Par Linda Verhaeghe – En 2021, un rapport de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, portant sur la question des drones au sein des forces armées, mettait de nouveau en exergue le retard capacitaire de la France en la matière, d’autant plus problématique au regard à leur utilité stratégique vis-à-vis des perspectives d’un retour des conflits de haute intensité. C’est d’ailleurs l’un des retours d’expérience majeur du conflit en Ukraine.
Face à ce constat, le rapport pointait spécifiquement du doigt la nécessité, non seulement de livrer rapidement aux armées les capacités qui lui font défaut – dont en particulier des Systèmes de drones tactiques (SDT) de renseignement de type Patroller, développés par Safran, et des systèmes de micro-drones « low cost » moins élaborés et donc aussi moins coûteux -, mais également de ne pas perdre de temps sur une autre question déterminante : celle de l’armement de ces systèmes pour le traitement de cibles.
Quelques mois ans après l’élaboration et la publication de ce rapport, le ministère des Armées a ainsi annoncé, au printemps dernier, un certains nombre de projets autour de la conception et de l’utilisation de drones à munitions téléopérées (parfois surnommés « drones kamikazes »). Cela, à l’image du programme Sky Carrier mis au point par la Section technique de l’armée de Terre (Stat), en collaboration avec la société Milton, pour le développement d’un « drone bombardier » multirotor (doté de plusieurs hélices), capable de transporter une charge explosive jusqu’à 35kg et de larguer 20 grenades de 40mm sur 10km de distance.
Sous égide de l’Agence de l’innovation de Défense (AID), deux autres programmes ont été confiés respectivement à un premier consortium formé autour de Nexter, et à un second réunissant MBDA et Novadem : soit Larinae, système qui disposera d’une autonomie de vol d’environ 60 minutes pour une portée pouvant aller jusqu’à 50km, ainsi que Colibri, qui disposera quant à lui d’une portée d’environ 5km (pour un coût situé autour de 20 000 euros).
Photo : Patroller