/02/19/us-air-force-would-face-tough-choices-in-russian-air-assault-on-ukraine/

En images >>> https://www.rferl.org/a/putin-ukraine-military-operation/31719680.html

Illustration © Silent_GOS