Source : Cour des Comptes – Le Service de santé des armées (SSA), une capacité à consolider – Extrait de la synthèse introductive au rapport publié en juin 2023
“Après une décennie marquée à la fois par d’importantes réductions de moyens, dont l’emblématique fermeture de l’hôpital du Val de Grâce, et des réformes majeures, dont l’ouverture vers l’offre de soins de service public des hôpitaux militaires dans le cadre du plan stratégique SSA 2020, le SSA doit faire face aujourd’hui à des besoins croissants des armées, dans un contexte de remontée en puissance des forces et de préparation à un engagement majeur. Il possède de nombreux atouts pour relever ce défi : la qualité et l’engagement de ses personnels, une Ambition stratégique SSA 2030 qui donne clairement la priorité aux missions militaires. Il bénéficie surtout de la cohérence de ses capacités avec une offre de soins complète, à travers ses cinq composantes : médecine des forces, médecine hospitalière, ravitaillement médical, recherche et formation, qui lui confèrent une autonomie d’action, contrairement au Royaume-Uni, qui a fait un choix totalement opposé.
Cependant de toutes ces composantes, la médecine hospitalière est celle qui présente aujourd’hui le plus de difficultés nécessitant d’être résolues. L’indispensable complémentarité entre les hôpitaux militaires et le système de santé civil doit être renforcée pour garantir au SSA d’assurer ses missions de soutien médical des forces. Pendant cette décennie de restructurations, le Service de santé des armées a continué à assurer ses missions sans rupture du soutien s’agissant aussi bien de la médecine des forces que de la médecine hospitalière. Pour autant, dans l’hypothèse d’une engagement majeur, le service ne pourra honorer son contrat opérationnel au profit des forces que s’il parvient à renforcer la complémentarité de sa composante hospitalière avec le système de santé civil. En effet, les hôpitaux d’instruction des armées (HIA) ne peuvent accueillir que 48 équipes chirurgicales, alors qu’il en faudrait 65, à l’horizon 2025, pour répondre aux besoins militaires. Or, les partenariats recherchés avec les hôpitaux civils qui ont permis l’insertion de cinq équipes chirurgicales au premier semestre 2022 ont montré leurs limites comme en témoignent la rupture du partenariat à Lyon qui a entraîné la transformation de l’hôpital Desgenettes en antenne hospitalière en 2022 ou encore, lors de la crise sanitaire de Covid-19 les difficultés à récupérer les équipes insérées avec un court préavis pour les affecter aux missions du SSA. (…)
[Avec] seulement 1 480 lits en 2021, c’est-à-dire un nombre de lits globalement équivalent à celui d’un centre hospitalier civil de taille moyenne, il apparaît que, dans un contexte d’engagement majeur, les hôpitaux militaires auront besoin de s’appuyer sur les hôpitaux civils, en cas de rapatriement massif de blessés militaires en métropole. C’est donc une composante hospitalière affaiblie qui doit à présent se transformer dans le cadre de l’Ambition stratégique SSA 2030 , l’objectif étant de parvenir à densifier les cinq hôpitaux militaires qui subsistent, afin que ceux-ci puissent mieux répondre aux besoins militaires d’un engagement de haute intensité. (…)
Le Service de santé des armées connaît des difficultés importantes en matière de ressources humaines. (…) Ainsi, entre 2018 et 2022, les candidatures à l’École de santé des armées ont diminué de 12 %, les candidatures à l’École du personnel paramédical des armées ayant baissé de 54 % durant la même période – cette tendance étant sans doute pour partie imputable à l’augmentation des
places offertes dans le système de santé civil sur la même période. L’on n’en doit pas moins noter qu’en sus de cette évolution, l’École de santé des armées a connu, sur les dernières promotions, un taux d’attrition en cours de scolarité de 30 % à 40 % de ses étudiants. (…) ”
Lire le rapport en version PDF >>> RAPPORT COUR DES COMPTES SUR LE SERVICE DE SANTE DES ARMEES 2023
Source >>> https://www.ccomptes.fr/fr/publications/le-service-de-sante-des-armees-une-capacite-consolider
Photo © ECPAD (https://www.defense.gouv.fr/sante/nos-missions/medecine-proximite/medecine-hospitaliere)
